A) Des migrations internationales croissantes
La photographie est prise en Colombie, au poste frontière avec l’Équateur. À cet endroit la route panaméricaine franchit un fleuve par un pont international, le pont de Rumichaca.
La foule est constituée de nombreux migrants qui ont quitté le Venezuela, en crise politique et économique, et qui souhaitent continuer leur route principalement vers le Pérou et le Chili. La frontière fait obstacle à leur projet.
Les contrôles internationaux provoquent forcément un rassemblement important au poste frontière mais on
ne remarque pas de troubles ou d’agitation dans cette foule qui veut traverser le pont ni de forces de sécurité
importantes déployées côté colombien ou équatorien.
Au moment de cette photographie, les autorités équatoriennes confrontées à cette pression migratoire
(4 000 migrants par jour) ont déclaré l’état d’urgence dans trois provinces directement concernées pour
accueillir au mieux ces migrants en partenariat avec le HCR, l’Agence des Nations unies en charge de la protection des réfugiés dans le monde.
La foule est constituée de nombreux migrants qui ont quitté le Venezuela, en crise politique et économique, et qui souhaitent continuer leur route principalement vers le Pérou et le Chili. La frontière fait obstacle à leur projet.
Les contrôles internationaux provoquent forcément un rassemblement important au poste frontière mais on
ne remarque pas de troubles ou d’agitation dans cette foule qui veut traverser le pont ni de forces de sécurité
importantes déployées côté colombien ou équatorien.
Au moment de cette photographie, les autorités équatoriennes confrontées à cette pression migratoire
(4 000 migrants par jour) ont déclaré l’état d’urgence dans trois provinces directement concernées pour
accueillir au mieux ces migrants en partenariat avec le HCR, l’Agence des Nations unies en charge de la protection des réfugiés dans le monde.
Les migrations internationales sont des mobilités entre pays d’un même continent ou entre continents pour y résider, provoquées par des facteurs de plus en plus variés. Leur croissance est un défi pour les sociétés actuelles confrontées au départ d’une partie de la population ou à l’arrivée de populations nouvelles, parfois ressentie comme une menace. Elles posent le problème de leur gestion dans la perspective du développement durable des sociétés.
> Quelles sont les caractéristiques des migrations internationales aujourd’hui ?
> Comment gérer demain les migrations internationales ?
> Comment gérer demain les migrations internationales ?
1. Étude de cas: La Méditerranée, un bassin migratoire :
Lampedusa, porte de l’Europe
Lampedusa, porte de l’Europe
|
La traversée des migrants clandestins se fait sur
des embarcations peu sûres comme la chronique des naufrages dramatiques et le cimetière de bateaux à Lampedusa le montrent. « La porte de l’Europe » a été érigée en mémoire des milliers de migrants disparus en mer. Les intervenants sont nombreux : passeurs libyens, garde-côtes italiens, navires de secours des ONG ; police, armée et croix rouge italiennes et représentants de l’Union européenne à Lampedusa. |
La mer Méditerranée est traversée par des flux migratoires intenses...
– Provenance : les pays d’Afrique et du Moyen-Orient tels la Libye, l’Égypte ou la Syrie mais aussi la Turquie.
les flux s’expliquent par le retard économique de la rive sud et est de la Méditerranée et l’agitation politique
(terrorisme, guerre) dans certains pays. Les migrants quittent donc leur pays dans l’espoir d’une vie meilleure sur le continent européen perçu comme un espace de richesses, de droits et de stabilité politique
– Provenance : les pays d’Afrique et du Moyen-Orient tels la Libye, l’Égypte ou la Syrie mais aussi la Turquie.
les flux s’expliquent par le retard économique de la rive sud et est de la Méditerranée et l’agitation politique
(terrorisme, guerre) dans certains pays. Les migrants quittent donc leur pays dans l’espoir d’une vie meilleure sur le continent européen perçu comme un espace de richesses, de droits et de stabilité politique
L’Union européenne face à la question migratoire
Source: A. Van Dam, Courrier International, 28 juin 2018. |
Le dessinateur critique la politique migratoire de l’Union européenne par une caricature montrant que les pays membres, représentés ici par des joueurs de tennis, refusent d’accueillir les migrants. Installés sur le drapeau de l’UE qui tient lieu de court de tennis, les hommes se renvoient un bateau de migrants à coup de raquette. Le message est donc celui du rejet. Cependant, on peut souligner ici le fait que l’auteur ne nuance pas son propos. Tous les pays de l’UE n’ont pas rejeté les migrants. |
L’Espagne, et plus généralement l’Union européenne, sont des zones d’arrivée de la filière migratoire. La proximité de l’Espagne avec les côtes africaines explique cette situation.
L’accueil dans l’UE est plus aléatoire, certains pays y semblent favorables ; d’autres moins à l’image des manifestations anti migrants en Allemagne.
La Turquie a quant à elle une position plus ambivalente. Le pays est un pays d’accueil pour les Syriens
depuis la guerre de 2011, et en vertu d’un accord de réadmission de 2016 ; mais la Turquie est aussi un pays de transit pour les migrants qui souhaitent ensuite gagner l’UE.
L’accueil dans l’UE est plus aléatoire, certains pays y semblent favorables ; d’autres moins à l’image des manifestations anti migrants en Allemagne.
La Turquie a quant à elle une position plus ambivalente. Le pays est un pays d’accueil pour les Syriens
depuis la guerre de 2011, et en vertu d’un accord de réadmission de 2016 ; mais la Turquie est aussi un pays de transit pour les migrants qui souhaitent ensuite gagner l’UE.
l’Union européenne renforce ses contrôles aux frontières extérieures de l’espace Schengen pour empêcher la venue de ces migrants irréguliers. Ce contrôle se matérialise par l’édification de centres d’identification et de tri mais aussi par les grillages sur les îles méditerranéennes. Des accords de réadmission sont élaborés avec différents pays. Malgré toutes ces difficultés, des migrants parviennent à s’installer en Europe |
– Quelles conséquences :
… pour les migrants : de nombreux migrants restent bloqués dans des pays de transit faute d’argent pour payer le passeur. Parmi ceux qui parviennent à prendre l’une des routes pour traverser la Méditerranée, beaucoup meurent lors des naufrages des embarcations.
Enfin, l’accueil dans l’Union européenne reste compliqué : il faut passer les barrières et grillages, passer par les centres d’identification et de tri, faire face à la xénophobie et aux conditions de vie qui ne sont pas celles espérées. Ceux qui trouvent un travail peuvent envoyer de l’argent à leur famille restée sur place (remises).
… pour les migrants : de nombreux migrants restent bloqués dans des pays de transit faute d’argent pour payer le passeur. Parmi ceux qui parviennent à prendre l’une des routes pour traverser la Méditerranée, beaucoup meurent lors des naufrages des embarcations.
Enfin, l’accueil dans l’Union européenne reste compliqué : il faut passer les barrières et grillages, passer par les centres d’identification et de tri, faire face à la xénophobie et aux conditions de vie qui ne sont pas celles espérées. Ceux qui trouvent un travail peuvent envoyer de l’argent à leur famille restée sur place (remises).
… pour les sociétés d’accueil : certains gouvernements et sociétés sont hostiles aux flux de migrants alors que d’autres se montrent au contraire plus sensibles à la question migratoire.
Certains territoires, comme Lesbos, voient leur économie transformée par l’arrivée des migrants. Des pays deviennent des plaques tournantes des migrations vers l’Union européenne telle la Turquie qui devient un pays de transit dans la boucle migratoire des migrants, un pays d’arrivée pour les migrants que le pays parvient à bloquer en vertu de l’accord conclu avec l’UE et un pays d’accueil pour les migrants irréguliers
renvoyés depuis l’UE. Cet accord a permis à la Turquie de recevoir une subvention de 3 milliards d’euros pour
assurer au mieux ces différents engagements.
Certains territoires, comme Lesbos, voient leur économie transformée par l’arrivée des migrants. Des pays deviennent des plaques tournantes des migrations vers l’Union européenne telle la Turquie qui devient un pays de transit dans la boucle migratoire des migrants, un pays d’arrivée pour les migrants que le pays parvient à bloquer en vertu de l’accord conclu avec l’UE et un pays d’accueil pour les migrants irréguliers
renvoyés depuis l’UE. Cet accord a permis à la Turquie de recevoir une subvention de 3 milliards d’euros pour
assurer au mieux ces différents engagements.
Tous les océans et mers du globe sont traversés par des flux migratoires. Cependant, l’intensité de ces flux varie. La Méditerranée, les Caraïbes, l’océan Pacifique et l’ouest de l’océan Indien sont traversés par des flux migratoires majeurs (plus de 1 million de migrants entre 2010 et 2015) ; à l’inverse, l’océan Atlantique et l’est de l’océan Indien sont traversés par des flux migratoires qualifiés de secondaires (moins de 1 million de
migrants entre 2010 et 2015).
migrants entre 2010 et 2015).
L’existence d’espaces de libre circulation interne de personnes (comme l’espace Schengen ou la Communauté andine des nations) montre que les migrations peuvent être parfois souhaitées et encouragées par des États. Mais, la présence de murs migratoires à travers le monde semble confirmer la thèse que les migrations sont aussi perçues comme des sources de tensions. |
2. Des sociétés mobiles, des migrations mondialisées
Quelles sont les caractéristiques des migrations internationales aujourd’hui ?
A. Des mobilités croissantes et de plus en plus variées
• Depuis les années 1980, la révolution des transports favorise la reprise et l’extension des migrations internationales ; le nombre de migrants a triplé pour atteindre 258 millions en 2017 (3,4 % de la population mondiale). • Les pays à revenu élevé accueillent les deux-tiers des migrants internationaux. Les migrants quittent des zones de pauvreté ou des zones en crise économique et sociale. Ils se déplacent aussi pour poursuivre des études. L’insécurité, la guerre, les violences contre les opposants politiques et les minorités constituent également des facteurs d’émigration. 26 millions de réfugiés et demandeurs d’asiles sont comptabilisés dans le monde en 2016. • Les migrants internationaux sont majoritairement des hommes jeunes, disposant souvent d’un certain capital ; les plus pauvres sont contraints à l’immobilité ou au déplacement intérieur. Dans leurs parcours, ils sont fréquemment confrontés à des réseaux mafieux qui les rançonnent. |
B. Des flux migratoires planétaires
Les migrations intra-régionales concernent plus de la moitié des migrants. Elles sont très importantes en Asie et en Europe.
À l’échelle mondiale, la logique Suds-Nords continue de prévaloir, malgré le développement des migrations entre les Suds (Afrique et Asie). L’Amérique du Nord reste l’espace le plus attractif avec une concentration de flux depuis l’Amérique latine et l’Asie. L’Europe est l’aire d’immigration la plus diversifiée avec des migrants d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
Les pays en développement reçoivent toutefois près de la moitié des migrants, dont 85% des réfugiés
(Turquie, Liban).
L’immigration concerne d’abord les métropoles (37% d’immigrés à Londres, 43% à Singapour).
Les espaces de migration ont parfois des limites floues. Les pays de transit sont à la fois des espaces
d’immigration et d’émigration (Mexique...)
À l’échelle mondiale, la logique Suds-Nords continue de prévaloir, malgré le développement des migrations entre les Suds (Afrique et Asie). L’Amérique du Nord reste l’espace le plus attractif avec une concentration de flux depuis l’Amérique latine et l’Asie. L’Europe est l’aire d’immigration la plus diversifiée avec des migrants d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
Les pays en développement reçoivent toutefois près de la moitié des migrants, dont 85% des réfugiés
(Turquie, Liban).
L’immigration concerne d’abord les métropoles (37% d’immigrés à Londres, 43% à Singapour).
Les espaces de migration ont parfois des limites floues. Les pays de transit sont à la fois des espaces
d’immigration et d’émigration (Mexique...)
C. Nouveaux enjeux, nouvelles logiques migratoires
La multiplication des catastrophes naturelles liées au changement climatique est un nouveau facteur déclencheur de migrations. Les migrants environnementaux, estimés à 200 millions en 2050, fuient la montée du niveau des mers dans les zones côtières ou la désertification dans les zones sèches (Afrique sahélienne).
Toute brutale déstabilisation d’un territoire modifie aussi les logiques migratoires. Entre 2011 et 2013, l’effondrement géopolitique de la Libye puis du Mali a entraîné une augmentation des migrations sahéliennes vers l’Europe. La guerre en Syrie pousse à l’exil plus de 5 millions de personnes qui trouvent d’abord refuge en Turquie, en Jordanie et au Liban. Ces migrations forcées renforcent les problèmes de développement au sein des pays d’accueil. |
3. Vers une gestion mondiale des migrations ?
A. Les migrations : des atouts majeurs
Dans les pays d’accueil, les migrants soutiennent la croissance démographique de populations confrontées au vieillissement. Ils constituent une main-d’œuvre diversifiée, à la fois formée d’actifs sans qualification ou de personnes dotées d’un niveau d’étude élevé. Dans le Golfe persique, 25 millions d’étrangers fournissent l’essentiel de la force de travail. Dans le cadre d’une immigration choisie, plusieurs pays (Australie, Canada) favorisent l’entrée des migrants hautement qualifiés (ingénieurs, chercheurs). Pour construire les stades de la Coupe du monde 2022, le Qatar a engagé des dizaines de milliers de travailleurs étrangers.
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Pour les pays d’émigration, le départ d’actifs entraîne la perte d’un potentiel de compétences (« fuite des cerveaux »). Mais les migrants, qui forment parfois de grandes diasporas* (indienne, chinoise), envoient des fonds vers leurs pays d’origine. Ces transferts financiers, trois fois plus importants que l’aide publique
au développement, sont vitaux pour les économies et les sociétés locales
au développement, sont vitaux pour les économies et les sociétés locales
B. Une tendance nette des états à la fermeture
"mur" entre le Mexique et les Etats Unis
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De nombreux états votent des législations migratoires restrictives : tutelle étroite des immigrés dans les pays du Golfe persique, nouveaux murs construits ou projetés aux frontières (entre les États-Unis et le Mexique), « préférence indigène » en Suisse, durcissement de l’accès à la nationalité. L’immigration peut générer des crises géopolitiques. Dans l’Union européenne, l’espace Schengen de libre-circulation est fragilisé par le retour des frontières nationales soutenues par les législations anti-migrants de certains pays (Hongrie, Italie) |
C. Vers des mobilités "sûres, ordonnées et régulières ?"
De grands textes fondateurs sont censés protéger les migrants (Déclaration universelle des droits de l’homme, Convention de Genève*). Dans leur itinérance, ils peuvent compter sur l’aide d’Organisations non gouvernementales (ONG)*. L’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) mobilise une
logistique mondiale pour secourir les réfugiés.
Des organisations intergouvernementales comme l’OMI (Organisation internationale pour les migrations) s’efforcent de construire une gouvernance et un droit international des migrants pour le bénéfice de tous.
L’ONU a introduit en 2015 « la migration et la mobilité de façon ordonnée, sans danger, régulière et responsable » parmi les Objectifs de Développement Durable* (objectif 10 sur la réduction des inégalités).
En 2018, elle a adopté un pacte mondial pour des « migrations plus sûres ». Le Forum mondial sur la
migration et le développement (FMMD) invite les États à instaurer un droit à la mobilité. Les États restent les maîtres du jeu en matière de législation sur les migrations.
logistique mondiale pour secourir les réfugiés.
Des organisations intergouvernementales comme l’OMI (Organisation internationale pour les migrations) s’efforcent de construire une gouvernance et un droit international des migrants pour le bénéfice de tous.
L’ONU a introduit en 2015 « la migration et la mobilité de façon ordonnée, sans danger, régulière et responsable » parmi les Objectifs de Développement Durable* (objectif 10 sur la réduction des inégalités).
En 2018, elle a adopté un pacte mondial pour des « migrations plus sûres ». Le Forum mondial sur la
migration et le développement (FMMD) invite les États à instaurer un droit à la mobilité. Les États restent les maîtres du jeu en matière de législation sur les migrations.