L’unité du monde méditerranéen prend fin au début du Moyen Âge : le monde romain se rétracte sur sa partie orientale et prend le nom d’Empire byzantin, tandis que plusieurs royaumes catholiques naissent en Occident. À partir du VIIe siècle, les musulmans commencent la conquête des rives sud et est de la Méditerranée.
Pour accroître leur puissance ou pour des motifs religieux, les souverains de ces trois grands ensembles luttent régulièrement pour le contrôle de la mer et de ses rives. Malgré les tensions, les marchandises et les hommes circulent continuellement dans la Méditerranée médiévale et, avec eux, les savoirs et les idées.
Pour accroître leur puissance ou pour des motifs religieux, les souverains de ces trois grands ensembles luttent régulièrement pour le contrôle de la mer et de ses rives. Malgré les tensions, les marchandises et les hommes circulent continuellement dans la Méditerranée médiévale et, avec eux, les savoirs et les idées.
Quelles sont les modalités des contacts entre les différents ensembles civilisationnels de la Méditerranée au Moyen Age ?
I) Les grands ensembles de civilisations
bordant la Méditerranée au Moyen Age
bordant la Méditerranée au Moyen Age
a. l'Occident chrétien
l'Occident chrétien marque les États issus de la chute de l'Empire romain d'Occident.
Au 12es., ceux qui s'ouvrent sur le monde méditerranéen sont essentiellement le royaume de France, le Saint-Empire romain germanique et les nombreux États italiens dont le royaume de Naples et les États de l'Église dirigés par le pape. À la différence de l'Empire byzantin, on trouve donc ici plusieurs royaumes, la reconstitution d'un empire romain d'Occident par le roi des Francs Charlemagne(800) n'ayant pas été durable.
Au 12es., ceux qui s'ouvrent sur le monde méditerranéen sont essentiellement le royaume de France, le Saint-Empire romain germanique et les nombreux États italiens dont le royaume de Naples et les États de l'Église dirigés par le pape. À la différence de l'Empire byzantin, on trouve donc ici plusieurs royaumes, la reconstitution d'un empire romain d'Occident par le roi des Francs Charlemagne(800) n'ayant pas été durable.
Ces royaumes subissent de nombreuses invasions aux IXème-Xème s. : Normands, Magyars... Ces invasions affaiblissent les rois incapables de défendre leurs territoire : les grands propriétaires terriens et chefs de guerre locaux (seigneurs) affirment leur pouvoir...et accaparent les pouvoirs royaux.
À partir de l'an mille, l'Occident est marqué par la féodalité. Le roi est à la tête d'une pyramide seigneuriale fondée sur des rapports de fidélité d'homme à homme, garantis par l'obtention d'un fief, donné par le suzerain à son vassal. |
L'unité de l'Occident est essentiellement religieuse, l'ensemble des croyants étant sous l'autorité du pape, élu par le conclave des cardinaux la tête de «la sainte Église apostolique et romaine» (= catholique). Celui-ci se prétend, à partir du 11es., supérieur l'empereur du Saint-Empire romain germanique. Cette prétention à la théocratie papale est source de conflit avec les souverains, qui veulent jouir d'une plus grande autonomie.
.La société occidentale est encadrée par les seigneurs féodaux et par l’Église.
Le pouvoir des seigneurs repose sur leurs liens vassaliques. Ils assurent l’ordre et exerce leur pouvoir sur des territoires plus ou moins étendus. L’Église impose des obligations aux fidèles et les pousse à adopter des comportements jugés adaptés au maintien d’un ordre social en entretenant une peur de l’enfer. Elle renforce son contrôle sur les chrétiens et exclut progressivement les minorités religieuses. |
Quelques croyances chrétiennes sont ici illustrées ( ci dessus: tympan de l'église de Conques) : le Jugement Dernier, l’existence d’une vie après la mort, la possibilité d’accéder au Paradis ou d’être condamné à l’Enfer en fonction des actions réalisées durant la vie terrestre.
Le fidèle doit respecter certains sacrements : la confession et la communion au moins une fois par an (à Pâques qui est au Moyen Âge la principal fête chrétienne) ainsi que la pénitence pour racheter les péchés confessés. L'espace public est christianisé (en excluant donc les non chrétiens) = place et rôle de l'église dans la ville ou le village.
Le pape refuse aussi que des chrétiens puissent servir des Juifs et souhaite ainsi affirmer une hiérarchie religieuse : la supériorité du christianisme sur le judaïsme.
Le fidèle doit respecter certains sacrements : la confession et la communion au moins une fois par an (à Pâques qui est au Moyen Âge la principal fête chrétienne) ainsi que la pénitence pour racheter les péchés confessés. L'espace public est christianisé (en excluant donc les non chrétiens) = place et rôle de l'église dans la ville ou le village.
Le pape refuse aussi que des chrétiens puissent servir des Juifs et souhaite ainsi affirmer une hiérarchie religieuse : la supériorité du christianisme sur le judaïsme.
b. l'empire byzantin
L’Empire byzantin comprend essentiellement la Grèce et l’Asie Mineure. L’Empire byzantin s’est progressivement rétracté à la suite des conquêtes arabes (VIIe siècle), bulgares (IXe siècle) et turques (XIe siècle). Héritier de l'empire romain d'Orient, Byzance est un empire unifié dont la capitale est Constantinople.
L’Empire byzantin est au carrefour de plusieurs cultures : romaine (présence de forums), grecque (la langue et les savoirs), orientale et chrétienne (nombreuses églises).
Byzance est un carrefour commercial où se croisent marchands et produits luxueux venus de toute la Méditerranée. Les marchands italiens bénéficient de quartiers réservés à Constantinople.
L’Empire byzantin est au carrefour de plusieurs cultures : romaine (présence de forums), grecque (la langue et les savoirs), orientale et chrétienne (nombreuses églises).
Byzance est un carrefour commercial où se croisent marchands et produits luxueux venus de toute la Méditerranée. Les marchands italiens bénéficient de quartiers réservés à Constantinople.
Le pouvoir est exercé par le basileus, nom grec donné l'Empereur (ici au centre de la mosaïque, encadré par les membres du clergé et l'armée).
Ce dernier, héréditaire mais souvent imposé par l'armée, dispose d'un pouvoir absolu. Il dispose d'une administration performante qui s'appuie sur le droit romain (Code Justinien du 6es.).
L’empereur byzantin est un personnage sacré, Il fonde son pouvoir sur la religion chrétienne, qui le reconnaît comme «lieutenant du Christ sur la Terre». À ce titre, il nomme le patriarche de Constantinople, principale autorité religieuse de l'Empire.
Ce dernier, héréditaire mais souvent imposé par l'armée, dispose d'un pouvoir absolu. Il dispose d'une administration performante qui s'appuie sur le droit romain (Code Justinien du 6es.).
L’empereur byzantin est un personnage sacré, Il fonde son pouvoir sur la religion chrétienne, qui le reconnaît comme «lieutenant du Christ sur la Terre». À ce titre, il nomme le patriarche de Constantinople, principale autorité religieuse de l'Empire.
Mosaïque de la cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople représentant Marie et Jésus entre Jean II Comnène (à gauche) et son épouse Irène de Hongrie (à droite)- XIIe siècle
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Au XIe siècle, les divergences religieuses récurrentes provoque une scission dans le monde chrétien: le schisme de 1054 divise alors la chrétienté: d’une part un monde latin catholique (occident chrétien) et un monde grec orthodoxe. Les orthodoxes ne dépendent pas du pape mais du patriarche de Constantinople. Ils ont les mêmes croyances que les catholiques mais ont des pratiques religieuses différentes (comme le non célibat des prêtres). L’architecture religieuse diffère de celle d’Occident : des bâtiments plus massifs (et moins allongés), la présence d’une coupole et un luxe ostentatoire des ornements |
c. Un espace non chrétien: le monde musulman
Au milieu du XIe siècle, le monde arabo-musulman s’étend du Moyen-Orient à la péninsule Ibérique en passant par tout le littoral nord de l’Afrique.
L’islam est au cœur de la civilisation arabo-musulmane.(expression inclusive qui intègre les sujets qui ne sont ni arabes ni musulmans mais qui vivent sous la tutelle de pouvoirs islamiques).Les juifs et les chrétiens bénéficient de la protection des pouvoirs islamiques et de la possibilité d’exercer leur culte. Ils doivent en échange suivre certaines restrictions afin de marquer leur différence et leur infériorité et s’acquitter d’un impôt spécial (une capitation c’est-à-dire une taxe levée par individu) appelé la djizia.
Mahomet (Muhammad en arabe) fonde une nouvelle religion(VIIe siècle) et impose son autorité sur les tribus de la péninsule arabe. Ses successeurs, les premiers califes, lancent des conquêtes pour étendre les territoires de l’islam (le dar-al-islam qui désigne l’ensemble des régions gouvernées selon la loi islamique).
Au niveau politique, le monde arabo-musulman, d’abord unifié sous le pouvoir des califes omeyyades puis abbassides se fragmente progressivement. Il existe au XIIe siècle trois capitales politiques rivales sous l’autorité des almoravides, des fatimides et des turcs seldjoukides.
Mahomet (Muhammad en arabe) fonde une nouvelle religion(VIIe siècle) et impose son autorité sur les tribus de la péninsule arabe. Ses successeurs, les premiers califes, lancent des conquêtes pour étendre les territoires de l’islam (le dar-al-islam qui désigne l’ensemble des régions gouvernées selon la loi islamique).
Au niveau politique, le monde arabo-musulman, d’abord unifié sous le pouvoir des califes omeyyades puis abbassides se fragmente progressivement. Il existe au XIIe siècle trois capitales politiques rivales sous l’autorité des almoravides, des fatimides et des turcs seldjoukides.
Les musulmans croient en un Dieu unique (Allah), en la résurrection et la vie éternelle (il est à noter que de nombreuses croyances de l’islam sont communes avec le christianisme). Les pratiques suivantes: le jeûne (le ramadan), les prières, le pèlerinage à la Mecque, l’aumône et la profession de foi constituent les cinq piliers de l’islam. Le Coran est le livre sacré.
le lieu de culte = la mosquée |
Deux divisions politico-religieuses s'affrontent autour de l'héritage de Mahomet: les Sunnites et les Chiites.Ces divisions affaiblissent le monde musulman...et le mettent à la merci de conquérants étrangers
Une civilisation urbaine… la majorité des habitants vivent dans de grandes villes, parfois immenses, organisées autour d’une grande mosquée et de marchés couverts (les souks). Les villes sont des centres religieux, culturels et des lieux de richesse où se croisent des marchands et des produits venus de divers horizons. |
II) Un espace d'échanges et de contact:
"Pour être soi, il faut se projeter vers ce qui est étranger, se prolonger dans et par lui.
Demeurer enclos dans son identité, c’est se perdre et cesser d’être.
On se connaît, on se construit par le contact, l’échange, le commerce avec l’autre.
Entre les rives du même et de l’autre, l’Homme est un pont."
Jean-Pierre Vernant |
Si la période médiévale comprend de nombreux conflits en Méditerranée, ceux-ci n’empêchent pas les échanges, qu’ils soient commerciaux, culturels ou diplomatiques.
a. La Méditerranée, un carrefour commercial
"Et maintenant nous vous concédons privilège pour l'or et l'argent et toutes vos affaires à Alexandrie, et vous autorisons à habiter dans votre fundûq d'Alexandrie. Tout ce que vous aurez à vendre, une fois payés les droits à la douane, vous pourrez les porter où vous voudrez dans notre royaume, et aussi bien les remporter chez vous si vous le voulez, à l'exception du bois, du fer et de la poix puisque ces trois denrées sont achetées par notre douane au prix de l'heure . […]
Nous vous concédons aussi un fundûq à Babylone (Le Caire), et l'exemption des droits sur l'argent. Et votre ambassadeur a demandé que si un Pisan se rendait au Saint-Sépulcre sur un navire qui ne soit pas de bandits, et soit pris par notre flotte, au reçu de votre lettre nous vous le libérions avec ses biens. Nous autorisons vos marchands à venir au Caire quand ils voudront, et vos marchands doivent être bien traités dans tout notre royaume […]."
Claude Cahen, Orient et Occident au temps des croisades, Paris, Aubier-Montaigne,1983
Nous vous concédons aussi un fundûq à Babylone (Le Caire), et l'exemption des droits sur l'argent. Et votre ambassadeur a demandé que si un Pisan se rendait au Saint-Sépulcre sur un navire qui ne soit pas de bandits, et soit pris par notre flotte, au reçu de votre lettre nous vous le libérions avec ses biens. Nous autorisons vos marchands à venir au Caire quand ils voudront, et vos marchands doivent être bien traités dans tout notre royaume […]."
Claude Cahen, Orient et Occident au temps des croisades, Paris, Aubier-Montaigne,1983
. Présenter les acteurs de la transaction.
. Quels sont les avantages obtenus par les deux parties ?
. Quel est l’avantage de bénéficier d’un comptoir en territoire étranger ?
. Quels sont les avantages obtenus par les deux parties ?
. Quel est l’avantage de bénéficier d’un comptoir en territoire étranger ?
1. Qui est Romano Mairano ? Dans quel but a-t-il emprunté de l’argent ?
2. Pourquoi Dalondo lui prête-t-il de l’argent ?
3. Quels sont les risques pris lors de cette opération ?
4. Quelles sont les précautions prises ?
5. Que pouvez-vous en conclure sur les techniques commerciales des Vénitiens ?
2. Pourquoi Dalondo lui prête-t-il de l’argent ?
3. Quels sont les risques pris lors de cette opération ?
4. Quelles sont les précautions prises ?
5. Que pouvez-vous en conclure sur les techniques commerciales des Vénitiens ?
la circulation des biens et des hommes dans l’espace méditerranéen est particulièrement intense. Les marchands italiens y jouent un rôle primordial.. Cela permet aux cités italiennes de servir de relais commerciaux, activité qui enrichit grandement ces villes.
Les comptoirs italiens au Proche-Orient, installés dans les états latins, se fournissent en épices, en soie, ou en pierres précieuses venant d’Inde. Ces marchandises sont ensuite ramenées en Europe via des routes commerciales maritimes ou terrestres, puis revendues dans des grandes foires en France et dans l’Empire germanique. La lettre qu’envoie un marchand italien à son associé depuis la ville de Troyes montre bien qu’ils y vendent des marchandises venues d’Orient (safran, poivre, etc.).
Venise s’impose comme une des principales villes marchandes et sa puissance commerciale l’amène à jouer un rôle politique de plus en plus important en Méditerranée.Venise devient une thalassocratie
Ce commerce s’inscrit dans un cadre plus large que la Méditerranée...cette dernière se trouvant en situation de carrefour, le commerce méditerranéen est connecté aux grandes routes commerciales africaines, asiatiques et européennes.
Les comptoirs italiens au Proche-Orient, installés dans les états latins, se fournissent en épices, en soie, ou en pierres précieuses venant d’Inde. Ces marchandises sont ensuite ramenées en Europe via des routes commerciales maritimes ou terrestres, puis revendues dans des grandes foires en France et dans l’Empire germanique. La lettre qu’envoie un marchand italien à son associé depuis la ville de Troyes montre bien qu’ils y vendent des marchandises venues d’Orient (safran, poivre, etc.).
Venise s’impose comme une des principales villes marchandes et sa puissance commerciale l’amène à jouer un rôle politique de plus en plus important en Méditerranée.Venise devient une thalassocratie
Ce commerce s’inscrit dans un cadre plus large que la Méditerranée...cette dernière se trouvant en situation de carrefour, le commerce méditerranéen est connecté aux grandes routes commerciales africaines, asiatiques et européennes.
b. La circulation des hommes et des idées: les contacts culturels
Sélectionnez les informations montrant que la ville de Palerme au XIIe siècle est marquée par plusieurs héritages culturels
La Sicile, et plus particulièrement Palerme, est le lieu d’un syncrétisme culturel permis par la tolérance des rois normands. Ces rois ont effet garanti aux différentes communautés présentes certains droits. Les musulmans, les juifs et les Grecs jouissent de la liberté et notamment peuvent pratiquer leur culte. Si nous pouvons parler de tolérance, c’est au sens où les rois « tolèrent » ces groupes, sans pour autant accepter ces communautés religieuses sur un pied d’égalité avec le christianisme romain et latin.Ce pluralisme explique les transferts culturels intenses qui se sont opérés en Sicile
PALAIS DE LA ZISA À PALERME
Le palais de la Zisa (de l’arabe al-Aziz, la « splendeur ») construit sur l’ordre de Guillaume Ier à Palerme est un magnifique exemple de ce syncrétisme : il est entouré d’un jardin et de fontaines ; sa décoration intérieure est faite de mosaïques d’inspiration arabo-musulmane (motifs végétaux) et de muqarnas (reliefs architecturaux en nid d’abeille
L’influence byzantine est surtout marquée dans l’idéologie royale que développe la dynastie normande : le roi, par son caractère sacré, est le représentant de Dieu sur terre et ses vêtements de sacre empruntent largement à ceux du basileus, comme en témoigne les mosaïques de l’église de la Martorana. Cette église, construite en 1149 et consacrée à la Vierge par l’amiral Georges, reprend d’ailleurs le plan des édifices cultuels de l’Église byzantine, en croix grecque. Les piliers sont couverts d’inscriptions en grec et en arabe.
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Cette « tolérance » multiculturelle est marquée épisodiquement de périodes de violences,l’ignorance et l’intolérance en étant la cause principale.
Pour la majorité des populations vivant autour de la Méditerranée, la vie se déroule en monde clos, ignorant presque tout des autres cultures
Grâce à leur conquête, les Arabes ont rassemblé un très grand nombre de manuscrits rares et précieux de l’antiquité grecque, qu’ils ont traduits et copiés. Dans les espaces dans lesquels les musulmans et les chrétiens sont en contact (Espagne, Sicile, etc.), ont lieu des échanges culturels, des transferts allant essentiellement de l’Orient vers l’Occident. Le transfert se fait d’abord par l’écrit : Tolède en Espagne devient un grand centre de traduction des auteurs grecs ou arabes. Ces traductions sont destinées aux étudiants des grandes universités du nord de l’Europe et d’Italie. En 1142, le Coran est traduit en latin.. Les copies des manuscrits se diffusent, au plus grand profit des universités de la Sorbonne, d’Oxford et de Bologne, ainsi que de l’école de médecine de Montpellier. |
Les échanges culturels sont aussi visibles dans l’architecture.Les Romains/Byzantins ont répandu la voûte romane, la coupole, les fresques et les mosaïques à fond d’or (parfois en envoyant des architectes et artisans à Damas ou à Cordoue). Les musulmans diffusent les arabesques, la marqueterie et l’arc outre-passé. L’influence des Latins est plus tardive, avec l’arc brisé, la voûte d’ogives et l’arc boutant (le style « gothique»). Résultat, il y a de nombreux cas de bâtiments aux influences hybrides :
Les langues latines s’enrichissent ainsi d’un nouveau vocabulaire pour l’administration (amiral, arsenal, assassin, douane, gabelle, tarif), les maths (algèbre, almanach, arithmétique, chiffre, zéro), la chimie (alambic, alcalin, alcool, amalgame, benzène, élixir, mazout, natron, soude, talc)
Les transferts concernent aussi les techniques, la rive nord apprenant par exemple de nouvelles méthode de poterie ou d’hydraulique (drainage ou irrigation), les savoirs (de l'Antiquité ou de l'extrême orient comme le papier ou la boussole) Enfin l’alimentation est elle-aussi touchée. Si l’agriculture méditerranéenne reste basée sur la triade blé, olive et raisin (pain, huile et vin), les conquêtes arabes entraînent la diffusion d’une large gamme de nouvelles plantes : abricotier, artichaut, aubergine, bananier, blé dur, canne à sucre, cédratier, citronnier, cocotier, coloquinte, épinard, mandarinier, manguier, melon, oranger, palmier-dattier, pamplemoussier, pastèque, plantain, riz, safran et sorgho |
Quelques voyageurs traversent la Méditerranée : des marchands, des militaires, des esclaves, des ambassadeurs, des moines, ainsi que des pèlerins, ces derniers pour aller vers les sanctuaires de La Mecque, de Jérusalem, de Rome
Un autre domaine d’échange est la diplomatie. Ces relations diplomatiques se font entre chefs d’État, malgré les incompréhensions linguistiques et religieuses.Des valeurs chevaleresques communes, ainsi qu’une meilleure connaissance de l’autre ont aidé aux échanges.
Un autre domaine d’échange est la diplomatie. Ces relations diplomatiques se font entre chefs d’État, malgré les incompréhensions linguistiques et religieuses.Des valeurs chevaleresques communes, ainsi qu’une meilleure connaissance de l’autre ont aidé aux échanges.
III) Trois civilisations qui s'affrontent:
A - Les conflits entre chrétiens
• La réforme de l’Église, lancée par le pape Léon IX au milieu du XIème siècle, vise à imposer son autorité à tous les souverains chrétiens. Mais les Byzantins considèrent que le basileus est le seul représentant de Dieu sur Terre et rejettent cette réforme. En 1054, un schisme (éclatement d’une religion en deux branches) donne naissance à une Église latine et à une Église orthodoxe.
Les chevaliers occidentaux vus par une princesse byzantine
Je préfère ne pas donner le nom de ces chefs : les mots ne me viennent plus, en partie parce que je suis incapable d’articuler ces sons barbares imprononçables […]. La race celte ne demande pas volontiers conseil ; ils ne font jamais usage de discipline militaire ni de l’art stratégique, mais quand il s’agit de combattre et de mener la guerre, la colère aboie dans leurs coeurs et ils sont irrésistibles, aussi bien les simples soldats que les chefs eux-même, car ils se précipitent au milieu des rangs ennemis avec un élan insurmontable.
Anne Comnène, Alexiade, 1148.
Je préfère ne pas donner le nom de ces chefs : les mots ne me viennent plus, en partie parce que je suis incapable d’articuler ces sons barbares imprononçables […]. La race celte ne demande pas volontiers conseil ; ils ne font jamais usage de discipline militaire ni de l’art stratégique, mais quand il s’agit de combattre et de mener la guerre, la colère aboie dans leurs coeurs et ils sont irrésistibles, aussi bien les simples soldats que les chefs eux-même, car ils se précipitent au milieu des rangs ennemis avec un élan insurmontable.
Anne Comnène, Alexiade, 1148.
La prise de Constantinople. Illustration d'un manuscrit de Villehardouin.
Les croisades remettent les deux mondes en confrontation.
Les Byzantins jugent mal une guerre sainte organisée par l’Église (à leurs yeux c’est le rôle de l’empereur), qui piétine les trêves et alliances négociées.
Les croisades étant une entreprise de conquête militaire et de prosélytisme religieux sur des territoires sur lesquels Constantinople a des prétentions évolue donc vers un affrontement direct. À partir de 1185, les corsaires et pirates latins (surtout italiens) se répandent dans les îles de la mer Égée
En 1204, la quatrième croisade est détournée par les transporteurs vénitiens contre Constantinople, qui est prise d’assaut. L’Empire est alors dépecé, entre un « Empire latin de Constantinople » (appelé aussi « Empire latin d’Orient ») qui installe un système féodal par partage entre les croisés (royaume de Thessalonie, principauté d’Achaïe, duché d’Athènes, duché de Naxos, comté de Céphalonie), les annexions vénitiennes (la Crète et l’Eubée) et des États grecs (l’« Empire de Nicée »).
Les Byzantins jugent mal une guerre sainte organisée par l’Église (à leurs yeux c’est le rôle de l’empereur), qui piétine les trêves et alliances négociées.
Les croisades étant une entreprise de conquête militaire et de prosélytisme religieux sur des territoires sur lesquels Constantinople a des prétentions évolue donc vers un affrontement direct. À partir de 1185, les corsaires et pirates latins (surtout italiens) se répandent dans les îles de la mer Égée
En 1204, la quatrième croisade est détournée par les transporteurs vénitiens contre Constantinople, qui est prise d’assaut. L’Empire est alors dépecé, entre un « Empire latin de Constantinople » (appelé aussi « Empire latin d’Orient ») qui installe un système féodal par partage entre les croisés (royaume de Thessalonie, principauté d’Achaïe, duché d’Athènes, duché de Naxos, comté de Céphalonie), les annexions vénitiennes (la Crète et l’Eubée) et des États grecs (l’« Empire de Nicée »).
En Occident, à partir du XIIe siècle, l'Église est confrontée à des hérésies, c'est-à-dire des croyances différentes des siennes, comme celle des cathares dans le sud de la France, ou des vaudois, dans la vallée du Rhône.
B- Les conflits entre Chrétienté et Islam
1) Lire les textes suivants et sélectionner les événements importants de la vie de Bernard de Clairvaux, permettant notamment de montrer son implication dans la deuxième croisade
2) Grâce au texte et aux documents complémentaires, sélectionner les événements et périodes qui permettent de comprendre et de contextualiser le rôle de Bernard de Clairvaux dans la deuxième croisade
2) Grâce au texte et aux documents complémentaires, sélectionner les événements et périodes qui permettent de comprendre et de contextualiser le rôle de Bernard de Clairvaux dans la deuxième croisade
La deuxième croisade est déclenchée par la prise d’Édesse par Zengi en 1144. Pour prêcher cette expédition, le pape choisit Bernard de Clairvaux pour ses qualités personnelles (son charisme et son éloquence), l’intensité de sa foi (ses convictions), sa situation à la tête du mouvement cistercien et sa réputation dans toute la chrétienté occidentale. Lors de la première croisade (1095-1099), les chrétiens avaient conquis Jérusalem et sa région et créé des « États latins d’Orient » Mais, en 1144, Édesse est reprise par les musulmans dans le cadre du djihad (guerre lancée par les musulmans contre les chrétiens), justifiant une deuxième croisade. La croisade est le moyen de défendre les lieux saints chrétiens : en 1095, les musulmans avaient interdit l’accès des pèlerins chrétiens à Jérusalem, où se trouve le Saint-Sépulcre (tombeau de Jésus). |
L'arrivée des croisés à Constantinople, par Jean Fouquet, enluminure issue de l'ouvrage Grandes chroniques de France, Paris, France, XV°siècle (à noter que l'illustrateur à représenté Louis VII et Conrad III arrivant ensemble dans la ville, ce qui n'eut pas lieu.).
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La terre s’est émue et a tremblé, parce que le Dieu du ciel commence à perdre sa propre terre [...]. Maintenant nos péchés font que les adversaires de la croix2 ont relevé leur tête sacrilège et ravagent de la pointe de leur épée la terre bénie, la terre de promesse. S’ils ne trouvent personne qui leur résiste, ils vont sous peu fondre sur la cité du Dieu vivant 3 , renverser le berceau de notre rédemption, et profaner les Lieux saints [...]. Que faites-vous, hommes vaillants, que faites-vous, serviteurs de la croix ? Abandonnerez-vous ainsi les choses saintes aux chiens, et les perles aux pourceaux ? [...] La main du Seigneur s’est-elle raccourcie ? Est-elle devenue impuissante pour sauver, alors qu’elle appelle de misérables vers à défendre son héritage et à le lui faire restituer ? [...] Puisque votre terre est féconde en hommes de courage, et qu’elle est connue pour être remplie d’une jeunesse robuste, suivant l’éloge qu’on fait de vous dans le monde entier [...], ceignez-vous courageusement, et prenez ces armes bénies par zèle pour le nom chrétien. Que cesse cette vieille habitude que je n’appelle pas service des armes, mais service de parfaite méchanceté, par laquelle vous avez coutume de combattre entre vous et de vous détruire les uns les autres [...]. Vous avez maintenant, braves soldats, vous avez, vaillants guerriers, une occasion de combattre sans péril ; vous trouverez là de la gloire à vaincre et du profit à mourir. Extraits de la lettre 363 adressée au clergé d’Occident, Vézelay, 1146. 1. Discours d’un homme d’Église pour enseigner, mobiliser ou convertir son auditoire. 2. Les non-chrétiens et ici, les musulmans. 3 . Jérusalem |
La deuxième croisade est un échec. Non seulement Édesse n’est pas reprise mais les croisés subissent une cuisante défaite devant Damas en juillet 1148. Bernard de Clairvaux assimile cet échec à une punition divine frappant des chrétiens pêcheurs et impurs. Il souligne aussi très justement le manque d’unité des chefs de l’expédition (des deux monarques durant le trajet, des chefs croisés avec les dirigeants des États latins d’Orient lors du siège de Damas).
Six autres croisades sont organisées par les chrétiens jusqu’en 1271 mais elles sont toutes des échecs : en 1187, a lieu la prise de Jérusalem par Saladin.
Six autres croisades sont organisées par les chrétiens jusqu’en 1271 mais elles sont toutes des échecs : en 1187, a lieu la prise de Jérusalem par Saladin.
À la fin du XIème siècle, les royaumes chrétiens ibériques (Aragon, Navarre, Castille, Léon et Portugal) lancent la Reconquista (reconquête des territoires musulmans en Espagne) : en 1085, la prise de Tolède par les chrétiens ouvre la voie à la reconquête du centre de la péninsule.
Au début du XIIIème siècle, une nouvelle offensive chrétienne, appuyée par des Français, les Allemands et les Italiens, permet de vaincre les musulmans en 1212 à la bataille de Las Navas de Tolosa. Cette bataille permet aux chrétiens de conquérir la moitié Sud de la péninsule (à l’exception de l’émirat de Cordoue, qui résiste jusqu’en 1492). |