Ce chapitre interroge un temps court, celui des quatre années qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale. Bien que brève, cette période est un moment décisif de l’histoire contemporaine, amorce d’« une césure capitale dans l’histoire de l’humanité » (M. Vaïsse) : l’entrée dans l’ère des superpuissances.
Une notion à définir: la notion d’ordre mondial = Pris dans le sens des politologues, ce vocable désigne un ensemble plus ou moins cohérent, plus ou moins stable, de principes, de règles et de pratiques qui régissent et régulent les relations internationales.
Selon Ph. Moreau Defarges, l’ordre mondial s’articule autour de trois éléments qui se combinent:
. un ensemble de références et de valeurs
. une configuration acceptée de positions et de rapports de forces, qui donne à certains le pouvoir de commander et à d’autres celui d’obéir.
. le besoin d’institutions
Selon Ph. Moreau Defarges, l’ordre mondial s’articule autour de trois éléments qui se combinent:
. un ensemble de références et de valeurs
. une configuration acceptée de positions et de rapports de forces, qui donne à certains le pouvoir de commander et à d’autres celui d’obéir.
. le besoin d’institutions
. Sur quelles bases se fonde le nouvel ordre mondial établi par les vainqueurs dans les années d’immédiat après-guerre ?
. Quelles en sont les limites ?
. Quelles en sont les limites ?
I- Le monde en 1945 : l’espoir d’un
nouvel ordre international
nouvel ordre international
→ Comment reconstruire un nouvel ordre international après le conflit ?
A. Un monde meurtri par six années de conflit
"Qu'on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d'Hiroshima et par l'effet de l'intimidation, nous nous en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d'une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d'une véritable société internationale, où les grandes puissances n'auront pas de droits supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l'intelligence humaine, ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État.
Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison."
Albert Camus
Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison."
Albert Camus
Pour cette semaine: télécharger le cours ci dessous....le lire en prenant le temps de
regarder les documents. Puis poursuivre le cours en prise de note jusqu'au II) de nouvelles tensions
|
B. Un nouvel ordre politique
• Instituer une justice pénale internationale :
Le procès de Nuremberg (20 nov 1945 / 1er oct 1946) est une étape essentielle de la remise en ordre internationale d’après-guerre. Les Alliés ont fait en sorte qu’il réponde à tous les critères de légitimité juridique. Le procès est largement médiatisé, et les accusés ont tous droit à un avocat (photo ci dessous).Le procès se tient selon les normes du droit américain : on produit des preuves, des témoins. Il ne s’agit pas d’un jugement arbitraire : plusieurs accusés seront acquittés.
La charte du Tribunal militaire international définit de nouvelles incriminations [doc. 2]. Les Alliés promeuvent ainsi un modèle de justice internationale fondé sur les valeurs démocratiques niées par l’Allemagne nazie [doc ci dessus). |
Intenté par les forces alliées contre vingt-quatre hauts responsables nazis, le procès de Nuremberg se tient du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946. Il est placé sous l’autorité du Tribunal militaire international instauré par les accords de Londres du 8 août 1945 et composé de quatre juges, quatre procureurs et quatre assesseurs soviétiques, français, américains et britanniques.
Pendant plus de dix mois, les accusés comparaissent pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le procès est massivement couvert par la presse internationale (plus de quatre cents journalistes sont présents), et même filmé par le réalisateur américain John Ford. « Le banc des accusés au procès de Nuremberg » appartient aux innombrables photographies prises à cette occasion. Très largement diffusées, elles ancrent dans les représentations et les consciences l’image d’une justice légitime en acte et celle, corollaire, du châtiment des vaincus.
La photographie montre aussi au monde entier une justice en marche, qui suit son cours et sait respecter les procédures légales. Procès exceptionnel (notamment parce qu’il était filmé et photographié en permanence), Nuremberg reste cependant dans le cadre de la normalité juridique. Loin de la vengeance, à l’opposé de la barbarie qu’elle juge, une telle justice ne violente pas les accusés.. Au-delà de leur fonction documentaire, les images du procès possèdent toutefois une valeur accusatrice. Il s’agit bien de montrer au monde des criminels, leurs crimes et leur punition. Sereine et humaine, la justice est aussi implacable, comme le rappelle la présence des militaires à l’arrière-plan.
Pendant plus de dix mois, les accusés comparaissent pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le procès est massivement couvert par la presse internationale (plus de quatre cents journalistes sont présents), et même filmé par le réalisateur américain John Ford. « Le banc des accusés au procès de Nuremberg » appartient aux innombrables photographies prises à cette occasion. Très largement diffusées, elles ancrent dans les représentations et les consciences l’image d’une justice légitime en acte et celle, corollaire, du châtiment des vaincus.
La photographie montre aussi au monde entier une justice en marche, qui suit son cours et sait respecter les procédures légales. Procès exceptionnel (notamment parce qu’il était filmé et photographié en permanence), Nuremberg reste cependant dans le cadre de la normalité juridique. Loin de la vengeance, à l’opposé de la barbarie qu’elle juge, une telle justice ne violente pas les accusés.. Au-delà de leur fonction documentaire, les images du procès possèdent toutefois une valeur accusatrice. Il s’agit bien de montrer au monde des criminels, leurs crimes et leur punition. Sereine et humaine, la justice est aussi implacable, comme le rappelle la présence des militaires à l’arrière-plan.
Les Alliés ont conçu le procès de Tokyo comme le strict parallèle du procès de Nuremberg. Les mêmes procédures sont suivies et le procès est largement médiatisé. Néanmoins, ce procès suscite plus de remous. Les actes d’accusation contre les inculpés apparaissent mal fondés à bon nombre d’observateurs. En outre, sur décision de Macarthur, qui souhaite ménager le Japon pour l’arrimer au camp américain, l’empereur est épargné par le procès.
• Organiser le monde de l’après-guerre
le nouvel ordre géopolitique international est programmé au cours des grandes conférences interalliées.
Si l’avenir du Japon est pratiquement du seul ressort des Etats-Unis, celui de l’Allemagne est discuté au
cours des conférences de Yalta en Crimée (4-11 février 1945), et de Potsdam à proximité de Berlin( 17 juillet – 2 août 1945), entre les Etats-Unis, l’URSS et le Royaume-Uni.
En théorie, les États européens qui n’ont pas participé à la guerre aux côtés de l’Allemagne doivent retrouver leur pleine souveraineté et pouvoir organiser des élections libres.
Si l’avenir du Japon est pratiquement du seul ressort des Etats-Unis, celui de l’Allemagne est discuté au
cours des conférences de Yalta en Crimée (4-11 février 1945), et de Potsdam à proximité de Berlin( 17 juillet – 2 août 1945), entre les Etats-Unis, l’URSS et le Royaume-Uni.
En théorie, les États européens qui n’ont pas participé à la guerre aux côtés de l’Allemagne doivent retrouver leur pleine souveraineté et pouvoir organiser des élections libres.
L’Allemagne perd toute souveraineté et est occupée par les quatre puissances que sont les Etats-Unis, l’URSS, le Royaume- Uni et la France (adjointe sur la demande du Royaume-Uni et en raison de l’importance numérique de ses troupes) ; l’ancienne capitale allemande, Berlin, est divisée de la même façon.
Pour gérer conjointement l’Allemagne, les Alliés créent un Conseil de Contrôle interallié qui siège à Berlin et qui doit notamment s’occuper de la dénazification que chaque pays met en place dans sa zone d’occupation. Le Japon est occupé par les Etats-Unis et perd lui aussi sa souveraineté. |
Peut-on parler d’un partage du monde, ou tout du moins de l’Europe, entre les Etats-Unis et l’URSS
lors de la Conférence de Yalta?
La coupure ultérieure de l’Europe en deux camps procède directement de l’avancée des troupes au moment de la conclusion de l’armistice du 8 mai 1945. L’Italie, l’ouest de l’Allemagne et de l’Autriche sont occupées par les troupes américaines, britanniques et françaises, tandis que l’est de l’Europe est occupé par les troupes soviétiques. Seule l’Europe du Sud-Est échappe à un règlement durable : la Yougoslavie parce que les forces communistes locales ont pris le pouvoir de façon plus autonomes qu’ailleurs et la Grèce qui est livrée à une guerre civile entre les anciens résistants royalistes et communistes.
lors de la Conférence de Yalta?
La coupure ultérieure de l’Europe en deux camps procède directement de l’avancée des troupes au moment de la conclusion de l’armistice du 8 mai 1945. L’Italie, l’ouest de l’Allemagne et de l’Autriche sont occupées par les troupes américaines, britanniques et françaises, tandis que l’est de l’Europe est occupé par les troupes soviétiques. Seule l’Europe du Sud-Est échappe à un règlement durable : la Yougoslavie parce que les forces communistes locales ont pris le pouvoir de façon plus autonomes qu’ailleurs et la Grèce qui est livrée à une guerre civile entre les anciens résistants royalistes et communistes.
Rapidement, les Soviétiques procèdent au remodelage des frontières est-européennes, déplaçant les frontières de l’URSS vers l’ouest, ce qui entraîne le processus équivalent de la part de la Pologne à l’égard de l’Allemagne. Ces modifications frontalières s’accompagnent du déplacement forcé de millions de personnes. Dans les États qu’elle contrôle, l’URSS procède au pillage des ressources et des activités économiques. Dès 1945, dans un télégramme au président américain Harry Truman, Winston Churchill avertit du contrôle total et unilatéral que l’URSS exerce sur les territoires qu’elle occupe. |
• Assurer la paix et la sécurité collective, défendre les Droits de l’Homme
Depuis la rédaction de la Charte de l’Atlantique en 1941, les Etats-Unis se veulent les promoteurs d’un nouvel ordre international. Ils sont à l’origine de la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui voit le jour lors de la Conférence de San Francisco en juin 1945.
Pour rendre l’ONU plus efficace que l’organisation précédente, la Société des Nations (SDN), ses
promoteurs ont doublé l’Assemblée générale, qui comprend tous les États membres mais dont les votes n’ont aucun caractère obligatoire, d’un Conseil de sécurité, dont les résolutions sont, elles, obligatoires ; cependant, pour ne pas contraindre l’ONU à l’inaction et au ridicule face à la mauvaise volonté d’une puissance, cinq d’entre elles (les États-Unis, l’URSS, le Royaume-Uni, la France et la Chine) ont reçu un droit de veto leur permettant de bloquer ainsi toute décision qui n’irait pas dans le sens de leur politique. C’est donc le Conseil de sécurité, composé de onze membres, dont les cinq États permanents, qui est en charge de garantir la paix et la sécurité collective par l’envoi de forces de maintien de la paix, la décision de sanctions ou encore la médiation… |
Le projet des Nations Unies repose sur trois objectifs principaux :
- Maintenir la paix et la sécurité dans le monde
Promouvoir et défendre les droits de l’homme
En développant des relations amicales entre les États, fondées sur le respect du principe de l’égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes il est possible de défendre les droits de l’homme. L’état de droit et les droits de l’homme sont les deux facettes d’un même principe : le droit de vivre dans la dignité. Les États membres sont pleinement conscients de cette relation depuis l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, selon laquelle « il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression ». |
Développer la coopération internationale
L’un des principaux objectifs de l’ONU consiste à résoudre les problèmes internationaux d’ordre économique, social, intellectuel et humanitaire. En ce sens, l’élimination de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des peuples du monde entier sont indispensables pour établir une paix durable dans le monde. L’ONU élabore des programmes dans des domaines tels que le développement durable, l’autonomisation des femmes, le respect des droits de l’homme, la protection de l’environnement et la bonne gouvernance qui reposent sur une coopération internationale.
L’un des principaux objectifs de l’ONU consiste à résoudre les problèmes internationaux d’ordre économique, social, intellectuel et humanitaire. En ce sens, l’élimination de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des peuples du monde entier sont indispensables pour établir une paix durable dans le monde. L’ONU élabore des programmes dans des domaines tels que le développement durable, l’autonomisation des femmes, le respect des droits de l’homme, la protection de l’environnement et la bonne gouvernance qui reposent sur une coopération internationale.
C. Un nouvel ordre économique et social
C’est pour remédier aux désordres de l’entre-deux-guerres que les États-Unis, forts de leur domination
économique, provoquent en 1944 la convocation d’une conférence économique et monétaire
internationale sur leur sol, à Bretton Woods (1er-22 juillet 1944), pour essayer de construire une
gouvernance économique mondiale.
Alors que la Seconde Guerre mondiale n’est pas terminée, les représentants de 44 pays se réunissent
à Bretton Woods, aux États-Unis, pour définir un nouveau système monétaire international (SMI).
Après des débats entre John Maynard Keynes, à la tête de la délégation britannique, et Harry Dexter
White, secrétaire américain au Trésor, la Conférence opte pour le Gold Exchange Standard, avec un
taux de change fixe : les devises clés sont convertibles en or, mais dans les faits, seul le dollar est
considéré comme une devise clé ; les autres monnaies sont donc convertibles en dollars. La confiance
dans le dollar est alors absolue (le dollar est considéré comme « as good as gold ») ; l’essentiel des
règlements internationaux sont libellés en dollars, la monnaie américaine supplantant la monnaie
britannique. Même s’il n’y a pas eu de création d’une monnaie internationale, le dollar joue ce rôle
dans les faits.
La conséquence du nouveau SMI est d’une part l’instauration, lors de la Conférence de Bretton
Woods, du Fonds monétaire international (FMI), chargé de gérer les dépôts des pays membres,
versés en or pour 25 % et en monnaie nationale pour le reste. Chaque quote-part est à la fois un dépôt
et un droit de tirage. Le FMI peut donc accorder des crédits aux pays membres, mais aux conditions
du FMI s’ils dépassent 25 % des dépôts des pays emprunteurs. En fait, le but du FMI est d’empêcher
que ne se reproduisent les « comportements monétaires non coopératifs » qui avaient prévalu dans
l’entre-deux-guerres, à savoir les dévaluations compétitives et les contraintes réglementaires.
Mais il s’agissait aussi de permettre à un pays d’emprunter pour éviter une récession, qui se serait
étendue aux autres pays. D’autre part, la Conférence de Bretton Woods voit la création de la Banque
internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) (devenue la Banque mondiale), qui
reçoit la charge de financer des investissements.
La Conférence de Bretton Woods et la création du FMI et de la BIRD résultent de la volonté des
États-Unis d’instaurer une libéralisation des échanges. Leurs motifs sont à la fois politiques et
économiques : le libre-échange doit permettre la paix entre les nations qui commercent entre elles
et doit aussi permettre une répartition optimale des ressources mondiales. Pour y parvenir, le GATT
(General Agreement on Tariffs and Trade soit Accord Général sur les Tarifs douaniers et le Commerce),
fondé à Genève en octobre 1947, est la solution retenue après que le Congrès des États-Unis a rejeté
l’instauration d’une Organisation mondiale du commerce. Le but du GATT est de parvenir, par des
cycles de négociation (les « rounds »), à l’abaissement des tarifs douaniers et à la suppression des
contingentements. Mais, dès leur origine, les grandes institutions servent surtout les intérêts
des pays riches. Les États-Unis, qui fournissent les principales contributions financières de ces
institutions, entendent en retirer les bénéfices les plus notables. La conditionnalité des prêts aux pays
riches est ainsi bien moindre qu’à l’égard des pays pauvres.
économique, provoquent en 1944 la convocation d’une conférence économique et monétaire
internationale sur leur sol, à Bretton Woods (1er-22 juillet 1944), pour essayer de construire une
gouvernance économique mondiale.
Alors que la Seconde Guerre mondiale n’est pas terminée, les représentants de 44 pays se réunissent
à Bretton Woods, aux États-Unis, pour définir un nouveau système monétaire international (SMI).
Après des débats entre John Maynard Keynes, à la tête de la délégation britannique, et Harry Dexter
White, secrétaire américain au Trésor, la Conférence opte pour le Gold Exchange Standard, avec un
taux de change fixe : les devises clés sont convertibles en or, mais dans les faits, seul le dollar est
considéré comme une devise clé ; les autres monnaies sont donc convertibles en dollars. La confiance
dans le dollar est alors absolue (le dollar est considéré comme « as good as gold ») ; l’essentiel des
règlements internationaux sont libellés en dollars, la monnaie américaine supplantant la monnaie
britannique. Même s’il n’y a pas eu de création d’une monnaie internationale, le dollar joue ce rôle
dans les faits.
La conséquence du nouveau SMI est d’une part l’instauration, lors de la Conférence de Bretton
Woods, du Fonds monétaire international (FMI), chargé de gérer les dépôts des pays membres,
versés en or pour 25 % et en monnaie nationale pour le reste. Chaque quote-part est à la fois un dépôt
et un droit de tirage. Le FMI peut donc accorder des crédits aux pays membres, mais aux conditions
du FMI s’ils dépassent 25 % des dépôts des pays emprunteurs. En fait, le but du FMI est d’empêcher
que ne se reproduisent les « comportements monétaires non coopératifs » qui avaient prévalu dans
l’entre-deux-guerres, à savoir les dévaluations compétitives et les contraintes réglementaires.
Mais il s’agissait aussi de permettre à un pays d’emprunter pour éviter une récession, qui se serait
étendue aux autres pays. D’autre part, la Conférence de Bretton Woods voit la création de la Banque
internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) (devenue la Banque mondiale), qui
reçoit la charge de financer des investissements.
La Conférence de Bretton Woods et la création du FMI et de la BIRD résultent de la volonté des
États-Unis d’instaurer une libéralisation des échanges. Leurs motifs sont à la fois politiques et
économiques : le libre-échange doit permettre la paix entre les nations qui commercent entre elles
et doit aussi permettre une répartition optimale des ressources mondiales. Pour y parvenir, le GATT
(General Agreement on Tariffs and Trade soit Accord Général sur les Tarifs douaniers et le Commerce),
fondé à Genève en octobre 1947, est la solution retenue après que le Congrès des États-Unis a rejeté
l’instauration d’une Organisation mondiale du commerce. Le but du GATT est de parvenir, par des
cycles de négociation (les « rounds »), à l’abaissement des tarifs douaniers et à la suppression des
contingentements. Mais, dès leur origine, les grandes institutions servent surtout les intérêts
des pays riches. Les États-Unis, qui fournissent les principales contributions financières de ces
institutions, entendent en retirer les bénéfices les plus notables. La conditionnalité des prêts aux pays
riches est ainsi bien moindre qu’à l’égard des pays pauvres.
. Protéger des aléas de la vie
Les pays d’Europe de l’Ouest comme le Royaume-Uni, la France ou la Belgique choisissent ce moment pour renforcer la solidarité au sein de leur société en jetant les bases de ce que l’on a appelé l’État providence. Dès 1942, au Royaume-Uni, le rapport Beveridge propose de nouvelles modalités d’intervention de l’État pour l’après-guerre, reprises à son compte par le Parti travailliste qui remporte les élections de juillet 1945. En quelques mois, l’État britannique construit un système unifié de santé gratuite, le National Health Service, un régime d’allocations familiales, ainsi qu’un système de protection des travailleurs fondé sur une retraite, des allocations chômage et des congés de maladie… |
Dans le domaine économique, le CNR estime que l’État doit être le garant des intérêts économiques collectifs « par le retour à la nation des grands moyens de production ». Le CNR entend également mettre en œuvre une « démocratie économique », ce qui signifie supprimer les monopoles privés mais aussi donner plus de droits aux salariés dans la gestion des entreprises. Le programme du CNR appelle, dans un passage coupé ici à un renforcement « d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ». Dans le domaine social, le CNR pose un droit nouveau en garantissant « la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine » des individus à l’abri des aléas de la vie (maladie, vieillesse…). Le CNR entend finalement parachever l’œuvre de la Révolution française et de la République : instaurer une république démocratique et sociale |
En France, dès les ordonnances du 4 et 19 octobre 1945, l’État s’inspire des mesures prises par le régime de Vichy et le programme du Conseil national de la Résistance pour construire un système
global de Sécurité sociale destiné à couvrir l’ensemble des salariés : couverture des soins de santé, financement d’un régime de retraite (même si les régimes de retraite préexistants sont maintenus), systèmes d’allocations familiales… Le financement de ce système est paritaire, issu des prélèvements obligatoires sur les salaires et des cotisations patronales, et donc géré par les organisations syndicales des patrons et des salariés. L’extension de la protection aux non-salariés est prévue dès 1948 mais ne se met véritablement en place que dans les années 1960. |
Dans le domaine économique, la mise œuvre du programme du CNR se traduit par la nationalisation des secteurs de base (énergie), des transports et du crédit (banques).
La naissance de l’État-providence est le fruit d’un consensus entre les principales forces politiques de la Libération, et principalement à gauche la SFIO et le parti communiste. Mais on peut ajouter que les autres courants y sont également favorables. La démocratie chrétienne qu’in-carne le MRP proclame elle aussi le droit de l’État à promouvoir une législation du travail. De son côté, De Gaulle entend donner à l’État un rôle d’orientation de l’économie pour la moderniser et assurer la puissance de la France, sans remettre en cause l’initiative privée.
La naissance de l’État-providence est le fruit d’un consensus entre les principales forces politiques de la Libération, et principalement à gauche la SFIO et le parti communiste. Mais on peut ajouter que les autres courants y sont également favorables. La démocratie chrétienne qu’in-carne le MRP proclame elle aussi le droit de l’État à promouvoir une législation du travail. De son côté, De Gaulle entend donner à l’État un rôle d’orientation de l’économie pour la moderniser et assurer la puissance de la France, sans remettre en cause l’initiative privée.
II- De nouvelles tensions (1945 / 1949)
A. La fracturation de la "Grande Alliance": les prémices de la guerre froide
En dépit des espoirs de paix incarnés par l’ONU, l’illusion du maintien de l’entente entre des vainqueurs
aux systèmes politique et économique opposés disparaît rapidement.
Ainsi, après plusieurs mois de tensions latentes au cours desquels les Occidentaux ont bien conscience de l’incompatibilité des idéologies, les « déclarations » de guerre froide au cours de l’année 1947 marque une rupture définitive.
aux systèmes politique et économique opposés disparaît rapidement.
Ainsi, après plusieurs mois de tensions latentes au cours desquels les Occidentaux ont bien conscience de l’incompatibilité des idéologies, les « déclarations » de guerre froide au cours de l’année 1947 marque une rupture définitive.
.L’affiche soviétique de 1949 dénonce les intentions politiques inavouées du plan Marshall, qui utilise l’aide économique pour combattre le communisme. Cette interprétation est confirmée par la doctrine Truman, qui pense le plan Marshall comme un instrument de la politique d’endiguement. La partie droite de l’affiche illustre l’idée que les peuples ne sont pas dupes et ne souhaitent pas être soumis à l’influence américaine. Le peuple est ici représenté par le prolétaire qui, à lui seul, incarne les opprimés. Il est figuré dans un rapport inversé puisqu’il se dresse contre la caricature du patron et le surplombe de toute son assurance. Le premier drapeau est écrit en français pour signifier que le parti communiste d’un pays pourtant allié des Etats-Unis participe à ce combat des peuples contre ce qui est présenté comme l’impérialisme agressif américain. De fait, l’URSS a contraint tous les pays d’Europe de l’Est à refuser le plan Marshall.
B. De nouveaux foyers de tensions
Visionner la vidéo sur la création de l'Etat d'Israël...et ses conséquences
Habitants de Tel Aviv au marché Carmel, se mettant à l'abri de snipers arabes qui tirent du haut du minaret de la mosquée Hassan Bek de Jaffa
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