L’appel à la population des écoliers berlinois (1917) : « Qui participe à l’emprunt de guerre écourte la guerre. »
Photographie, 1917 |
Le slogan « Qui participe à l’emprunt de guerre écourte la guerre » inscrit sur les pancartes invite la population allemande à participer à l’emprunt de guerre. Les civils prêtent à l’État une partie de leur épargne afin de lui permettre de faire face à la très forte augmentation de ses dépenses due notamment à l’achat d’armes, de munitions et d’équipements militaires. Ce sont des enfants qui brandissent ces pancartes. Leur mobilisation sous différentes formes constitue une caractéristique fondamentale de la guerre totale. Cette mobilisation est essentiellementencadrée par l’école qui constitue pour l’État un vecteur important de propagande en temps de guerre. |
Le document montre comment les civils, ici les enfants, deviennent acteurs de l’effort de guerre.
Ici les enfants agissent comme relais de la propagande de l’État. Par ailleurs, il évoque de manière implicite les souffrances des civils qui sont aussi des victimes de la guerre et qui en espèrent la fin prochaine. Cela explique qu’« écourter » la guerre soit l’argument affiché sur les pancartes pour motiver les civils à prêter leur argent.
Ici les enfants agissent comme relais de la propagande de l’État. Par ailleurs, il évoque de manière implicite les souffrances des civils qui sont aussi des victimes de la guerre et qui en espèrent la fin prochaine. Cela explique qu’« écourter » la guerre soit l’argument affiché sur les pancartes pour motiver les civils à prêter leur argent.
La mobilisation des civils atteint un niveau inédit pendant la Première Guerre mondiale. L’activité industrielle est encadrée par les États qui reconvertissent l’économie pour produire des armes en masse.
La propagande galvanise les esprits. L’impératif de victoire induit le franchissement d’un seuil de violence
contre les civils. Celle-ci culmine en 1915 avec le génocide arménien dans l’Empire ottoman. En 1917, la multiplication des grèves témoigne de la lassitude de la population face aux souffrances causées par
la prolongation de la guerre.
La propagande galvanise les esprits. L’impératif de victoire induit le franchissement d’un seuil de violence
contre les civils. Celle-ci culmine en 1915 avec le génocide arménien dans l’Empire ottoman. En 1917, la multiplication des grèves témoigne de la lassitude de la population face aux souffrances causées par
la prolongation de la guerre.
Pourquoi dit-on de la première guerre mondiale qu'il s'agit d'une guerre totale ?
A.Les civils mobilisés dans la guerre
1. La mobilisation financière et économique
Financer la guerre = La guerre entraîne une hausse importante des dépenses publiques.
En Allemagne, elles passent de moins de 10 % à 60 % du PIB entre 1914 et 1917. En France, l’impôt sur le revenu est prélevé à partir de 1916.
Les belligérants recourent massivement aux emprunts de guerre qu’ils contractent auprès de banques nationales, de petits épargnants et de créanciers internationaux comme les États-Unis. Pour récolter des fonds supplémentaires, les autorités mobilisent associations et écoliers pour faire la quête lors de journées patriotiques (« journée du Poilu » ; « journée des Orphelins de guerre »)
En Allemagne, elles passent de moins de 10 % à 60 % du PIB entre 1914 et 1917. En France, l’impôt sur le revenu est prélevé à partir de 1916.
Les belligérants recourent massivement aux emprunts de guerre qu’ils contractent auprès de banques nationales, de petits épargnants et de créanciers internationaux comme les États-Unis. Pour récolter des fonds supplémentaires, les autorités mobilisent associations et écoliers pour faire la quête lors de journées patriotiques (« journée du Poilu » ; « journée des Orphelins de guerre »)
Encadrer l’économie = Les États instaurent un dirigisme économique ayant pour objectif la mobilisation de toutes les ressources matérielles pour l’effort de guerre. En France, le ministère de l’Armement créé en 1916 contrôle l’accès aux matières premières, passe commande aux industriels et coordonne leur activité. |
Produire pour la guerre = Pour répondre à la demande de l’État, les patrons investissent pour agrandir leurs usines et les reconvertir dans les productions d’armement. À partir de 1917, Renault freine sa production d’automobiles pour fabriquer des chars. Le manque de main-d’œuvre pousse les entreprises à adopter les nouvelles méthodes de travail inspirées du taylorisme.
La mobilisation industrielle permet aux patrons de dégager d’importants bénéfices et alimente les critiques contre les « profiteurs de guerre ».
La mobilisation industrielle permet aux patrons de dégager d’importants bénéfices et alimente les critiques contre les « profiteurs de guerre ».
2. La mobilisation sociale
Consentir à la guerre = Les sociétés entrent en guerre avec résolution et dans un climat d’unanimité patriotique. En France, Jean Jaurès, dirigeant socialiste et représentant du pacifisme, est assassiné le 31 juillet 1914 par un étudiant nationaliste. Cet événement entraîne le ralliement de la gauche française à
l’Union sacrée. Socialistes et syndicats ouvriers troquent la lutte des classes contre la défense de la patrie et décident de faire bloc contre l’ennemi
l’Union sacrée. Socialistes et syndicats ouvriers troquent la lutte des classes contre la défense de la patrie et décident de faire bloc contre l’ennemi
gravure de propagande publiée dans un quotidien allemand en 1916. L’auteure, Käte Wolff, obtient son diplôme d’art à Leipzig et se spécialise dans la gravure sur bois de silhouettes et motifs destinés aux lanternes magiques. Elle participe à de nombreux albums après la Grande Guerre chez l’éditeur Le Père Castor. Ici, la gravure présente l’intérêt de montrer les femmes allemandes occuper des métiers jusque là réservés aux hommes, mais en mettant en valeur le rôle protecteur et garant de stabilité pour la société des femmes s’occupant des enfants. |
Photographie de l’usine de Chilwell,
dans laquelle des femmes travaillent à la fabrication d’obus. Cette photographie est intéressante à double titre : elle illustre par le nombre de munitions produites la violence du feu caractéristique de la Grande Guerre. Elle témoigne aussi du travail des munitionnettes, emblématiques du travail féminin pendant la guerre. On remarque que ces femmes portent une salopette masculine, fait rare à l’époque. On observe leurs geste minutieux et précis dans le déplacement des obus : |
ce n’est pas pour faciliter la prise de vues, mais pour éviter tout choc qui pourrait conduire à l’explosion des produits contenus dans les obus (comme le TNT). À Chilwell, en 1918, plusieurs centaines de femmes sont ainsi mortes dans une explosion.
Leur travail est donc dangereux, souvent mal rémunéré, et les conséquences sanitaires de la manipulation des produits importantes.
Leur travail est donc dangereux, souvent mal rémunéré, et les conséquences sanitaires de la manipulation des produits importantes.
Tableau qui, à partir des chiffres disponibles, montre l’importance de l’emploi ouvrier féminin dès 1914 en Europe, sous forme de pourcentage, puis en nombre. Le travail des femmes dans les usines d’armement ne
commence souvent pas avant 1915, car jusque-là on pense que le conflit ne va pas durer. Mais à partir de 1915, la main-d’oeuvre commence à manquer et les femmes sont alors embauchées.
La mécanisation des tâches leur permet d’effectuer plus facilement des travaux jusque-là réservés aux hommes, mais elle justifie aussi une rémunération moins forte (environ 40 % de moins
commence souvent pas avant 1915, car jusque-là on pense que le conflit ne va pas durer. Mais à partir de 1915, la main-d’oeuvre commence à manquer et les femmes sont alors embauchées.
La mécanisation des tâches leur permet d’effectuer plus facilement des travaux jusque-là réservés aux hommes, mais elle justifie aussi une rémunération moins forte (environ 40 % de moins
Comme les hommes sont mobilisés sur les champs de bataille et doivent abandonner l’emploi qu’ils occupaient avant la guerre, les femmes sont appelées à les remplacer au travail. Cette mobilisation est essentielle pour les États, qui ne peuvent espérer remporter la victoire sans l’implication de tout l’arrière dans l’effort de guerre.
La mobilisation des femmes peut prendre différentes formes. Dans les campagnes, elles remplacent d’abord les hommes aux champs pour s’occuper des récoltes. Dans les villes, elles prennent la place des ouvriers dans les usines, notamment les usines d’armement, où elles sont surnommées les « munitionnettes ». Elles peuvent aussi remplacer les hommes dans les transports en commun. Les femmes peuvent enfin exercer des activités bénévoles, comme les marraines de guerre, qui acceptent de correspondre avec des soldats au front pour leur remonter le moral. Cet investissement nécessite une adaptation, dans la mesure où les femmes se voient confier des tâches nouvelles. |
Dans les campagnes, les femmes ont toujours travaillé et aidé les hommes pour les récoltes. Elles voient toutefois leur charge de travail augmenter considérablement et doivent réaliser désormais toutes les étapes des travaux aux champs, y compris les plus difficiles comme la moisson.
Dans les villes, la conduite des transports en commun était considérée comme un métier masculin et les femmes doivent donc suivre une formation pour en apprendre les rudiments.
Enfin, même si les femmes ont aussi toujours travaillé dans le milieu ouvrier, les « munitionnettes » sont
contraintes d’effectuer des opérations extrêmement fatigantes qui ont des conséquences sur leur santé. Certaines femmes, à l’image d’Hélène Brion, refusent de participer à cet effort de guerre, développent des discours pacifistes et réclament des droits politiques, ce qui remet en cause l’Union sacrée mise en place au début du conflit.
Dans les villes, la conduite des transports en commun était considérée comme un métier masculin et les femmes doivent donc suivre une formation pour en apprendre les rudiments.
Enfin, même si les femmes ont aussi toujours travaillé dans le milieu ouvrier, les « munitionnettes » sont
contraintes d’effectuer des opérations extrêmement fatigantes qui ont des conséquences sur leur santé. Certaines femmes, à l’image d’Hélène Brion, refusent de participer à cet effort de guerre, développent des discours pacifistes et réclament des droits politiques, ce qui remet en cause l’Union sacrée mise en place au début du conflit.
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Les Gardiennes de Xavier Beauvois est un film adapté du roman d’Ernest Pérochon paru en 1924. Il raconte la vie d’une famille de paysans pendant la Première Guerre mondiale.
Hortense, la mère et propriétaire de la ferme, est aidée par sa fille Solange et par une autre jeune femme, Francine. Les hommes sont au front. Le quotidien est rythmé par les travaux ménagers et agricoles, par l’annonce des décès et par l’attente du retour des soldats. |
La main-d’œuvre de remplacement est aussi constituée de prisonniers de guerre, d’immigrés, de travailleurs coloniaux ou d’affectés spéciaux.
3. La mobilisation des esprits
L’expression des artistes et des intellectuels a aussi un rôle important. De nombreux écrivains dénoncent les atrocités des combats, comme Romain Rolland qui s’oppose à la culture de guerre et prône le pacifisme.
D’autres semblent défendre la guerre, à l’image des intellectuels allemands qui signent le Manifeste des 93 en octobre 1914. De nombreuses œuvres reflètent le désarroi, l’effroi des artistes devant la guerre, à l’instar de celle du peintre allemand Otto Dix. |
Otto Dix (1891-1969) « der Krieg » ou « La Guerre », célèbre triptyque réalisé entre 1929 et 1932, conservé à Dresde, en Allemagne.
Le document 1 est un extrait de la Crise de l’esprit, de Paul Valéry, publié en 1919 et composé de lettres et discours.
La phrase surlignée en gras est une citation très connue de l’auteur, qui résume le propos de l’extrait et les inquiétudes des contemporains de la guerre. Elle fait écho à une autre citation que l’on trouve dans la première lettre de l’ouvrage : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes
mortelles ». Paul Valéry, grand lecteur de Bergson, d’Einstein ou de Langevin, axe ses réflexions pendant la guerre sur le savoir et ses utilisations. Au lendemain de la guerre, il interroge la responsabilité des élites intellectuelles et les valeurs de la civilisation (« savoir et devoir, vous êtes donc suspects » lignes 8 et 9) et anticipe sur un avenir sombre (« le savoir, qui était une valeur de consommation, devient une valeur d’échange » lignes 12-13).
Dans le cadre de la guerre totale, les sciences, comme toutes les énergies et ressources des pays en guerre, sont mobilisées.
La Première Guerre mondiale prête ainsi à de très grandes avancées, à la fois en médecine et en chirurgie, mais aussi dans les sciences physiques, les mathématiques et la chimie.
Ainsi, dans son témoignage sur les conditions de vie au front (Orages d’acier, publié en 1920), Ernst Jünger présente la guerre comme une guerre scientifique.
La conférence internationale de La Haye en 1899 permet des avancées en matière de droit international humanitaire, de désarmement ou d’interdiction de certaines armes (comme les gaz). La Grande Guerre se caractérise pourtant par l’utilisation massive d’armes de destruction, et l’invention de nouvelles, comme les lance-flammes ou les gaz toxiques.
La Première Guerre mondiale prête ainsi à de très grandes avancées, à la fois en médecine et en chirurgie, mais aussi dans les sciences physiques, les mathématiques et la chimie.
Ainsi, dans son témoignage sur les conditions de vie au front (Orages d’acier, publié en 1920), Ernst Jünger présente la guerre comme une guerre scientifique.
La conférence internationale de La Haye en 1899 permet des avancées en matière de droit international humanitaire, de désarmement ou d’interdiction de certaines armes (comme les gaz). La Grande Guerre se caractérise pourtant par l’utilisation massive d’armes de destruction, et l’invention de nouvelles, comme les lance-flammes ou les gaz toxiques.
En 1906, Marie Curie prend la succession à la faculté des sciences de son mari, juste décédé dans un accident de voiture. Ainsi pour la première fois, une femme entre dans le haut enseignement, et
devient professeure de physique à la Sorbonne. Son premier cours, le 5 novembre 1906, est un événement auquel participent étudiants, journalistes et curieux, et aurait pu être ajouté dans la chronologie. À la veille de la guerre, elle est une scientifique reconnue, récompensée par un second Nobel, et médiatique, dans un sens positif comme négatif : elle doit supporter des campagnes à connotation xénophobe à son égard, dues à sa liaison avec le scientifique Paul Langevin. |
Marie Curie a mis son savoir scientifique concernant les rayons X au service d’innovations techniques, les
« petites Curie » ( petites unités de radiologie mobiles), pour que la radiologie s’installe sur le front.
Elle participe dès lors aux progrès de la médecine de guerre. Sa mobilisation scientifique et technique illustre l’adhésion massive au conflit des intellectuels et des universitaires.
Le choix de Marie Curie de s’engager pour la nation et les combattants est celui de nombreux civils entre 1914 et 1918 : la mobilisation humaine à l’arrière est déterminante durant le conflit. Ce personnage
est d’autant plus emblématique que c’est une femme. De ce fait, elle est d’ailleurs confrontée aux restrictions militaires et sociales qui limitent les déplacements féminins. Mais elle parvient à s’en affranchir et donne de la visibilité à la mobilisation d’autres femmes qu’elle forme en radiologie pour remplacer les hommes partis au front. Elle contribue dès lors à l’émancipation féminine, cela jusque dans l’après-guerre.
« petites Curie » ( petites unités de radiologie mobiles), pour que la radiologie s’installe sur le front.
Elle participe dès lors aux progrès de la médecine de guerre. Sa mobilisation scientifique et technique illustre l’adhésion massive au conflit des intellectuels et des universitaires.
Le choix de Marie Curie de s’engager pour la nation et les combattants est celui de nombreux civils entre 1914 et 1918 : la mobilisation humaine à l’arrière est déterminante durant le conflit. Ce personnage
est d’autant plus emblématique que c’est une femme. De ce fait, elle est d’ailleurs confrontée aux restrictions militaires et sociales qui limitent les déplacements féminins. Mais elle parvient à s’en affranchir et donne de la visibilité à la mobilisation d’autres femmes qu’elle forme en radiologie pour remplacer les hommes partis au front. Elle contribue dès lors à l’émancipation féminine, cela jusque dans l’après-guerre.
Galvaniser les esprits = Dès le début du conflit, l’État exerce un contrôle étroit sur l’information. La censure frappe la presse et le contrôle postal supervise le courrier échangé entre le front et l’arrière. Les pouvoirs publics organisent une intense propagande patriotique et xénophobe par le moyen de communiqués officiels ou d’affiches. À Paris, la station de métro « Berlin » prend le nom de la ville belge de Liège. La propagande est relayée par l’école, les journaux, la publicité, les cartes postales et les objets du quotidien. Elle devient un argument commercial et contribue à la diffusion d’une culture de guerre. En 1915, le journal Le Canard enchaîné est créé en réaction à la censure et au « bourrage de crâne ». |
B.Les civils victimes de la guerre
1. Les civils, victimes directes de la violence de guerre
• Les civils tués par les militaires = La guerre totale brouille la limite entre le front et l’arrière. En août 1914, 6 000 civils sont massacrés lors de l’avancée de l’armée allemande en Belgique et au nord de la France. À partir de 1915, ils deviennent la cible d’attaques militaires (premiers bombardements stratégiques et torpillage de bateaux de marchandises par les sous-marins allemands).
• Les civils confrontés à l’occupation de l’armée ennemie = L’avancée des armées ennemies entraîne l’exode de milliers de personnes. Au nord-est de la France, en Belgique et dans l’ouest de l’Empire russe, les civils sont confrontés à l’occupation durable de leurs territoires par l’armée allemande qui fait pression sur les populations. Elle recourt au travail forcé et pratique la déportation. En 1916 et en 1918, 20 000 civils du Nord de la France sont déportés comme otages en Allemagne.
En 1916, la déportation de jeunes femmes de Roubaix, Tourcoing et Lille dans des camps mixtes où elles sont contraintes aux travaux agricoles et à des examens gynécologiques choque l’opinion internationale. Quant aux « rapatriés » qui ont fui leurs régions dévastées, ils concernent de nombreuses nationalités :
Belges, Français, mais aussi Serbes. Pour la France, il s’agit de 2 millions de personnes. Les associations philanthropiques accompagnent la prise en charge par l’État des réfugiés qui sont souvent mal accueillis à l’arrière : la notion d’aide humanitaire se dessine alors.
• Les civils tués par les militaires = La guerre totale brouille la limite entre le front et l’arrière. En août 1914, 6 000 civils sont massacrés lors de l’avancée de l’armée allemande en Belgique et au nord de la France. À partir de 1915, ils deviennent la cible d’attaques militaires (premiers bombardements stratégiques et torpillage de bateaux de marchandises par les sous-marins allemands).
• Les civils confrontés à l’occupation de l’armée ennemie = L’avancée des armées ennemies entraîne l’exode de milliers de personnes. Au nord-est de la France, en Belgique et dans l’ouest de l’Empire russe, les civils sont confrontés à l’occupation durable de leurs territoires par l’armée allemande qui fait pression sur les populations. Elle recourt au travail forcé et pratique la déportation. En 1916 et en 1918, 20 000 civils du Nord de la France sont déportés comme otages en Allemagne.
En 1916, la déportation de jeunes femmes de Roubaix, Tourcoing et Lille dans des camps mixtes où elles sont contraintes aux travaux agricoles et à des examens gynécologiques choque l’opinion internationale. Quant aux « rapatriés » qui ont fui leurs régions dévastées, ils concernent de nombreuses nationalités :
Belges, Français, mais aussi Serbes. Pour la France, il s’agit de 2 millions de personnes. Les associations philanthropiques accompagnent la prise en charge par l’État des réfugiés qui sont souvent mal accueillis à l’arrière : la notion d’aide humanitaire se dessine alors.
• Les minorités, boucs émissaires des défaites militaires = Dans l’Empire russe, les Juifs, accusés de trahison, sont victimes de pogroms. 500 000 d’entre eux sont déplacés de force. Les Arméniens, minorité chrétienne de l’Empire ottoman, sont victimes d’un génocide : 1,3 million de personnes meurent dans les massacres et les déportations vers les déserts de Syrie et de Mésopotamie
Des exécutions ont également lieu à Constantinople, la capitale de l’Empire ottoman. C’est là que se produit
le « Dimanche rouge », le 24 avril 1915, marqué par la rafle et l’assassinat d’élites arméniennes jugées hostiles à l’État . Cette date est considérée comme le point de départ du génocide.
Enfin, une partie des Arméniens meurt en déportation dans les camps de concentration du désert syrien entre Alep et Deir-es-Zor ou sur les routes qui y mènent. Les victimes des déportations sont principalement des femmes et des enfants ayant échappé aux massacres dans les villes et villages d’Anatolie.
le « Dimanche rouge », le 24 avril 1915, marqué par la rafle et l’assassinat d’élites arméniennes jugées hostiles à l’État . Cette date est considérée comme le point de départ du génocide.
Enfin, une partie des Arméniens meurt en déportation dans les camps de concentration du désert syrien entre Alep et Deir-es-Zor ou sur les routes qui y mènent. Les victimes des déportations sont principalement des femmes et des enfants ayant échappé aux massacres dans les villes et villages d’Anatolie.
Le gouvernement « Jeunes-Turcs » justifie les violences contre les civils par « la défense du pays et la sauvegarde de l’ordre public ». Il soupçonne en effet les Arméniens « de trahison et d’espionnage" car il s’agit d’une minorité chrétienne au sein de laquelle s’affirment des revendications autonomistes et indépendantistes soutenues par la Russie voisine et en guerre contre l’Empire ottoman depuis octobre 1914. Dans un contexte de guerre totale, les Arméniens deviennent donc aux yeux des autorités ottomanes un « ennemi intérieur » qu’il faut combattre tout autant que les armées ennemies. |
2. Des civils mis à l'épreuve
Les civils confrontés aux bouleversements du quotidien = La vie nocturne est perturbée par l’extinction des lumières pour économiser l’énergie ou se protéger des attaques aériennes. Enfin, l’absence des hommes actifs plonge de nombreuses familles dans des situations financières précaires.
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• Les civils éprouvés moralement = La plupart des civils vivent dans l’angoisse permanente de l’annonce de la mort d’un proche mobilisé comme combattant. Les premières semaines de la guerre, qui sont les plus meurtrières du conflit, confrontent d’emblée les populations au deuil de masse.
En France, la loi de 1917 crée le statut de « pupille de la Nation » par lequel l’État assume la charge des orphelins de guerre. |
• Les civils confrontés aux privations = La guerre aggrave les difficultés d’approvisionnement. À partir de 1915, les États prennent des mesures de rationnement pour réagir aux pénuries qui touchent les produits de première nécessité (sucre, charbon).
Celles-ci contribuent à l’inflation qui entraîne une baisse significative du niveau de vie. Les files d’attente se multiplient devant les magasins ; le marché noir se développe. La situation est encore plus difficile en Allemagne à cause du blocus naval britannique. Les ersatz (« produits de remplacement » en allemand) font leur apparition |
3. Des civils en grève ou en révolution
Les grèves de 1917 illustrent la manière dont les civils ont été acteurs de la guerre. La guerre totale entraîne une très large mobilisation des sociétés des pays belligérants. Ainsi, avec l’intense mobilisation industrielle destinée à produire en masse les armes, les munitions et les équipements pour les soldats, les ouvrières et les ouvriers deviennent des acteurs clés de l’effort de guerre. Les munitionnettes deviennent de ce fait une figure emblématique de la mobilisation ouvrière et féminine. Les ouvrières et les ouvriers sont donc l’objet d’une attention particulière de la part des autorités qui redoutent des grèves qui pourraient mettre en péril l’effort de guerre. C’est dans ce but qu’ils incitent les patrons à revaloriser les salaires érodés par l’inflation.
De nombreuses grèves éclatent pourtant en 1917 dans la plupart des pays belligérants.
Elles touchent le secteur des industries d’armement, mais aussi d’autres secteurs industriels, comme
la confection où sont employées les « midinettes ».
Cette contestation prend parfois des accents plus politiques avec des revendications pacifistes et une
remise en cause des Unions sacrées par certains socialistes et syndicalistes en France et en Allemagne.
En Russie, ce mouvement social débouche sur deux révolutions.
Ces grèves aux conséquences variables sont provoquées par les privations et l’exploitation économique que subissent les ouvrières et les ouvriers soumis à des cadences de travail plus intensives et insuffisamment compensées par des augmentations de salaires érodés par les effets de l’inflation. Elles traduisent donc d’une certaine manière le poids de la guerre sur les civils qui en sont les victimes.
De nombreuses grèves éclatent pourtant en 1917 dans la plupart des pays belligérants.
Elles touchent le secteur des industries d’armement, mais aussi d’autres secteurs industriels, comme
la confection où sont employées les « midinettes ».
Cette contestation prend parfois des accents plus politiques avec des revendications pacifistes et une
remise en cause des Unions sacrées par certains socialistes et syndicalistes en France et en Allemagne.
En Russie, ce mouvement social débouche sur deux révolutions.
Ces grèves aux conséquences variables sont provoquées par les privations et l’exploitation économique que subissent les ouvrières et les ouvriers soumis à des cadences de travail plus intensives et insuffisamment compensées par des augmentations de salaires érodés par les effets de l’inflation. Elles traduisent donc d’une certaine manière le poids de la guerre sur les civils qui en sont les victimes.
La première révolution russe qui se produit en février 1917 peut être considérée comme un facteur
du vent de révolte qui traverse l’Europe en guerre au cours de l’année 1917. La chute du tsar
et l’élection d’un soviet à Petrograd contribuent à remobiliser le monde ouvrier dans la défense de
ses intérêts de classe en démontrant l’efficacité de l’action collective.
Ainsi, l’année 1917 correspond à une rupture d’une partie des socialistes et des syndicats avec les Unions sacrées mises en place dans leurs pays respectifs dès le déclenchement de la guerre en 1914.
En France et en Allemagne, certains socialistes et certains dirigeants syndicaux appellent à la solidarité entre les peuples et à la « grève générale » pour mettre fin à la guerre.Ce retour de la lutte des classes dans les sociétés en guerre inquiète les gouvernements des États belligérants hostiles au pacifisme et pour lesquels la paix ne peut qu’être le résultat d’une victoire militaire contre l’ennemi.
Le mouvement social mettant en péril la mobilisation industrielle et culturelle, les gouvernements cherchent par tous les moyens à éteindre la vague de contestation. Ils prennent des mesures de surveillance policière
et de répression militaire.
L’État cherche aussi à réduire l’influence des meneurs syndicalistes en les envoyant au front .
À l’exception de la Russie où éclate une deuxième Révolution qui permet à Lénine et aux Bolcheviks
de prendre le pouvoir en octobre 1917, ces mesures contribuent à la remobilisation des sociétés en
guerre et à éviter ou bien à repousser – au moins temporairement pour l’Allemagne – le péril révolutionnaire.
du vent de révolte qui traverse l’Europe en guerre au cours de l’année 1917. La chute du tsar
et l’élection d’un soviet à Petrograd contribuent à remobiliser le monde ouvrier dans la défense de
ses intérêts de classe en démontrant l’efficacité de l’action collective.
Ainsi, l’année 1917 correspond à une rupture d’une partie des socialistes et des syndicats avec les Unions sacrées mises en place dans leurs pays respectifs dès le déclenchement de la guerre en 1914.
En France et en Allemagne, certains socialistes et certains dirigeants syndicaux appellent à la solidarité entre les peuples et à la « grève générale » pour mettre fin à la guerre.Ce retour de la lutte des classes dans les sociétés en guerre inquiète les gouvernements des États belligérants hostiles au pacifisme et pour lesquels la paix ne peut qu’être le résultat d’une victoire militaire contre l’ennemi.
Le mouvement social mettant en péril la mobilisation industrielle et culturelle, les gouvernements cherchent par tous les moyens à éteindre la vague de contestation. Ils prennent des mesures de surveillance policière
et de répression militaire.
L’État cherche aussi à réduire l’influence des meneurs syndicalistes en les envoyant au front .
À l’exception de la Russie où éclate une deuxième Révolution qui permet à Lénine et aux Bolcheviks
de prendre le pouvoir en octobre 1917, ces mesures contribuent à la remobilisation des sociétés en
guerre et à éviter ou bien à repousser – au moins temporairement pour l’Allemagne – le péril révolutionnaire.