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Comment les façons de penser, faire et sortir de la guerre ont-elles évolué depuis le XVIIe s. ?
Introduction : Formes de conflits et
tentatives de paix dans le monde actuel
tentatives de paix dans le monde actuel
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. La question de la paix
Éditorial d’Albert Camus dans la revue Combat du 8 Août 1945.
« Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l’avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.
En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d’aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à moins d’idéalisme impénitent, ne songera à s’en étonner.
Les découvertes doivent être enregistrées, commentées selon ce qu’elles sont, annoncées au monde pour que l’homme ait une juste idée de son destin. Mais entourer ces terribles révélations d’une littérature pittoresque ou humoristique, c’est ce qui n’est pas supportable.
Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu’une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d’être définitive. On offre sans doute à l’humanité sa dernière chance. Et ce peut-être après tout le prétexte d’une édition spéciale. Mais ce devrait être plus sûrement le sujet de quelques réflexions et de beaucoup de silence.
[…]
Qu’on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d’Hiroshima et par l’effet de l’intimidation, nous nous en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d’une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d’une véritable société internationale, où les grandes puissances n’auront pas de droits supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l’intelligence humaine, ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État.
Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison. »
« Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l’avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.
En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d’aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à moins d’idéalisme impénitent, ne songera à s’en étonner.
Les découvertes doivent être enregistrées, commentées selon ce qu’elles sont, annoncées au monde pour que l’homme ait une juste idée de son destin. Mais entourer ces terribles révélations d’une littérature pittoresque ou humoristique, c’est ce qui n’est pas supportable.
Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu’une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d’être définitive. On offre sans doute à l’humanité sa dernière chance. Et ce peut-être après tout le prétexte d’une édition spéciale. Mais ce devrait être plus sûrement le sujet de quelques réflexions et de beaucoup de silence.
[…]
Qu’on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d’Hiroshima et par l’effet de l’intimidation, nous nous en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d’une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d’une véritable société internationale, où les grandes puissances n’auront pas de droits supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l’intelligence humaine, ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État.
Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison. »
Messieurs, la paix, pour l'Allemagne et pour la France, cela veut dire : c'en est fini de la série des rencontres douloureuses et sanglantes dont toutes les pages de l'histoire sont tachées ; c'en est fini des longs voiles de deuil sur des souffrances qui ne s'apaiseront jamais ; plus de guerres, plus de solutions brutales et sanglantes à nos différends ! Certes, ils n'ont pas disparu, mais, désormais, c'est le juge qui dira le droit. Comme les individus, qui s'en vont régler leurs difficultés devant le magistrat, nous aussi nous réglerons les nôtres par des procédures pacifiques. Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à la conciliation, a l'arbitrage, à la paix !
Aristide Briand Discours prononcé à l'occasion de l'entrée de l'Allemagne à la Société des Nations 10 septembre 1926...( sera prix Nobel de la paix la même année)
Aristide Briand Discours prononcé à l'occasion de l'entrée de l'Allemagne à la Société des Nations 10 septembre 1926...( sera prix Nobel de la paix la même année)
Ellen Johnson Sirleaf, Leymah Gbowee et Tawakkul Karman, en 2011, pour « leur lutte non violente en faveur de la sécurité des femmes et de leurs droits à participer aux processus de paix »
A. La dimension politique de la guerre,
des conflits interétatiques aux enjeux
transnationaux
des conflits interétatiques aux enjeux
transnationaux
Comment les Etats ont-ils fait évoluer leurs façons de penser et de faire la guerre depuis le milieu du XVIIIe s. ?
La pensée de Clausewitz, fondée sur la description et l’analyse des guerres régulières et symétriques dans l’Europe du XVIIIe et du début du XIXe siècle, permet-elle de comprendre et d’expliquer les conflits actuels ?
La pensée de Clausewitz, fondée sur la description et l’analyse des guerres régulières et symétriques dans l’Europe du XVIIIe et du début du XIXe siècle, permet-elle de comprendre et d’expliquer les conflits actuels ?
I) Un modèle pour penser et faire la guerre : l’œuvre de
Clausewitz
Clausewitz
a) une vie consacrée à la guerre et à la grandeur de la Prusse
b) le modèle clausewitzien de la guerre
II) "La continuation de la politique par d'autres moyens" (Clausewitz) : De la guerre de Sept ans aux guerres napoléoniennes
Ci dessous quelques indications pour les exposés
En quoi les guerres de la fin de l’époque moderne illustrent-elles le modèle clausewitzien de la guerre ?
a) la guerre de Sept ans (1756 / 1763) : une guerre limitée ?
Dans quelle mesure la guerre de Sept Ans correspond-t-elle au modèle de la « guerre réelle » tel que le définit Clausewitz ?
b) les guerres de la Révolution et de l'empire (1792 / 1815): vers la "guerre absolue"
Montrez que les guerres révolutionnaires et napoléoniennes signent l’entrée dans la guerre de masses, en rupture avec les guerres précédentes ?
Pourquoi, selon R. Girard et selon vos connaissances, ce changement favoriserait-il « une montée aux extrêmes » et une radicalisation de la guerre, caractéristiques de la « guerre absolue » ?
Pourquoi, selon R. Girard et selon vos connaissances, ce changement favoriserait-il « une montée aux extrêmes » et une radicalisation de la guerre, caractéristiques de la « guerre absolue » ?
III) le modèle de Clausewitz à l'épreuve des "guerres
irrégulières": d'Al-qaïda à Daech.
irrégulières": d'Al-qaïda à Daech.
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. « pourquoi et comment Palmyre est-elle instrumentalisée par Daesh ? »
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Paul Veyne raconte la grandeur de Palmyre » par La Grande Librairie / La 5 (2015) 3 premières minutes
observer et noter pourquoi Palmyre focalise l’attention de Daech lors de son extension. Relever les points de vue émis ou véhiculés sur l’appropriation du site par Daesh.
-répondre à la question « pourquoi et comment Palmyre est-elle instrumentalisée par Daesh ? »
-répondre à la question « pourquoi et comment Palmyre est-elle instrumentalisée par Daesh ? »
B. Le défi de la construction de la paix
•- Comment ont été expérimentés depuis le XVIIe des systèmes de paix différents, prétendant tirer des leçons des guerres et des échecs des systèmes précédents ?
•- N’y-a-t-il que des paix armées et précaires ou une paix durable fondée sur le droit et le consentement de toutes les parties est-elle possible ?
•- N’y-a-t-il que des paix armées et précaires ou une paix durable fondée sur le droit et le consentement de toutes les parties est-elle possible ?
I) Le temps des systèmes de paix assurés par les traités entre Etats et l’équilibre des puissances (de 1648 à 1914)
A) L’invention du système westphalien de la paix
a) Les buts de la paix de Westphalie : mettre fin à une « débauche de guerre » (H. Grotius)
« Les choses que j’avais vues et entendues ce même jour occupèrent sans relâche ma réflexion; […] mais en ma niaiserie je ne pus rien imaginer, sinon conclure qu’il y avait sûrement deux sortes de gens qui ne descendaient pas du seul Adam, mais qu’il y en avait de sauvages et d’apprivoisés, comme d’autres animaux dépourvus de raison, puisqu’ils se persécutaient les uns les autres si cruellement. » |
Gérard Ter Borch (1617-1681), la ratification de la paix de Münster le 15 mai 1648, Rijkmuseum, Amsterdam.
b) Les termes de la paix de Westphalie
c) Le système westphalien : une révolution du droit international ?
B) Le système westphalien de la paix : quelle durabilité ?
II) Faire la paix par la sécurité collective:
Pour récupérer le cours télécharger le fichier ci dessous
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A) Une première expérimentation avortée de sécurité collective : la Société des Nations (1919-1945)
B) Une seconde expérimentation de la sécurité collective toujours en cours : l’Organisation des Nations Unies (1945 à nos jours)
1. L’ONU : histoire, principes et fonctionnement (exposé)
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2. Les actions de l'ONU sous les mandats de Kofi Annan (exposé)
C. Le Moyen Orient : conflits régionaux
et tentatives de paix
et tentatives de paix
I) Une région conflictogène: des facteurs permanents de conflits
. Un espace d'une grande complexité culturelle
Une grande diversité ethnique : La région est une mosaïque complexe de peuples qui ont souvent été rivaux au cours de l'histoire. Trois grands peuples composent l'essentiel de la population du MO : les Arabes (190 millions) en Égypte, dans la péninsule arabique et le Croissant fertile, les Perses (ou Iraniens, 65 millions), les Turcs (60 millions) sur le plateau anatolien. Ces trois grands peuples ont successivement imposé leur domination au cours de l'histoire, ce qui nourrit encore des rancœurs et des rivalités de nos jours : les derniers à avoir dominé une part importante de la région sont les Turcs, au temps de l'Empire ottoman. L'entente n'a pas toujours été facile entre ces trois peuples au cours du 20ème siècle et les conflits au MO se sont souvent doublés d'une dimension ethnique : exemple de la guerre Iran-Irak entre 1980 et 1988, qui recouvre des enjeux religieux, politiques et ethniques. |
Ne pas oublier la présence d'autres peuples minoritaires : Les Kurdes (entre 25 et 30 millions) présents en Turquie, Syrie, Irak et Iran) = n'a pas obtenu d'État après le redécoupage de la région après la 1GM, sont régulièrement victimes de discriminations, voire de persécutions selon les pays et les périodes Les Israéliens quant à eux sont 5,5 millions. La présence de la plupart d'entre eux résulte d'une immigration juive récente en Palestine qui commence au début du 20ème siècle. La rivalité entre Israël et les populations arabes est un conflit politique de territoire, qui n'a strictement rien de religieux à l'origine. La terre reste l'enjeu principal de ce conflit.
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Une grande diversité religieuse = Le Moyen-Orient est le berceau des trois grandes religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l'islam. Les musulmans sont les plus nombreux : l'islam est divisé en deux branches principales, elles-mêmes subdivisées en différents courants. Les deux grands courants sont divisés très tôt sur la question de la succession de Mohammed : le sunnisme est la branche majoritaire. Il regroupe 90 % environ des croyants, Le chiisme est la branche minoritaire qui regroupe environ 10 % des musulmans : ils sont majoritaires en Iran. La guerre entre l'Iran et l'Irak (1980 – 1988) intègre cette dimension religieuse : l'Iran chiite face à un Irak aux mains de la minorité sunnite à l'époque (Saddam Hussein était sunnite). Les chrétiens constituent une minorité de 10 millions de personnes environ, regroupées en 11 communautés différentes : la plupart en Égypte (les coptes), d'autres au Liban (les maronites), en Irak (les chaldéens), en Syrie, en Turquie (minorité arménienne)... La survie de certaines de ces communautés est menacée par les troubles politiques des années 2000 – 2010 : c'est particulièrement le cas des chrétiens d'Irak qui font les frais de la guerre civile et sont régulièrement décimés. Certaines de ces Églises chrétiennes reconnaissent l'autorité de Rome, d'autres sont orthodoxes, d'autres sont autonomes... Les juifs étaient autrefois dispersés dans tout le Moyen-Orient. Ils sont désormais réunis pour une très grande majorité d'entre eux dans les frontières d'Israël (5,5 millions). Les lieux saints des trois grands monothéismes se trouvent ici : Les principaux lieux saints de l'islam se trouvent en Arabie Saoudite à la Mecque (la Kaaba) et à Médine (la mosquée du Prophète).
La ville de Jérusalem a une place particulière : elle est une ville trois fois sainte : la colline qui se trouve au centre de Jérusalem est appelée mont du Temple par les juifs ou esplanade des Mosquées par les musulmans : le soubassement de cette esplanade est constitué par le « mur des Lamentations », unique vestige du second grand Temple de Jérusalem construit à l'époque du roi Hérode et détruit au premier siècle par les Romains. Sur l'esplanade, les Arabes ont construit à partir du 7ème siècle le Dôme du Rocher, sur le site supposé du sacrifice d'Isaac par son père Abraham. La mosquée Al-Aqsa est aussi un lieu saint pour l'islam. Pour les chrétiens, cette colline abrite des épisodes de la vie de Jésus, en particulier l'emplacement supposé de la crucifixion et de la mise au tombeau de Jésus. A cet endroit a été édifiée la Basilique du Saint-Sépulcre. La présence de tous ces lieux saints à Jérusalem a cristallisé les tensions entre les juifs et les musulmans. Aujourd'hui encore, la maîtrise de ces lieux et de ses accès est source de tensions.
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. Une région stratégique et des ressources qui attirent les convoitises . Une position stratégique : La situation du MO est stratégique et en fait de longue date une région à contrôler : carrefour entre la Méditerranée et l'Océan Indien, à la jonction de trois continents (Europe, Afrique et Asie), lieu de passage entre Occident et Orient depuis l'Antiquité et pendant tout le Moyen Age. La construction d'un canal sur l'isthme de Suez, terminé en 1869 achève d'en faire une région-clé pour les grandes puissances européennes pour relier directement l'Atlantique Nord à l'Océan Indien sans avoir à contourner l'Afrique. Ainsi, tout au long du XIXème siècle, Français, Anglais et Russes sont rivaux pour le contrôle de cette région. Les détroits sont donc potentiellement des lieux de tensions et de conflits entre les puissances de la région ou les pays industrialisés qui cherchent à contrôler leurs approvisionnements énergétiques (États-Unis, Chine, Japon et Union européenne) |
portes-porte-conteneurs empruntant le canal de Suez
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Les hydrocarbures = La découverte d'hydrocarbures au MO a considérablement renforcé l'enjeu stratégique de la zone. La région fournit 30 % de la production mondiale mais elle détient 60 % des réserves de pétrole. Un fossé s'est créé à l'échelle régionale entre les pays producteurs et les pays qui ne possèdent pas de gisements d'hydrocarbures (Turquie, Afghanistan, Liban). L'exploitation des hydrocarbures fait l'objet d'une concurrence acharnée entre les grandes puissances. L'exploitation débute en 1908, d'abord au bénéfice principal des majors : grandes compagnies américaines (Standard Oil, Texaco, Mobil) ou européennes (BP, Royal Dutch Shell). Progressivement les majors sont contraints d'augmenter les royalties (redevances) qu'elles reversent aux pouvoirs locaux. Après les indépendances des pays du MO et la 2GM, la question du contrôle de l'exploitation du pétrole devient essentielle pour les États du MO. En 1960, l'Iran, l'Irak, l'AS et le Koweït fondent l'OPEP pour peser sur les cours mondiaux du pétrole maintenus artificiellement très bas par les majors. En octobre 1973, lors de la guerre du Kippour, l'OPEP utilise le pétrole comme arme stratégique contre Israël et les EU : c'est le choc pétrolier et les prix sont brutalement multipliés par 4. Depuis 1973, les prix n'ont cessé d'augmenter, de 3 $ le baril à plus de 100 en 2011. Le pétrole est un enjeu majeur dans les conflits de la seconde moitié du XXème siècle, à toutes les échelles. Exemple des guerres du Golfe : en août 1990, l'Irak attaque le Koweït pour s'approprier ses ressources en pétrole et les USA (et l'ONU) interviennent en février 1991 pour sécuriser et contrôler l'approvisionnement en pétrole dans le Golfe. |
L'eau = Dans un milieu climatique aride, l'eau est rare et donc très convoitée. De plus, la pression démographique importante multiplie les besoins domestiques, urbains et agricoles en eau. Deux exemples d'hydro conflits majeurs : Entre la Turquie et les pays de l'aval : les eaux du Tigre et surtout de l'Euphrate sont un facteur de tensions dans la région. Le GAP (Projet de Développement de l'Anatolie, consistant à construire une vingtaine de barrages en Turquie) a fait diminuer le débit du fleuve à son entrée en Syrie. - Entre Israël et la Palestine : la dimension économique et la question de l'eau sont cruciales et pourtant très méconnues dans ce conflit : depuis 1967, Israël contrôle le plateau du Golan, où le Jourdain prend sa source.
des constructions étatiques fragiles
La région a donc été directement sous influence des grandes puissances. Or, les conflits qui l’ont traversé et traversent encore sont en partie hérités de cette influence. Un premier facteur de conflit dans la région est l’instabilité des frontières. En effet, les Britanniques et les Français ont tracé les frontières sans tenir compte des réalités humaines, économiques et historiques – pour répondre à des préoccupations stratégiques britanniques et françaises, sur fond de rivalités pétrolières = Un découpage en frontières artificielles |
Ils vont découper les territoires sans tenir compte des réalités locales et en fonction de leurs intérêts sur place. Ainsi, les Français et Britanniques ont pu créer des entités nationales fragiles (Liban, Irak) ou au contraire séparer des peuples (Kurdes). Des nations ont été créées artificiellement, ce qui a alimenté les tensions dans la région. Les frontières morcellent la région et sont souvent discutées voire niées – ce qui engendre des conflits.
Ainsi les kurdes qui auraient pu former une entité nationale ont été répartis entre plusieurs États. Les Kurdes se trouvent éparpillés principalement dans quatre pays (nord-ouest de l’Iran, nord de l’Irak, est de la Syrie et, surtout, est de la Turquie).
Ainsi les kurdes qui auraient pu former une entité nationale ont été répartis entre plusieurs États. Les Kurdes se trouvent éparpillés principalement dans quatre pays (nord-ouest de l’Iran, nord de l’Irak, est de la Syrie et, surtout, est de la Turquie).
L’enchevêtrement des peuples a rendu impossible la création d'état nation, il en découle des déplacements de populations volontaires ou forcées et le problème des réfugiés
Nasser
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C'est un espace qui se caractérise par l'absence de réelle tradition démocratique...et la domination d'un groupe communautaire religieux, ethnique ou tribal...à l'exception d'Israël qui vit comme une démocratie en guerre, tiraillée par ses débats internes Un peu partout se présentent des régimes politiques variés où s'opposent: Régimes démocratiques ou autoritaires régimes modernistes laïcs ou conservateurs religieux, régimes de droite ou de gauche, pro américains ou pro soviétiques durant la guerre froide. A partir des années 1950 s'opposent 2 visions du monde arabe: le panarabisme, porté notamment par Nasser = créer la nation arabe, socialiste et laïque...incarnant le progressisme, le modernisme. Face à ce discours progressiste, unificateur mais jugé révolutionnaire et dangereux le conservatisme du wahhabisme porté par la monarchie saoudienne l'échec du panarabisme va conduire à la mise en place d'états autoritaires contrôles par l'armée: Egypte, Irak ou la Syrie d'Hafez el Assad. Il en découle de profondes rivalités entre les états de la région qui se livrent une lutte d'influence sans merci. |
L’importance du facteur démographique
Les États du Proche et du Moyen-Orient ont un poids démographique très inégal. Trois pays se distinguent comme puissances démographiques : en 2017, la Turquie et l’Iran comptent près de 80 millions d’habitants et l’Égypte plus de 90 millions (contre 80 en 2009). Les monarchies pétrolières du Golfe ont des populations beaucoup moins importantes.
Ce déséquilibre démographique est important car un des facteurs de puissance régionale est l’importance numérique de la population. Quoi qu’il en soit, tous ces pays connaissent une forte croissance démographique. Cette forte pression pose la question du développement économique et social (redistribution des revenus du pétrole) et celle des ressources, notamment en eau.
Les États du Proche et du Moyen-Orient ont un poids démographique très inégal. Trois pays se distinguent comme puissances démographiques : en 2017, la Turquie et l’Iran comptent près de 80 millions d’habitants et l’Égypte plus de 90 millions (contre 80 en 2009). Les monarchies pétrolières du Golfe ont des populations beaucoup moins importantes.
Ce déséquilibre démographique est important car un des facteurs de puissance régionale est l’importance numérique de la population. Quoi qu’il en soit, tous ces pays connaissent une forte croissance démographique. Cette forte pression pose la question du développement économique et social (redistribution des revenus du pétrole) et celle des ressources, notamment en eau.
II) Du conflit israélo- arabe au conflit israélo-palestinien:
Prologue: visionnez la vidéo
Patrick Chappatte, « Cycle de la vengeance », The International New York Times, 9 juillet 2014
Le conflit israélo-arabe désigne la série de guerres interétatiques entre Israël et ses voisins arabes : la guerre de 1948-1949, la crise du canal de Suez en 1956, la guerre des Six Jours en 1967, la guerre d’usure en 1967-1970 et la guerre du Kippour en 19737 . Ce conflit n’est pas terminé : la plupart des pays musulmans ne reconnaissent toujours pas l’existence d’Israël. Le conflit israélo-palestinien est plus ancien, commençant avec les émeutes et massacres entre les populations juives et arabes des années 1920 et 1930. La guerre de 1948-1949 entraîne un exode massif de la majorité des Arabes palestiniens (la Nakba), se réfugiant dans les pays voisins. Depuis, les mouvements palestiniens ou pro-palestiniens mènent une lutte asymétrique faite de guérilla et d’attentats.
Ces conflits, liés entre-eux, semblent irrémédiables, malgré de nombreuses négociations et propositions de paix, avec tentatives de médiation de la part de plusieurs gouvernements étrangers. On peut parler d’une guerre sans fin ; le sujet du jalon est limité à cette paix impossible : il porte sur « les tentatives de résolution ».
En quoi le processus de paix israélo-arabe et israélo-palestinien est-il un bon exemple des difficultés à construire la paix ?
Ces conflits, liés entre-eux, semblent irrémédiables, malgré de nombreuses négociations et propositions de paix, avec tentatives de médiation de la part de plusieurs gouvernements étrangers. On peut parler d’une guerre sans fin ; le sujet du jalon est limité à cette paix impossible : il porte sur « les tentatives de résolution ».
En quoi le processus de paix israélo-arabe et israélo-palestinien est-il un bon exemple des difficultés à construire la paix ?
Patrick Chappatte, « La Palestine membre de l’UNESCO », Le Temps, 1er novembre 2011
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Pour y répondre, on peut séparer les deux processus de paix, en montrant d’une part qu’il y a une réussite partielle de résolution du conflit israélo-arabe (il y a eu finalement deux traités de paix), d’autre part que les différentes tentatives de paix israélo-palestiniennes s’éternisent dans l’impasse. |
a. La difficile paix israélo-arabe
La déclaration d’indépendance d’Israël le 14 mai 1948 entraîne la guerre israélo-arabe (la « guerre d’indépendance »), contre l’Égypte, la Transjordanie, la Syrie, l’Irak et le Liban, mais leurs forces, assez réduites et divisées, sont repoussées8 . Des armistices séparés sont signés le 24 février (Égypte), le 23 mars (Liban), le 3 avril (Transjordanie) et le 20 juillet 1949 (Syrie). À l’issu de la conférence de Lausanne, menée sous l’égide onusienne du 27 avril au 12 septembre 1949, l’Égypte occupe la bande de Gaza, tandis que la Transjordanie (devenant la Jordanie à cette occasion) fait de même avec la Cisjordanie9 . Le reste des territoires arabes de Palestine est annexé par Israël ; la ligne d’armistice (la « ligne verte ») sépare désormais Jérusalem en deux. Le 11 mai 1949, Israël devient un État membre de l’ONU, mais sans reconnaissance officielle de la part de ses voisins |
Cette suspension d’armes n’est que temporaire, les différents États se préparant, instaurant le service militaire obligatoire et important massivement de l’armement. Le conflit est à remettre dans le contexte de la guerre froide : il s’agit de guerres par procuration (proxy war).
Face à la montée en puissance des forces armées égyptiennes, Israël décide de frapper préventivement, profitant de la crise de Suez opposant l'Egypte à la France et au Royaume Uni (suite à la nationalisation du canal par Nasser ). Le 24 octobre 1956, Israël mobilise. Le 29, Tsahal envahit Gaza et le Sinaï (opération Kadesh), battant les troupes égyptiennes qui se réfugient derrière le canal de Suez. Le 31 octobre, les Franco-Britanniques bombardent les aérodromes égyptiens, larguent des parachutistes le 5 novembre puis débarquent le 6 novembre à Port-Saïd. La menace soviétique permet un cessez-le-feu le 7 novembre, l’ONU obtenant la démilitarisation du Sinaï. |
Ce retour au calme dure une décennie, mais le conflit reprend en 1965 à propos du partage des eaux du Jourdain. En 1966, la Syrie s’allie avec l’Égypte, puis avec la Jordanie. Le 16 mai 1967, l’Égypte déploie ses troupes dans le Sinaï et ordonne aux casques bleus (en interposition) de partir, tandis qu’Israël mobilise de nouveau.
Le 5 juin 1967 au matin, un nouveau conflit débute. Dans le Sinaï, les combats virent au désastre pour les troupes égyptiennes, enfoncées dès le premier jour, leur débâcle ne s’arrêtant qu’au canal. Jérusalem et la Cisjordanie sont conquis sur la Jordanie, le plateau du Golan sur la Syrie. La Jordanie obtient un cessez-le-feu dès le 7 juin, l’Égypte le 8 et la Syrie le 10 ; d’où le nom de guerre des Six Jours.
Le 5 juin 1967 au matin, un nouveau conflit débute. Dans le Sinaï, les combats virent au désastre pour les troupes égyptiennes, enfoncées dès le premier jour, leur débâcle ne s’arrêtant qu’au canal. Jérusalem et la Cisjordanie sont conquis sur la Jordanie, le plateau du Golan sur la Syrie. La Jordanie obtient un cessez-le-feu dès le 7 juin, l’Égypte le 8 et la Syrie le 10 ; d’où le nom de guerre des Six Jours.
Les épaves de deux Magach 6 israéliens
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Israël a conquis des glacis protecteurs et entend les garder, malgré la demande onusienne de retrait . En réaction, les États membres de la Ligue arabe réunis en sommet à Khartoum le 1er septembre 1967 se mettent d’accord sur trois principes : pas de négociation, pas de paix, ni de reconnaissance. L’URSS rompt ses relations diplomatiques avec Israël à cause des territoires occupés (elles ne seront rétablies qu’en 1991). |
Le 6 octobre 1973, alors que les juifs fêtent Yom Kippour et que les musulmans sont en plein ramadan, les forces armées égyptiennes et syriennes attaquent par surprise sur le canal de Suez et le plateau du Golan: c'est le début de la guerre du Kippour.
Les Égyptiens franchissent le canal dès le premier jour, Tsahal, renforcée par l’arrivée des réservistes, lance des contre-attaques du 7 au 9 ; toutes sont repoussées. Le 8, le gouvernement israélien ordonne de préparer des frappes nucléaires ; pour éviter cette escalade, le gouvernement américain accepte de ré-équiper Tsahal.
L’URSS fait de même avec la Syrie.
Le 19, les pays arabes exportateurs de pétrole (l’OPAEP) décident un embargo sur les ventes déclenchant le premier choc pétrolier.
Sur le Golan, les troupes israéliennes ont repris leurs positions d’origine dès le 9. À partir du 11, elles avancent en direction de Damas. Le 14 octobre, une vaste attaque égyptienne contre les positions israéliennes se solde par un échec.
La contre-attaque israélienne encercle la 3e armée égyptienne.
Le 22 octobre, la résolution 338 du Conseil de l’ONU appelle à un cessez-le-feu, que l’URSS et les ÉtatsUnis imposent aux belligérants. Des combats reprennent le 23 puis le 26, d’où les résolutions 339 (le 23) et 340 (le 25). Des pourparlers de désengagement sont menés le 28 entre un général israélien et son homologue égyptien, avec interposition de casques bleus et échanges de prisonniers.
La conférence de Genève débute le 21 décembre 1973, avec l’ONU, l’URSS, les Etats-Unis, l’Égypte, Israël et la Jordanie ; la Syrie refuse de participer à cause de l’absence des Palestiniens.
La conférence est close le 9 janvier 1974, sans résultat... quelques jours plus tard sont signés les accords israélo-égyptien du 18 janvier 1974 (Sinaï I : évacuation de la zone à l’ouest du canal) et israélo-syrien du 31 mai 1974 (retour aux positions d’origine sur le Golan).
Les Égyptiens franchissent le canal dès le premier jour, Tsahal, renforcée par l’arrivée des réservistes, lance des contre-attaques du 7 au 9 ; toutes sont repoussées. Le 8, le gouvernement israélien ordonne de préparer des frappes nucléaires ; pour éviter cette escalade, le gouvernement américain accepte de ré-équiper Tsahal.
L’URSS fait de même avec la Syrie.
Le 19, les pays arabes exportateurs de pétrole (l’OPAEP) décident un embargo sur les ventes déclenchant le premier choc pétrolier.
Sur le Golan, les troupes israéliennes ont repris leurs positions d’origine dès le 9. À partir du 11, elles avancent en direction de Damas. Le 14 octobre, une vaste attaque égyptienne contre les positions israéliennes se solde par un échec.
La contre-attaque israélienne encercle la 3e armée égyptienne.
Le 22 octobre, la résolution 338 du Conseil de l’ONU appelle à un cessez-le-feu, que l’URSS et les ÉtatsUnis imposent aux belligérants. Des combats reprennent le 23 puis le 26, d’où les résolutions 339 (le 23) et 340 (le 25). Des pourparlers de désengagement sont menés le 28 entre un général israélien et son homologue égyptien, avec interposition de casques bleus et échanges de prisonniers.
La conférence de Genève débute le 21 décembre 1973, avec l’ONU, l’URSS, les Etats-Unis, l’Égypte, Israël et la Jordanie ; la Syrie refuse de participer à cause de l’absence des Palestiniens.
La conférence est close le 9 janvier 1974, sans résultat... quelques jours plus tard sont signés les accords israélo-égyptien du 18 janvier 1974 (Sinaï I : évacuation de la zone à l’ouest du canal) et israélo-syrien du 31 mai 1974 (retour aux positions d’origine sur le Golan).
Le Caire ayant fait un renversement d’alliance en se rapprochant des Etats-Unis, ces derniers peuvent relancer le processus de paix entre l’Égypte et Israël, dans le contexte de la Détente. Pour la première fois, ils acceptent de négocier un accord politique, échangeant la reconnaissance d’Israël contre le Sinaï.
Le 4 septembre 1975, il signent à Genève un nouvel accord (Sinaï II : retrait jusqu’à la ligne des cols du Sinaï). Le 9 novembre 1977, le président égyptien Sadate va à Jérusalem et fait un discours à la Knesset (le parlement israélien). Du 5 au 17 septembre 1978, Sadate, Begin et Carter négocient les accords de Camp David. Au final, la paix israélo-égyptienne est signée par le traité de Washington du 26 mars 1979. |
En conséquence, Sadate et Begin reçoivent le Nobel de la paix 1978, l’Égypte est exclue de la Ligue arabe en 1979 (jusqu’à 1989), puis Sadate est assassiné le 6 octobre 1981
Israël n’a plus connu de guerre interétatique depuis près d’un demi-siècle, mais les tensions sont encore très nombreuses sur la période, avec la Syrie , l’Irak, le Liban (1978, 1982, 1996, 2006, 2010), l’Iran (ennemi depuis 1979), le Soudan (frappes de 2009 et 2012) et même l’Égypte (rappels de l’ambassadeur égyptien en 1982, 1988, 2001 et 2005). Israël maintient donc le service militaire obligatoire, garde des armes nucléaires et poursuit sa modernisation (achat des F-35 en 2017).
b. L'échec de la paix israélo-palestinienne
Pour comprendre un peu mieux ce conflit, il faut remonter avant l’indépendance de 1948. L’État actuel d’Israël est né du désir de fonder un État pour les populations juives, idée défendue par le mouvement « sioniste » (en référence à Sion, une colline de Jérusalem), lancé en 1897. Leur immigration en Palestine déclenche des réactions antisémites de la part des Arabes, notamment en 1920, 1929 et 1936-1939.
La Palestine est confiée au Royaume-Uni, sous mandat de la SDN, depuis 1920. Début 1947, le Royaume-Uni, dépassé par le conflit entre les populations juives et arabes, remet son mandat à l’ONU.
La Palestine est confiée au Royaume-Uni, sous mandat de la SDN, depuis 1920. Début 1947, le Royaume-Uni, dépassé par le conflit entre les populations juives et arabes, remet son mandat à l’ONU.
Par la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies le 29 novembre 1947, un partage en deux États est proposé, avec un État juif d’une part et un État arabe d’autre part, Jérusalem restant sous contrôle international. Si les organisations juives acceptent cette solution, elle est rejetée par les États membres de la Ligue arabe (qui ont voté contre), ainsi que par les Arabes palestiniens : une guerre civile éclate immédiatement en Palestine entre les mouvements armés juifs (Haganah et Irgoun) et arabes (aidés par des volontaires venant d’autres pays). L’annonce de la déclaration d’indépendance d’Israël le 14 mai 1948 déclenche dès le lendemain la guerre israélo-arabe de 1948-1949. Environ 750 000 Arabes palestiniens s’enfuient (de peur d’être tués) ou sont expulsés pendant et juste après cette guerre : c’est la nakba, la « catastrophe ». Ils ont interdiction de revenir ensuite et leurs biens immobiliers sont saisis.
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Le retour au calme après les armistices de 1949 ne concernent que les armées étatiques : de petits groupes d’Arabes palestiniens armés, les fedayins, franchissent la ligne verte à partir de 1951 et mènent des raids de guérilla en territoire israélien (s’en prenant aux fermes et villages), d’où des représailles menées par des commandos israéliens, à Gaza et en Cisjordanie (faisant par exemple 69 morts civils à Qibya en 1953). |
Le 10 octobre 1959 est fondé au Koweït le Mouvement de libération de la Palestine, parti surnommé Fatah (la « conquête »). En 1961 naît sur le sol syrien un parti concurrent, le Front de libération de la Palestine. La structuration du nationalisme palestinien est décidée par la Ligue arabe lors de son sommet du Caire des 13-16 janvier 1964. En conséquence, huit mouvements palestiniens (dont le Fatah) se regroupent à Jérusalem-Est (alors sous contrôle jordanien) pour former l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) le 2 juin 1964.
À partir de février 1969, l’OLP a pour chef Yasser Arafat, un des fondateurs du Fatah. Se rajoutent en 1967 le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) de tendance marxiste-léniniste, puis en 1969 le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP) qui est maoïste. Les mouvements islamistes apparaissent plus tardivement, avec à partir de 1970 le Jihad islamique palestinien et depuis 1987 le Mouvement de résistance islamique, surnommé le Hamas (la « ferveur »).
À partir de 1967, l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza oblige l’OLP à se réfugier à l’est du Jourdain, en territoire jordanien, tout en poursuivant des opérations de guérilla
À partir de février 1969, l’OLP a pour chef Yasser Arafat, un des fondateurs du Fatah. Se rajoutent en 1967 le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) de tendance marxiste-léniniste, puis en 1969 le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP) qui est maoïste. Les mouvements islamistes apparaissent plus tardivement, avec à partir de 1970 le Jihad islamique palestinien et depuis 1987 le Mouvement de résistance islamique, surnommé le Hamas (la « ferveur »).
À partir de 1967, l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza oblige l’OLP à se réfugier à l’est du Jourdain, en territoire jordanien, tout en poursuivant des opérations de guérilla
Les mouvements arabes palestiniens décident d’utiliser le terrorisme en plus des actions de guérilla, que se soit sur le territoire israélien ou celui d’autres pays. Certains attentats furent particulièrement médiatisés : • le 23 juillet 1968, trois membres du FPLP détournent le vol El Al (la compagnie israélienne) entre Londres et Tel Aviv, le faisant se poser à Alger ; les otages sont relâchés cinq semaines plus tard en échange de la libération de 16 prisonniers arabes ; le 5 septembre 1972, cinq membres dissidents du Fatah prennent en otage onze athlètes israéliens lors des JO de Munich, puis les exécutent tous ; les services secrets d’Israël (le Mossad) sont chargés de l’assassinat des commanditaires et exécutants (opération Colère de Dieu) ;
Le Boeing Pan Am a été détourné par cinq terroristes palestiniens à l'aéroport de Fiumicino le 17 décembre 1973. Au cours de l'attaque, 32 personnes sont mortes et 15 ont été blessées
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• le 3 juin 1982, trois membres dissidents du Fatah tirent sur l’ambassadeur d’Israël à Londres ; les tirs d’artillerie sur le Sud-Liban déclenchent des tirs de roquettes de l’OLP ; du 6 au 20 juin 1982, le Liban est envahi jusqu’à Beyrouth par Tsahal (opération Paix en Galilée), affrontant l’OLP ainsi que des troupes syriennes, les cadres de l’OLP quittent le Liban, se réfugiant en Tunisie, tandis qu’Israël garde le contrôle d’une zone de sécurité de 1985 à 2000.
Les attentats terroristes ont poussé le gouvernement israélien vers des positions plus radicales, avec notamment l’installation d’une centaine de colonies (appelées « implantations ») en Cisjordanie, sur le Golan et dans la bande de Gaza, le choix de Jérusalem réunifiée comme capitale d’Israël le 30 juillet 1980 (donc quasi-annexion de Jérusalem-Est, condamnée par les résolutions 476 et 478 du Conseil) et la quasi annexion du Golan le 14 décembre 1981 (idem par la résolution 497). Le traité de paix israélo-égyptien de 1979 montre que la négociation est possible, d’autant que le QG de l’OLP en Tunisie est frappé par un bombardement aérien le 1 er octobre 1985 . L’OLP annonce en novembre 1985 l’abandon du terrorisme
L’OLP se fait alors déborder par des mouvements plus radicaux, notamment le Hezbollah (le « Parti de Dieu », fondé en 1982, regroupant des chiites libanais) et le Hamas (créé en 1987 à Gaza), ainsi que par les manifestations de la première intifada (« soulèvement »), qui commencent de façon spontanée le 8 décembre 1987 dans le camp de Jabaliya (près de Gaza), avant de s’étendre à la Cisjordanie jusqu’en septembre 1993. En 1988, l’OLP reconnaît le principe de la solution à deux États, tel que proposée par la résolution 181 datant de 1947, et non plus la revendication de la totalité de l’ancienne Palestine. |
Un tournant est l’invasion du Koweït par l’Irak : d’une part Arafat soutien l’Irakien Saddam Hussein, perdant ainsi le soutien financier des pétromonarchies du Golfe ; d’autre part la fin de la guerre froide change la donne internationale (c’est le « nouvel ordre mondial »).
Le 19 octobre 1991, le président des Etats-Unis George H. W. Bush et le président de l’URSS Mikhail Gorbatchev invitent Israël, la Jordanie, le Liban, l’OLP (représentant les Arabes palestiniens) et la Syrie à tenir ensemble une conférence puis à négocier.
Cette première réunion multilatérale se tient du 30 octobre au 1er novembre 1991 (conférence de Madrid). Commencent ensuite des négociations bilatérales à Washington et Moscou. À partir de janvier 1993, les représentants d’Israël et de l’OLP mènent des négociations secrètes à Oslo, avec le gouvernement norvégien comme intercesseur.
Le 9 septembre 1993, d’une part Yasser Arafat signe une lettre au Premier ministre Yitzhak Rabin reconnaissant Israël, renonçant au terrorisme et à la violence et acceptant le retour à la ligne verte ; d’autre part Rabin fait une lettre à Arafat reconnaissant l’OLP comme représentante du peuple palestinien .
Le 13 septembre 1993, Rabin et Arafat signent à Washington la Declaration of Principles On Interim Self-Government Arrangements (les accords d’Oslo), prévoyant une autonomie palestinienne en Cisjordanie et à Gaza
Le 19 octobre 1991, le président des Etats-Unis George H. W. Bush et le président de l’URSS Mikhail Gorbatchev invitent Israël, la Jordanie, le Liban, l’OLP (représentant les Arabes palestiniens) et la Syrie à tenir ensemble une conférence puis à négocier.
Cette première réunion multilatérale se tient du 30 octobre au 1er novembre 1991 (conférence de Madrid). Commencent ensuite des négociations bilatérales à Washington et Moscou. À partir de janvier 1993, les représentants d’Israël et de l’OLP mènent des négociations secrètes à Oslo, avec le gouvernement norvégien comme intercesseur.
Le 9 septembre 1993, d’une part Yasser Arafat signe une lettre au Premier ministre Yitzhak Rabin reconnaissant Israël, renonçant au terrorisme et à la violence et acceptant le retour à la ligne verte ; d’autre part Rabin fait une lettre à Arafat reconnaissant l’OLP comme représentante du peuple palestinien .
Le 13 septembre 1993, Rabin et Arafat signent à Washington la Declaration of Principles On Interim Self-Government Arrangements (les accords d’Oslo), prévoyant une autonomie palestinienne en Cisjordanie et à Gaza
Ce début de processus de paix est rejeté par les radicaux des deux bords, notamment par les mouvements mêlant nationalisme et fondamentalisme religieux, avec d’un côté surtout le Hamas (nationalisme arabe palestinien et islamisme), de l’autre côté les partis israéliens d’extrême-droite (nationalisme israélien et fondamentalisme juif).
Le processus de paix se poursuit malgré ça, avec le 4 mai 1994 la signature au Caire par Arafat et Rabin de l’Agreement on the Gaza Strip and the Jericho Area, créant l’Autorité nationale palestinienne avec une force de police et l’autorité sur la ville de Jéricho et une partie de la bande de Gaza (qui deviennent autonomes le 13 mai).
Le 10 décembre 1994, Arafat (raïs de l’Autorité palestinienne), Rabin (Premier ministre) et Shimon Peres (ministre des Affaires étrangères) reçoivent le prix Nobel de la paix. Mais le 4 novembre 1995, un nationaliste israélien tue Rabin .
Le processus de paix se poursuit malgré ça, avec le 4 mai 1994 la signature au Caire par Arafat et Rabin de l’Agreement on the Gaza Strip and the Jericho Area, créant l’Autorité nationale palestinienne avec une force de police et l’autorité sur la ville de Jéricho et une partie de la bande de Gaza (qui deviennent autonomes le 13 mai).
Le 10 décembre 1994, Arafat (raïs de l’Autorité palestinienne), Rabin (Premier ministre) et Shimon Peres (ministre des Affaires étrangères) reçoivent le prix Nobel de la paix. Mais le 4 novembre 1995, un nationaliste israélien tue Rabin .
bombardements bande de Gaza
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Aux attentats ciblant les civils israéliens perpétrés par le Hamas se rajoutent ceux du Jihad islamique et des « brigades des martys d’Al-Aqsa » (issues du Fatah en 2000), la pire période fut la seconde intifada de 2001 à 2005, avec 47 attentats-suicides rien qu’en 2002), couplés à des opérations de guérilla contre les militaires israéliens.
Du Sud-Liban, le Hezbollah mène quelques raids transfrontaliers et tire régulièrement des roquettes et des obus de mortier sur le Nord d’Israël, le Hamas faisant de même sur le Sud à partir de la bande de Gaza. Hamas, Jihad islamique et Hezbollah sont financés et armés par la Syrie et l’Iran : se rajoute donc une « guerre froide » irano-israélienne. Les représailles israéliennes sont militaires avec, au choix, des frappes aériennes , des tirs d’artillerie, des assassinats ciblés, ou des offensives terrestres : |
Pour rendre plus difficiles les attentats, et rassurer leur population, les gouvernements israéliens successifs ont fait bâtir depuis 2002 les 712 km de la « barrière de sécurité », composée soit d’un haut mur en béton, soit une clôture métallique électrifiée, plus ou moins le long de la ligne verte. Le 6 juin 2004, le gouvernement d’Ariel Sharon annonce un « plan de désengagement » : toutes les colonies (21 implantations) à Gaza et quatre en Cisjordanie sont évacuées (fait du 17 au 23 août 2005). La bande de Gaza est complètement isolée depuis juin 2007, non seulement par une clôture avec no go zone de 300 m, mais aussi par un blocus. En Cisjordanie, la zone A est désormais quasi interdite aux Israéliens, une partie de la zone C aux Palestiniens (très fortes restrictions, barrages routiers, etc.).
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Pour contrer les tirs de roquettes, des batteries de défense antimissile (le « Dôme de fer ») protègent les principales villes depuis 2010. Cette séparation de plus en plus stricte n’empêche pas une nouvelles bouffée de violence de septembre 2015 à décembre 2017 à Jérusalem (l’« intifada des couteaux »).
Les autres États tentent régulièrement de relancer le processus de paix, sans beaucoup de progrès.
Le 23 septembre 2011, le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas demande l’adhésion de l’« État de Palestine » comme membre de l’ONU, proposition bloquée le 11 novembre au Conseil de sécurité par les Etats-Unis.
Le 31 octobre 2011, l’UNESCO l’accepte comme membre (107 votes pour, 14 contre, 52 abstentions), d’où le retrait de l’Organisation par Israël et les Etats-Unis (depuis 2018, restant observateurs).
Le 29 novembre 2012, l’Assemblée des Nations unies l’accepte comme « État observateur non-membre » (138 pour, 9 contre, 41 abstentions) . Comme si la situation n’était pas déjà assez tendue, le gouvernement des Etats-Unis a annoncé le 6 décembre 2017 le déménagement de son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem (inaugurée le 14 mai 2018) ; le Hamas et le Jihad islamique ont répliqué du 30 mars 2018 au 27 décembre 2019 par la « Marche du retour », qui a fait plusieurs centaines de morts et de blessés.
Le 23 septembre 2011, le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas demande l’adhésion de l’« État de Palestine » comme membre de l’ONU, proposition bloquée le 11 novembre au Conseil de sécurité par les Etats-Unis.
Le 31 octobre 2011, l’UNESCO l’accepte comme membre (107 votes pour, 14 contre, 52 abstentions), d’où le retrait de l’Organisation par Israël et les Etats-Unis (depuis 2018, restant observateurs).
Le 29 novembre 2012, l’Assemblée des Nations unies l’accepte comme « État observateur non-membre » (138 pour, 9 contre, 41 abstentions) . Comme si la situation n’était pas déjà assez tendue, le gouvernement des Etats-Unis a annoncé le 6 décembre 2017 le déménagement de son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem (inaugurée le 14 mai 2018) ; le Hamas et le Jihad islamique ont répliqué du 30 mars 2018 au 27 décembre 2019 par la « Marche du retour », qui a fait plusieurs centaines de morts et de blessés.
Le nombre d’enclaves autonomes palestiniennes et leur surface augmentent malgré tout progressivement (les zones A et B représentent en 2020 un peu moins de 40 % de la surface de la Cisjordanie), mais la colonisation en Cisjordanie se poursuit dans la zone C (250 implantation) Quant à l’Autorité palestinienne, elle est en situation délicate, accusée du point de vue israélien d’inaction et de concussion avec les terroristes, tandis que du point de vue palestinien on lui reproche sa collaboration avec l’occupant et surtout sa corruption. S’y rajoutent les conflits entre Palestiniens : les assassinats de collaborateurs pendant les intifadas, ainsi que les combats entre le Hamas et le Fatah (depuis juin 2007, la bande de Gaza est sous contrôle du Hamas, tandis que le Fatah contrôle la Cisjordanie) |
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III) les deux guerres du Golfe (1991 et 2003) et leurs prolongements : d'une guerre interétatique à un conflit asymétrique
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