l’instauration du suffrage universel masculin en 1848 ne suffit pas à trancher la question du régime politique ouverte depuis 1789. La République qui se met en place après la Révolution de 1848 repose sur des idéaux romantiques. Rapidement, la République idéalisée fait place à une République pragmatique qui devient autoritaire. La fraternité ne tient pas face aux contradictions des Français et à l’instauration d’un pouvoir de plus en plus autoritaire répondant au besoin d’Ordre réclamé par une partie de la population.
l’acceptation de la logique représentative de la démocratie par les Français est un des enjeux majeurs de leur politisation et de leur adhésion au projet républicain. La période 1848 / 1870 une période de "transition démocratique".
Comment les idéaux démocratiques issus de 1789, mis en avant en février 1848 évoluent-ils jusqu’en 1870 ?
I. La seconde République (1848 1852)
a) 1848: un élan démocratique rapidement entravé
Félix Philippoteaux, Lamartine refusant le drapeau rouge devant l’Hôtel de ville, v. 1848, huile sur toile, 298 x 629 cm, musée du Petit Palais, Paris.
Le Gouvernement provisoire du 24 février 1848, lithographie d'après Achille Deveria, 68 x 48 cm, 1848. Paris, BnF.
Au 1er rang de g. à d. : Lamartine, Marie, Dupont de l'Eure, Ledru-Rollin et Arago
au 2d : Garnier-Pagès, Albert, Marrast, Crémieux, Flocon et L. Blanc.
Au 1er rang de g. à d. : Lamartine, Marie, Dupont de l'Eure, Ledru-Rollin et Arago
au 2d : Garnier-Pagès, Albert, Marrast, Crémieux, Flocon et L. Blanc.
Citoyenne Marie-Cécile Goldsmid : Le suffrage universel. « Avec lui, la Liberté, sans lui, l’Esclavage ». Dédié á Ledru-Rollin. 1850. Lithographie en couleur ou en deux teintes, lith. : Sorrieu, imp. : Lemercier, dépôt légal : 2 mars 1850.
La lithographie de Frédéric Sorrieu représente le suffrage universel masculin. Elle date de 1850 et suggère que l’enthousiasme populaire pour le vote subsiste.
Au milieu de l’image, on voit une allégorie de la liberté (une femme habillée à l’antique et coiffée d’un bonnet phrygien.) Dans sa main gauche, elle tient la table des Droits de l’Homme, appuyée sur une presse d’imprimerie, qui pourrait être une allusion à la liberté d’expression. Dans sa main droite, un flambeau éclaire l’urne électorale, comme la République éclaire le peuple. Un homme en blouse a apporté l’urne. Une corne d’abondance s’enroule autour du socle de l’urne soulignant les bienfaits que la République apporte au peuple, le suffrage universel apporterait donc aussi des bienfaits matériels. Des cortèges d’hommes convergent de toutes parts vers l’urne. Les hommes qui viennent de la gauche , ils se montrent fraternels et représentent des hommes de toutes conditions. Ce mouvement est celui du progrès, du passé vers l’avenir.
Les hommes de la réaction sont représentés à droite, tous se montrent inquiets. La République est aussi associée au progrès économique lié à l’industrialisation, ici évoquée par les deux cortèges d’électeurs en arrière-plan qui arrivent, les uns par le train, les autres par des bateaux à vapeur avec des roues à aubes. En arrière de l’urne, Ledru-Rollin adossé, bras croisés, à un arbre de la liberté, pavoisé de drapeaux tricolores contemple ce qu’il peut considérer comme sa victoire: l’exercice du vote au suffrage universel masculin.
Au milieu de l’image, on voit une allégorie de la liberté (une femme habillée à l’antique et coiffée d’un bonnet phrygien.) Dans sa main gauche, elle tient la table des Droits de l’Homme, appuyée sur une presse d’imprimerie, qui pourrait être une allusion à la liberté d’expression. Dans sa main droite, un flambeau éclaire l’urne électorale, comme la République éclaire le peuple. Un homme en blouse a apporté l’urne. Une corne d’abondance s’enroule autour du socle de l’urne soulignant les bienfaits que la République apporte au peuple, le suffrage universel apporterait donc aussi des bienfaits matériels. Des cortèges d’hommes convergent de toutes parts vers l’urne. Les hommes qui viennent de la gauche , ils se montrent fraternels et représentent des hommes de toutes conditions. Ce mouvement est celui du progrès, du passé vers l’avenir.
Les hommes de la réaction sont représentés à droite, tous se montrent inquiets. La République est aussi associée au progrès économique lié à l’industrialisation, ici évoquée par les deux cortèges d’électeurs en arrière-plan qui arrivent, les uns par le train, les autres par des bateaux à vapeur avec des roues à aubes. En arrière de l’urne, Ledru-Rollin adossé, bras croisés, à un arbre de la liberté, pavoisé de drapeaux tricolores contemple ce qu’il peut considérer comme sa victoire: l’exercice du vote au suffrage universel masculin.
François‑Auguste Biard, L’Abolition de l’esclavage dans les colonies françaises en 1848, 1849, huile sur toile, 260 x 392 cm, musée du château de Versailles.
Caricature anonyme conservée aux Archives départementales de l’Indre. Elle dénonce l’influence politique de George Sand auprès de Ledru-Rollin (Ministre de l’Intérieur du gouvernement provisoire, un des artisans de la promulgation du suffrage universel).
Réponse de George Sand aux rédactrices de la Voix des Femmes qui proposaient de la présenter comme candidate aux élections du 23 avril 1848.
b) L'échec du projet républicain: le retour à l'ordre
Le coup d'état de décembre 1851
L’échec de la voie légale
" Le Président chercha donc dans un premier temps, à renouveler son mandat et à prolonger sa présence à la tête du pouvoir. Il passa par la voie légale. Les voyages présidentiels se multiplièrent en 1851 pour renforcer son prestige ou s’assurer de sa popularité. Puis en s’appuyant sur l’article 111 de la Constitution, il milita en faveur d’une révision constitutionnelle qui permettrait en même temps la réélection du Président et l’abrogation de la loi de mai 1850. Le procédé était habile (…), des pétitions en faveur de la révision, certaines pour la seule réélection, d’autres pour les deux demandes arrivèrent de toute la France. L’option constitutionnelle se révéla vite impossible, la majorité conservatrice de l’Assemblée s’opposant à la révision. Elle souhaitait, elle, une situation transitoire qui aurait permis le retour d’un des prétendants au trône de France ».
Quentin Deluermoz, Le crépuscule des révolutions, 1848-1871. Histoire de la France contemporaine, volume 3 Paris, Le Seuil, 2012.
" Le Président chercha donc dans un premier temps, à renouveler son mandat et à prolonger sa présence à la tête du pouvoir. Il passa par la voie légale. Les voyages présidentiels se multiplièrent en 1851 pour renforcer son prestige ou s’assurer de sa popularité. Puis en s’appuyant sur l’article 111 de la Constitution, il milita en faveur d’une révision constitutionnelle qui permettrait en même temps la réélection du Président et l’abrogation de la loi de mai 1850. Le procédé était habile (…), des pétitions en faveur de la révision, certaines pour la seule réélection, d’autres pour les deux demandes arrivèrent de toute la France. L’option constitutionnelle se révéla vite impossible, la majorité conservatrice de l’Assemblée s’opposant à la révision. Elle souhaitait, elle, une situation transitoire qui aurait permis le retour d’un des prétendants au trône de France ».
Quentin Deluermoz, Le crépuscule des révolutions, 1848-1871. Histoire de la France contemporaine, volume 3 Paris, Le Seuil, 2012.
Nation en danger car le Parlement est un lieu de complots = Refus d’accorder la rééligibilité au Prince-Président
les monarchistes veulent écarter Bonaparte pour rétablir la monarchie
Or Bonaparte ne reconnaît qu’une légitimité, celle que lui donne le peuple. Parlement n’a pas le droit de s’opposer à la volonté du peuple.
Coup d’Etat pour protéger les institutions et la souveraineté du peuple des menées des royalistes mais aussi des « rouges »
Louis-Ernest Pichio — Musée Carnavalet
Alphonse Baudin (1811-1851) sur la barricade du faubourg Saint-Antoine, le 3 décembre 1951 |
Alphonse Baudin, médecin originaire de l’Ain et député élu à l’Assemblée en 1849 (il faisait partie de la Montagne, ce groupe de députés très à gauche), est resté célèbre pour avoir organisé, avec
quelques autres collègues républicains, une opposition armée au coup d’État du 2 décembre 1851. Il essaya, notamment, de soulever les ouvriers du faubourg Saint-Antoine pour faire des barricades contre l’armée envoyée par le prince-président. C’est en montant sur une barricade, le drapeau tricolore à la main, qu’il fut tué. Il devint ainsi le symbole de la défense de la liberté face au despotisme. Sur le tableau, il est représenté haranguant la foule à ses pieds, drapé de l’écharpe tricolore des élus de la République pendant que des hommes s’organisent pour construire la barricade. |
II le Second Empire(1852 / 1870): une démocratie libérale ?
En quoi la période du second Empire ne constitue-t-il pas seulement un temps de recul pour les pratiques démocratiques ?
1) Un régime assez singulier
. Un régime autoritaire, un état policier
Le tableau de Winterhalter, réalisé en 1855, renvoie au portrait classique de Louis XIV réalisé par Hyacinthe Rigaud. Napoléon III est représenté en majesté, de trois quarts, dans une pose rigide et militaire. Il arbore les insignes du pouvoir : le grand collier de la légion d’honneur, le manteau de pourpre doublé d’hermine, la main de justice, la couronne fermée et le sceptre posés sur une table. Dans le fond à gauche, on devine le dossier rond du trône de son oncle. Le tableau donne l’image d’un monarque aux pouvoirs absolus.
Une politique de modernisation et de grandeur nationale
Jean-Adolphe Beauce, Le corps expéditionnaire français arrivant à Beyrouth, août 1860,
2) Des pratiques qui évoluent