"LE ROI GOUVERNE PAR LUI-MÊME" LE BRUN Charles (1619 - 1690)
galerie des Glaces chateau de Versailles
galerie des Glaces chateau de Versailles
Décidé peu après la paix de Nimègue (10 août 1678), le programme iconographique du plafond de la galerie des Glaces à Versailles constitue une véritable révolution dans la représentation du roi. En effet, on sait d’après Nivelon, le biographe du roi, que lors d’une séance du « Conseil Secret de sa Majesté » à laquelle participa Colbert entre la fin de l’année 1678 et le début de l’année 1679 (peut-être en septembre 1678), il fut décidé de modifier les peintures choisies afin de sacraliser la fin de la guerre de Hollande (1672-1678) et de pérenniser les victoires de Louis XIV.
Charles Le Brun avait initialement conçu un cycle d’allégories relatives à Apollon ou Hercule (l’apothéose, pour le premier, les travaux pour le second). Il en fut décidé autrement : « Sa Majesté résolut, explique Nivelon, que son histoire sur les conquêtes devait y être représentée. » La galerie des Glaces château de Versailles
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La peinture « Le roi gouverne par lui même », qui occupe la première partie du panneau central dans la galerie, est la plus grande de la série des vingt-sept compositions de la voûte. On y voit Louis XIV entouré de figures allégoriques et mythologiques, portant une cuirasse à l’antique et drapé dans un manteau bleu. Sa main droite repose sur le timon d’un navire : comme un capitaine, il est le seul maître à bord du grand vaisseau de l’État. Une femme, assise sur un nuage et qui symbolise la Gloire, tend au souverain une couronne d’étoiles. Elle domine le roi qui la regarde et qui semble ignorer le cortège des amours, des nymphes, des dieux et des déesses qui l’entourent.
Accroche : comparaison de deux extraits d’émission sur Louis XI
. Extrait de l’émission Au coeur de l’Histoire de 2015, sur Louis XI. De 1’00 à 6’00
. Extrait de l’émission Storia voce sur Louis XI de 10’ à 16’. Invitée : Lydwine Scordia, Louis XI, Mythes
et réalités, Ellipses, 2015
. Extrait de l’émission Au coeur de l’Histoire de 2015, sur Louis XI. De 1’00 à 6’00
. Extrait de l’émission Storia voce sur Louis XI de 10’ à 16’. Invitée : Lydwine Scordia, Louis XI, Mythes
et réalités, Ellipses, 2015
Travail sur la biographie de Louis XI ( à faire pendant l'heure de cours et à rendre d'ici lundi)
. Quels sont les éléments du contexte dans lequel Louis XI accède au trône ?
. A quelle dynastie appartient Louis XI ?
. Quels sont les traits principaux de Louis XI ?
. Quel est l’un des principaux ennemis de Louis XI ?
. Louis XI est-il soucieux de son image ?
. Pourquoi peut-on dire que la représentation du roi change un peu avant Louis XI ?
. A partir de quel siècle Louis XI a-t-il une image positive ?
. pourquoi peut-on dire que le règne de Louis XI marque un tournant pour la monarchie et l’État du royaume de France ?
. A quelle dynastie appartient Louis XI ?
. Quels sont les traits principaux de Louis XI ?
. Quel est l’un des principaux ennemis de Louis XI ?
. Louis XI est-il soucieux de son image ?
. Pourquoi peut-on dire que la représentation du roi change un peu avant Louis XI ?
. A partir de quel siècle Louis XI a-t-il une image positive ?
. pourquoi peut-on dire que le règne de Louis XI marque un tournant pour la monarchie et l’État du royaume de France ?
Pour effectuer ce travail: vous devez écoutez les 2 audios ci dessous : storia voce entre la 10 et 16' minute / au coeur de l'histoire jusqu'à la 6' minute...évidemment vous pouvez aller au delà de ce temps indicatif si vous voulez des approfondissements
Vous avez également le corpus documentaire qui vous apporte des informations complémentaires
j'attends vos travaux...bon courage
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Storia voce sur Louis XI de 10’ à 16’
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Au coeur de l’Histoire de 2015, sur Louis XI. De 1’00 à 6’00
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Correction du travail préparatoire sur Louis XI
Quels sont les éléments du contexte dans lequel Louis XI accède au trone ?⇒ fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, guerre de 100 ans terminée en 1453, traité d’Arras en 1435 rendant possible le rachat de terres telles que la Picardie par le roi de France à l’issue de la guerre
A quelle dynastie appartient Louis XI ? A celle des Valois
Quels sont les traits principaux de Louis XI ?
⇒ physique ingrat, homme bavard, pieux, brave au combat, passionné de chasse, généreux, implacable
Quel est l’un des principaux ennemis de Louis XI ?
⇒ Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, fils de Philippe le Bon ; idéaux chevaleresques, fanatique de la guerre ; avec Louis XI, 2 souverains dont la puissance peut se comparer
A quelle dynastie appartient Louis XI ? A celle des Valois
Quels sont les traits principaux de Louis XI ?
⇒ physique ingrat, homme bavard, pieux, brave au combat, passionné de chasse, généreux, implacable
Quel est l’un des principaux ennemis de Louis XI ?
⇒ Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, fils de Philippe le Bon ; idéaux chevaleresques, fanatique de la guerre ; avec Louis XI, 2 souverains dont la puissance peut se comparer
Louis XI est-il soucieux de son image ?
⇒ non, même si possède des espions, (un roi informé utilise donc tous les moyens pour bien gouverner)
Pourquoi peut-on dire que la représentation du roi change un peu avant Louis XI ?
Les portraits s’individualisent tout comme les critiques : jusque-là, les portraits du roi sont les portraits du
roi (idéal). A partir du XIVe déjà, on voit apparaître l’homme derrière la fonction. Le portrait le plus célèbre
de Louis XI ne ressemble pas à Louis XI, même si c’est celui qu’on a retenu.
A partir de quel siècle Louis XI a-t-il une image positive ?
⇒ vu comme précurseur de l’absolutisme dès le XVIIe siècle. Le soleil, un motif ancien, se retrouve chez
les Valois. Le soleil est biblique et pas que mythologique.
⇒ non, même si possède des espions, (un roi informé utilise donc tous les moyens pour bien gouverner)
Pourquoi peut-on dire que la représentation du roi change un peu avant Louis XI ?
Les portraits s’individualisent tout comme les critiques : jusque-là, les portraits du roi sont les portraits du
roi (idéal). A partir du XIVe déjà, on voit apparaître l’homme derrière la fonction. Le portrait le plus célèbre
de Louis XI ne ressemble pas à Louis XI, même si c’est celui qu’on a retenu.
A partir de quel siècle Louis XI a-t-il une image positive ?
⇒ vu comme précurseur de l’absolutisme dès le XVIIe siècle. Le soleil, un motif ancien, se retrouve chez
les Valois. Le soleil est biblique et pas que mythologique.
Quel type d’État se met en place en France du XVIe au XVIIIe siècle ?
Le premier enjeu de ce chapitre consiste à faire saisir la notion d’État et son affirmation durant la période moderne.
Qu'est ce que l'Etat ? L’État s’entend ici comme le gouvernement d’un territoire et de ses habitants grâce à la mise en place de structures modernes afin de le maîtriser.
La notion d’État est de plus en plus présente dans le vocabulaire politique à partir du XVIe siècle ; elle est définie par Jean Bodin dans son ouvrage Les Six Livres de la République.
En 1987, Emmanuel Leroy-Ladurie définit l’État royal qu’il situe entre 1410 et 1640. L’État royal s’oppose à l’État féodal et suppose un changement de nature conséquent.
Qu'est ce que l'Etat ? L’État s’entend ici comme le gouvernement d’un territoire et de ses habitants grâce à la mise en place de structures modernes afin de le maîtriser.
La notion d’État est de plus en plus présente dans le vocabulaire politique à partir du XVIe siècle ; elle est définie par Jean Bodin dans son ouvrage Les Six Livres de la République.
En 1987, Emmanuel Leroy-Ladurie définit l’État royal qu’il situe entre 1410 et 1640. L’État royal s’oppose à l’État féodal et suppose un changement de nature conséquent.
En effet, le deuxième enjeu consiste à caractériser la monarchie française. Il s’agit de saisir la notion d’absolutisme. L’absolutisme est un terme qui apparaît au XIXe siècle. Nous l’entendons comme un système politique dans lequel le pouvoir est concentré entre les mains du souverain qui en exerce tous les attributs, mais l’historiographie récente nous montre que si cet absolutisme est triomphant au XVIIe siècle, il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas sans limite et qu’il convient de s’interroger sur sa réelle emprise sur le territoire durant la période.
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Louis XIV, roi de guerre
Portrait équestre de Louis XIV, peinture de Charles Le Brun et Adam Van der Meulen, 1668, Musée des beaux-arts,Tournai, Belgique |
L’intérêt de cette représentation est qu’elle montre
le spectacle d’un roi chevalier en action, concentrant sur sa personne les principales vertus martiales : courage, force, art du commandement, etc. Ici il s’agit d’illustrer la victoire française lors de la guerre de Dévolution contre l’Espagne, ainsi que la vaillance d’un monarque qui se rend sur les champs de bataille pour mener ses troupes. Bien que secondé par de grands capitaines (Condé ou Turenne), le roi conserve dans ce type d’images le monopole de la gloire : il détient l’unicité du commandement. D’ailleurs, l’armée royale apparaît ici au loin, minuscule, comme écrasée par l’imposante figure royale, seule individualité digne d’être représentée pleinement L’intérêt de cette scène est également de proposer un roi parfait homme de cour, où la grâce du cavalier se conjugue à la morgue aristocratique de l’expression du visage, ainsi qu’à la riche tenue, signe de la magnificence du prince. Les peintres rappellent qu’en toutes circonstances le roi conserve une majesté unique, affirmation de sa surnature. |
Enfin l’affirmation de l’État ne peut se comprendre si on ne saisit pas le rôle de la guerre dans le royaume de France. Si la guerre modifie les frontières de la France entre le XVIe et le XVIIIe siècle, elle demande toujours plus d’argent et oblige l’État à se moderniser. Elle nécessite la mise en place d’une collecte d’impôts efficace, ce qui implique une administration performante (Joël Cornette parle de « royaume de papiers »), une économie dirigée ainsi qu’un royaume unifié. Cette affirmation de l’État dépasse donc la seul personne du roi même s’il en est l’élément central
Cette affirmation de l’État n’est en rien linéaire. La période est dynamique et l’État royal est, durant la période, en butte à des oppositions de différentes natures : sociales, religieuses ou politiques,voire techniques, comme le réseau limité de routes qui entrave les communications.
chronologie de la période étudiée
Comme vous le voyez, sans être très précis, le programme concentre ce thème sur la période moderne...l'affirmation de l'état monarchique débutant avec François 1er...or c'est là que nous retrouvons Louis XI
Louis XI, fils de Charles VII, est un grand roi qui est souvent mal connu. Il a suscité des opinions contradictoires, plutôt défavorable envers l'homme, mais élogieuses quant à l'œuvre accomplie. Né au plus sombre de la guerre de Cent Ans, en 1423, Louis XI a vu le royaume de son père Charles VII amputé des territoires situés au nord de la Loire. Il a connu tout jeune un pays dévasté, ravagé par les troupes du duc de Bourgogne et par les Anglais. Or soixante ans plus tard, à sa mort, les Anglais ne possédaient plus en France que Calais, le duché de Bourgogne avait disparu, les seigneurs et les soldats de fortune étaient réduits à l'obéissance. Le domaine royal avait absorbé la Bourgogne, l'Artois, la Picardie, la Franche-Comté, le Maine, l'Anjou et la Provence.
Comment nier les qualités d'un tel souverain ? Et pourtant… un seigneur a dit de lui : « le roi le plus terrible qui fut jamais ». Pour les Bourguignons, il a été « l'universelle araigne », l'araignée qui contrôle tout au centre de sa toile qu'elle étend au monde entier.
A son accession au pouvoir, Le pays est encore un état médiéval que le roi va gouverner.
Louis XI transformera le pays comme aucun de ces prédécesseurs ne l'aura fait.
Louis XI, fils de Charles VII, est un grand roi qui est souvent mal connu. Il a suscité des opinions contradictoires, plutôt défavorable envers l'homme, mais élogieuses quant à l'œuvre accomplie. Né au plus sombre de la guerre de Cent Ans, en 1423, Louis XI a vu le royaume de son père Charles VII amputé des territoires situés au nord de la Loire. Il a connu tout jeune un pays dévasté, ravagé par les troupes du duc de Bourgogne et par les Anglais. Or soixante ans plus tard, à sa mort, les Anglais ne possédaient plus en France que Calais, le duché de Bourgogne avait disparu, les seigneurs et les soldats de fortune étaient réduits à l'obéissance. Le domaine royal avait absorbé la Bourgogne, l'Artois, la Picardie, la Franche-Comté, le Maine, l'Anjou et la Provence.
Comment nier les qualités d'un tel souverain ? Et pourtant… un seigneur a dit de lui : « le roi le plus terrible qui fut jamais ». Pour les Bourguignons, il a été « l'universelle araigne », l'araignée qui contrôle tout au centre de sa toile qu'elle étend au monde entier.
A son accession au pouvoir, Le pays est encore un état médiéval que le roi va gouverner.
Louis XI transformera le pays comme aucun de ces prédécesseurs ne l'aura fait.
Quelles sont les formes et l’étendue de la domination de l’État monarchique dans le royaume de France ?
A. Défendre et étendre le royaume.
Pour faire de la France la première puissance européenne, Richelieu encourage Louis XIII à combattre la suprématie des Habsbourg. Ces derniers règnent en effet à la fois en Espagne et dans le Saint-Empire. Or, les Habsbourg sont engagés dans la guerre de Trente Ans contre des puissances protestantes. Richelieu est donc favorable à une alliance avec ces dernières alors qu’il mène une politique antiprotestante en France. La contradiction entre politique intérieure et extérieure se justifie par la raison d’État. |
1. La guerre : une prérogative royale
. Faire la guerre est un monopole de l’État : seul le roi a le droit de la faire. Pour ce faire, il existe une armée royale permanente, constituée de professionnels et commandée par des généraux.
. Donc, toute guerre menée sans l’autorisation de l’État est une rébellion et entraîne la guerre civile (Guerre des religions de 1562 à 1595, La Fronde de 1648 à 1653).
. Par ailleurs, seul le roi a les moyens financiers de mener des guerres dont le coût a augmenté : l’équipement se perfectionne avec l’artillerie, les opérations militaires consistent surtout en sièges de villes fortifiées et les armées sont plus nombreuses (Charles VIII, 18 000 hommes à Naples en 1498/Louis XIII, 155 000 en 1635).
. Faire la guerre est un monopole de l’État : seul le roi a le droit de la faire. Pour ce faire, il existe une armée royale permanente, constituée de professionnels et commandée par des généraux.
. Donc, toute guerre menée sans l’autorisation de l’État est une rébellion et entraîne la guerre civile (Guerre des religions de 1562 à 1595, La Fronde de 1648 à 1653).
. Par ailleurs, seul le roi a les moyens financiers de mener des guerres dont le coût a augmenté : l’équipement se perfectionne avec l’artillerie, les opérations militaires consistent surtout en sièges de villes fortifiées et les armées sont plus nombreuses (Charles VIII, 18 000 hommes à Naples en 1498/Louis XIII, 155 000 en 1635).
Pour se renforcer, l’État amorce une révolution militaire. Il se dote d’une marine de guerre et les armes à feu se font plus rapides à charger et plus maniables. La discipline s’accroît et les effectifs augmentent, même si le recrutement pose problème. En 1688, chaque village doit fournir des soldats, souvent tirés au sort faute de volontaires |
L’image du roi guerrier se diffuse certes par les lettres, mais d’autres supports sont envisagés par le pouvoir pour la rendre visible de tous les sujets. Le doc ci contre
représente non seulement la statue équestre de Louis XIII, mais également la foule présente, observant la représentation du souverain. Cette statue est placée au centre de la place Royale (actuelle place des Vosges), en plein cœur de Paris. Cette place est symbolique de la puissance du pouvoir royal, car elle fut construite au XVIIe siècle sous les ordres de Henri IV et inaugurée lors des fiançailles de Louis XIII et d’Anne d’Autriche.il apparaît que les souverains sont bien souvent représentés sous les traits d’empereur romain. Louis XIII est vêtu d’une tenue rappelant celle des centurions romains. |
la guerre joue un rôle important dans la construction de la souveraineté royale. En effet, le roi n’a cessé,
dès le XVIe siècle, de cristalliser en sa personne et en sa fonction l’exercice de la force.
Le souverain est donc celui qui ordonne et fait la guerre en personne, à la tête de ses armées. La guerre est aussi le principal instrument par lequel la monarchie met en scène les représentations et les outils symboliques de sa souveraineté.
La guerre est donc la manifestation la plus spectaculaire du pouvoir et de la puissance de l’État.
dès le XVIe siècle, de cristalliser en sa personne et en sa fonction l’exercice de la force.
Le souverain est donc celui qui ordonne et fait la guerre en personne, à la tête de ses armées. La guerre est aussi le principal instrument par lequel la monarchie met en scène les représentations et les outils symboliques de sa souveraineté.
La guerre est donc la manifestation la plus spectaculaire du pouvoir et de la puissance de l’État.
2. L'extension du royaume
le début de l’époque moderne fut en France une période de renforcement de l’autorité des rois sur le territoire de leur royaume. On peut aisément en distinguer deux modalités différentes.
les rois élargirent leur royaume par la guerre, notamment sous le règne de Louis XIV. Il en résulta la normalisation de la frontière au nord et à l’est du royaume. au XVIIIe siècle, l’expansion se poursuit sous une forme plus pacifique, par des accords diplomatiques : la Lorraine est rattachée au royaume en 1766, la Corse en 1768
les rois élargirent leur royaume par la guerre, notamment sous le règne de Louis XIV. Il en résulta la normalisation de la frontière au nord et à l’est du royaume. au XVIIIe siècle, l’expansion se poursuit sous une forme plus pacifique, par des accords diplomatiques : la Lorraine est rattachée au royaume en 1766, la Corse en 1768
Comme par le passé, des fiefs firent leur entrée dans le domaine royal, ce qui résulta de plusieurs logiques et de plusieurs causes. Cela put résulter de la politique matrimoniale des rois.
C’est ainsi que le duché de Bretagne fut intégré au royaume en 1532, suite au mariage de Louis XII avec Anne de Bretagne.
L’intégration de certains fiefs résulta de mesures punitives prises contre des vassaux convaincus de félonie (cf. l’exemple du Bourbonnais, confisqué au connétable de Bourbon, qui avait trahi François Ier pour Charles
Quint). Le passage de la dynastie des Valois à celle des Bourbons eut pour conséquence l’intégration du Béarn, sous Henri IV.
C’est ainsi que le duché de Bretagne fut intégré au royaume en 1532, suite au mariage de Louis XII avec Anne de Bretagne.
L’intégration de certains fiefs résulta de mesures punitives prises contre des vassaux convaincus de félonie (cf. l’exemple du Bourbonnais, confisqué au connétable de Bourbon, qui avait trahi François Ier pour Charles
Quint). Le passage de la dynastie des Valois à celle des Bourbons eut pour conséquence l’intégration du Béarn, sous Henri IV.
Belle île en mer
- On a alors cherché à établir des frontières stables par des traités (ex. : en Alsace).
- Les nouvelles limites du royaume doivent être clairement fixées. Elles peuvent s’appuyer sur un fleuve (le Rhin à l’est) ou une montagne (les Pyrénées au sud) : c’est la notion de « frontières naturelles », théorisée pour la première fois sous le règne de Louis XIII.
- Pour garantir la sécurité du royaume, Louis XIV charge Vauban de fortifier les frontières : il construit un impressionnant réseau de forteresses au nord et à l’est, baptisé « la ceinture de fer ».
3. La guerre à l'origine de l'impôt direct
Selon le droit coutumier, la première justification de l’impôt est la guerre. Depuis Philippe IV le Bel, on distingue recettes ordinaires et recettes extraordinaires, l’impôt étant considéré comme une charge exceptionnelle liée à la guerre.Les souverains de la fin du XIIIe siècle et du début du XIVe siècle mobilisent les ressources des contribuables, en invoquant le principe féodal de l'aide que leur doivent leurs vassaux en cas de conflit, donc en substituant au service armé effectif le versement d'un impôt.
Il s'agit en premier lieu d'un impôt direct, la taille ou le fouage. Cet imposition est exceptionnelle (le temps de la durée de la guerre) et nécessite l'approbation des Etats généraux
Ce n’est qu’après la guerre de Cent Ans que les dépenses atteignent un niveau tel qu’il faut systématiser la levée des impôts. Le caractère permanent des impôts royaux finit par s'imposer progressivement, au gré des évolutions des conflits. Des moyens jugés exceptionnels par leur rigueur et leur non-conformité avec la tradition, deviennent désormais des pratiques ordinaires du pouvoir au nom de la nécessité impérative de sauver l’État.
François Ier et Henri II, augmentent leurs ressources par tous les moyens pour soutenir leur politique étrangère de plus en plus dispendieuse (guerres d'Italie, conflits contre l'Empire et l'Espagne).
Le règne de Louis XIII et le gouvernement de Richelieu sont marqués par une forte croissance des dépenses de guerre (dernières guerres de religion, Guerre de Trente Ans) qui creusent le déficit de l’État.
Il s'agit en premier lieu d'un impôt direct, la taille ou le fouage. Cet imposition est exceptionnelle (le temps de la durée de la guerre) et nécessite l'approbation des Etats généraux
Ce n’est qu’après la guerre de Cent Ans que les dépenses atteignent un niveau tel qu’il faut systématiser la levée des impôts. Le caractère permanent des impôts royaux finit par s'imposer progressivement, au gré des évolutions des conflits. Des moyens jugés exceptionnels par leur rigueur et leur non-conformité avec la tradition, deviennent désormais des pratiques ordinaires du pouvoir au nom de la nécessité impérative de sauver l’État.
François Ier et Henri II, augmentent leurs ressources par tous les moyens pour soutenir leur politique étrangère de plus en plus dispendieuse (guerres d'Italie, conflits contre l'Empire et l'Espagne).
Le règne de Louis XIII et le gouvernement de Richelieu sont marqués par une forte croissance des dépenses de guerre (dernières guerres de religion, Guerre de Trente Ans) qui creusent le déficit de l’État.
Le graphique montre la rupture que constitue l’année 1635, date de l’entrée en guerre de la France contre l’Espagne. Avec une armée de 100 000 hommes à nourrir, payer et équiper, il convient d’accroître le budget de l’État, d’abord par de nouveaux emprunts et un accroissement des ventes d’offices, puis par une crue fiscale dont l’apogée se situe dans les années 1640. |
Tous les contribuables subissent alors une pression fiscale de plus en plus lourde, durant la période qu'on a pu qualifier de tour de vis fiscal (1632-1641) : la taille triple entre 1636 et 1641 (de 7,8 millions de livres à 32,4 millions), le montant de la gabelle double, de nouveaux impôts sur les échanges de vin et de marchandises apparaissent. Tout cela ne suffit du reste pas à financer les besoins de l’État. Il a de plus en plus recours à des expédients extraordinaires non fiscaux, tels que la dévaluation de la monnaie, la vente d'offices, et les emprunts . Mais les nouveaux conflits dans lesquels s'engage le royaume avec Louis XIV (Guerre de la Ligue d'Augsbourg puis Guerre de Succession d'Espagne) entraînent de nouvelles créations d'impôts: la capitation, impôt direct pesant sur les chefs de famille, créée en 1695, Le dixième, impôt sur les revenus, apparaît en 1710.
La guerre continue au XVIIIe siècle d'entraîner une croissance des besoins financiers de l’État.
La guerre continue au XVIIIe siècle d'entraîner une croissance des besoins financiers de l’État.
Il a alors été nécessaire pour l'état de constituer une administration fiscale pour lever l’impôt et gérer le budget.
B. Administrer et exploiter le royaume.
1. Le développement de l'administration royale
Que font apparaître ces deux schémas du gouvernement central ?
. Afin d’accroître leur pouvoir sur l’aristocratie, l’intérêt des rois est de réduire les charges occupées par la
haute noblesse qui donnent des pouvoirs étendus, et dont les détenteurs sont inamovibles. Se faisant, ils peuvent nommer des administrateurs révocables et donc plus soumis, promus pour leurs compétences supposées et non plus pour leur naissance.
. la lecture des schémas, il est évident que les organes de délibération et de prise de décision (les conseils) se sont multipliés et spécialisés, signe d’une complexification des affaires de l’État. Les domaines d’intervention du gouvernement se sont précisés et étendus. D’ailleurs, les charges exécutives
(secrétaires d’État, contrôleur général) se sont également multipliées et de nouvelles administrations ont émergé.
. Afin d’accroître leur pouvoir sur l’aristocratie, l’intérêt des rois est de réduire les charges occupées par la
haute noblesse qui donnent des pouvoirs étendus, et dont les détenteurs sont inamovibles. Se faisant, ils peuvent nommer des administrateurs révocables et donc plus soumis, promus pour leurs compétences supposées et non plus pour leur naissance.
. la lecture des schémas, il est évident que les organes de délibération et de prise de décision (les conseils) se sont multipliés et spécialisés, signe d’une complexification des affaires de l’État. Les domaines d’intervention du gouvernement se sont précisés et étendus. D’ailleurs, les charges exécutives
(secrétaires d’État, contrôleur général) se sont également multipliées et de nouvelles administrations ont émergé.
Parfois défini comme un « premier absolutisme », le règne de François Ier (1515-1547), se caractérise
par un affermissement de l’autorité monarchique et un renforcement de l’administration royale L’absolutisme signifie aussi un nouveau rapport au pouvoir du souverain qui entend s’impliquer personnellement dans les affaires du royaume, sans passer par la médiation d’un principal ministre ou d’un favori. Cette volonté de gouverner se traduit par l’édification d’une « monarchie administrative » et centralisée qui permet au monarque, désormais devenu « un roi bureaucrate », d’étendre son emprise sur le royaume et les populations. Elle se manifeste également par la raréfaction des pratiques de consultations extérieures au gouvernement central, tels les états généraux. |
Le roi, image vivante de l’État
François Ier peinture de Jean Clouet, vers 1530 Paris, musée du Louvre. Une des grandes ordonnances du règne de François Ier, l’ordonnance de Villers- Cotterêts met en exergue l’affirmation d’une monarchie toujours plus soucieuse d’appesantir son autorité législative sur le royaume afin de mieux administrer la justice royale.
Roi législateur et justicier, François Ier entend rationaliser et systématiser l’administration de ses cours de justice pour en améliorer l’efficacité . Tournant majeur de l’administration du royaume, l’ordonnance se heurte toutefois à la diversité linguistique qui en limite la portée. |
l’ordonnance de Villers- Cotterêts de 1539 = texte complexe de 192 articles à visée législative rend
obligatoire la tenue des registres des baptêmes et des sépultures par les prêtres, devenus, en l’espèce, des subordonnés du pouvoir royal. Loin de vouloir forger un état civil à destination des services de l’État, l’objectif de ce texte est de faciliter le contrôle par les autorités ecclésiastiques et judiciaires du respect des
règles de majorité concernant les époux lors du mariage.
Cette ordonnance est cependant surtout connue pour être l’acte fondateur de l’utilisation de la langue française dans les documents administratifs et actes juridiques du royaume, afin d’en faciliter la bonne compréhension. Le français se substitue au latin et devient ainsi la langue officielle de l’administration royale.
obligatoire la tenue des registres des baptêmes et des sépultures par les prêtres, devenus, en l’espèce, des subordonnés du pouvoir royal. Loin de vouloir forger un état civil à destination des services de l’État, l’objectif de ce texte est de faciliter le contrôle par les autorités ecclésiastiques et judiciaires du respect des
règles de majorité concernant les époux lors du mariage.
Cette ordonnance est cependant surtout connue pour être l’acte fondateur de l’utilisation de la langue française dans les documents administratifs et actes juridiques du royaume, afin d’en faciliter la bonne compréhension. Le français se substitue au latin et devient ainsi la langue officielle de l’administration royale.
Cette entité invisible, l'état, doit donc être incarnée en un corps physique, celui du souverain. Il existe
donc une identification totale du roi et de l’État entre le XVIe et le XVIIe siècle, avant que se substitue au XVIIIe siècle, à cette image vivante de l’État, le corps collectif et abstrait de la nation.
Se faisant, il s’agit d’observer dans ce chapitre cet « État-roi » où émerge en définitive au bout de deux siècles d’évolution une administration impersonnelle et bureaucratique, marquée par l’affirmation d’un service au public.
le souverain, par son activité législative et le développement de l’administration royale, renforce son emprise sur le royaume. Il sait aussi imposer son autorité aux possibles pouvoirs rivaux, tel le Parlement, et n’hésite pas, à certaines occasions bien spécifiques, à se comporter en roi absolu, comme lors du
procès du connétable de Bourbon en 1527.
donc une identification totale du roi et de l’État entre le XVIe et le XVIIe siècle, avant que se substitue au XVIIIe siècle, à cette image vivante de l’État, le corps collectif et abstrait de la nation.
Se faisant, il s’agit d’observer dans ce chapitre cet « État-roi » où émerge en définitive au bout de deux siècles d’évolution une administration impersonnelle et bureaucratique, marquée par l’affirmation d’un service au public.
le souverain, par son activité législative et le développement de l’administration royale, renforce son emprise sur le royaume. Il sait aussi imposer son autorité aux possibles pouvoirs rivaux, tel le Parlement, et n’hésite pas, à certaines occasions bien spécifiques, à se comporter en roi absolu, comme lors du
procès du connétable de Bourbon en 1527.
Le roi gouverne avec l’aide de conseils, où siègent les Grands du royaume, c’est-à-dire les membres de la famille royale et les principaux nobles. Ces derniers en sont toutefois progressivement écartés au profit d’hommes de confiance choisis pour leur compétence, comme Sully sous Henri IV, Richelieu sous Louis XIII, Mazarin et Colbert sous Louis XIV. |
Anonyme, Louis XIV tenant les sceaux en présence des conseillers d’État et des maîtres des requêtes, XVIIe siècle, huile sur toile, 110 x 128 cm, château de Versailles.
La centralisation se renforce car les décisions du roi sont mieux appliquées par ses agents, dont le nombre est multiplié par 9 entre 1515 et 1661. La plupart sont des officiers, propriétaires de leur charge, comme les membres des parlements. Cependant, pour asseoir leur autorité, les monarques s’appuient de plus en plus sur des commissaires, nommés et révocables par eux. C’est le cas des intendants dont l’envoi dans les provinces se généralise après 1635 |
2. Le contrôle de la vie économique
Le doc ci dessus est un carton de tapisserie peint à la fin du XVIIIe siècle par Simon Renard de Saint-André d’après une esquisse de Charles Le Brun, premier peintre du roi et directeur des Gobelins. La tapisserie n’a finalement été tissée que bien plus tard sous Louis XV, entre 1729 et 1734. Au départ, Charles Le Brun devait faire exécuter 14 tapisseries d’après ses dessins préparatoires pour un ensemble intitulé L’Histoire du roi. Cette série a été réalisée
en plusieurs exemplaires mais plusieurs n’ont pas été réalisés du vivant du Roi-Soleil. Louis XV, en renouvelant la commande de la tapisserie, se présente comme le continuateur de son arrière grand- père et manifeste son intérêt pour ce qui constitue un fleuron de l’artisanat français : la manufacture des Gobelins.
en plusieurs exemplaires mais plusieurs n’ont pas été réalisés du vivant du Roi-Soleil. Louis XV, en renouvelant la commande de la tapisserie, se présente comme le continuateur de son arrière grand- père et manifeste son intérêt pour ce qui constitue un fleuron de l’artisanat français : la manufacture des Gobelins.
Louis XIV, Colbert et le frère du roi se retrouvent en position marginale, à la droite du tableau, même si placés en hauteur, ils dominent la scène.
Les mains du roi désignent et ordonnent symboliquement l’intense activité qui se déroule à ses pieds. Ses gestes sont répétés et donc amplifiés par deux personnages placés plus bas. Les artisans sont dans des postures qui mettent en valeur leurs efforts et leur hâte d’obéir aux ordres du monarque. |
On peut apercevoir de droite à gauche : une tapisserie roulée pour être transportée, un meuble cabinet (cabinet de pierres dures à colonnes torses), des pièces d’argenterie (plat ovale, brancards, vase, guéridon), des pièces d’ébénisterie (une table en écaille rouge, un plateau de table avec des incrustations), une pièce d’orfèvrerie (vase à anses de dragon).
À l’arrière, on peut également contempler une peinture de Charles Le Brun sur l’histoire d’Alexandre (Passage du Granique) qui a servi de carton à une tapisserie. Tous ces objets sont des objets de luxe
(richesse des matières employées, style et finitions) visant à la fois à meubler et à décorer le palais du roi. Tous sont produits par la manufacture des Gobelins. Cette profusion d’objets est irréaliste et vise à montrer la
multiplicité des savoir-faire déployés au sein de la manufacture des Gobelins.
À l’arrière, on peut également contempler une peinture de Charles Le Brun sur l’histoire d’Alexandre (Passage du Granique) qui a servi de carton à une tapisserie. Tous ces objets sont des objets de luxe
(richesse des matières employées, style et finitions) visant à la fois à meubler et à décorer le palais du roi. Tous sont produits par la manufacture des Gobelins. Cette profusion d’objets est irréaliste et vise à montrer la
multiplicité des savoir-faire déployés au sein de la manufacture des Gobelins.
Ce document évoque le début du règne personnel de Louis XIV, période où Colbert (issu d’une famille
de riches marchands et banquiers) cumule les charges ministérielles et oriente la politique économique du royaume.
Colbert veut renforcer la puissance du roi et de l’État dans le domaine économique en bloquant les importations étrangères pour éviter la fuite des monnaies d’or et d’argent françaises vers l’étranger. Il développe également une politique industrielle fondée sur des manufactures telle celle des Gobelins, met en oeuvre une politique d'aménager d'infrastructures de communication pour favoriser le commerce.
On appellera cette politique économique mise oeuvre par Colbert: le colbertisme ou le mercantilisme
de riches marchands et banquiers) cumule les charges ministérielles et oriente la politique économique du royaume.
Colbert veut renforcer la puissance du roi et de l’État dans le domaine économique en bloquant les importations étrangères pour éviter la fuite des monnaies d’or et d’argent françaises vers l’étranger. Il développe également une politique industrielle fondée sur des manufactures telle celle des Gobelins, met en oeuvre une politique d'aménager d'infrastructures de communication pour favoriser le commerce.
On appellera cette politique économique mise oeuvre par Colbert: le colbertisme ou le mercantilisme
Le port de Lorient, siège de la compagnie des Indes (1666)
Jean-François Hue, Vue du port de Lorient (détail)
Huile sur toile. Musée de la Marine, Paris.
Jean-François Hue, Vue du port de Lorient (détail)
Huile sur toile. Musée de la Marine, Paris.
Pour l’État, l’enrichissement du royaume permettait de lui assurer plus de rentrées fiscales. Pour ce faire, il a voulu empêcher l’argent de sortir du pays et attirer l’argent étranger, selon un politique économique mercantiliste, dans le domaine industriel et commercial. Trois ministres ont mené ces politiques : Sully sous Henri IV, Richelieu sous Louis XIII et Colbert sous Louis XIV. Sur le plan industriel, on développe la production des manufactures. Tout d’abord avec des fabrications qui étaient d’origine étrangère (produits de luxe, glaces et dentelles de Venise, acier de Suède et d’Allemagne, installation du drapier hollandais van Robais à Abbeville par Colbert). Ensuite en leur donnant des privilèges et des subventions ou en créant des manufactures royales. Enfin en règlementant la fabrication des produits, pour qu’ils soient de qualité, et l’organisation des métiers industriels, pour qu’ils respectent les normes de fabrication. Sully
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Sur le plan commercial, il fallait davantage exporter qu’importer. Tout d’abord en développant les axes et les moyens de transport (réfection des principales routes, creusement de canaux, aménagement des ports maritimes, construction navale). Ensuite, par l’application d’un protectionnisme économique, en frappant les marchandises étrangères de lourdes taxes. En même temps, par la création de compagnies de commerce, pour éviter de dépendre des compagnies étrangères (ex. : compagnies des Indes orientales et occidentales en 1664, du Nord en 1669, du Levant en 1670), qui accompagnent la mise en valeur de colonies en Amérique (Antilles, Québec, Louisiane), puis le développement de comptoirs en Inde et d’escales dans l’Océan indien
Le déficit budgétaire de l’État
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C. Soumettre et unifier le royaume.
1. L'état et la religion
miniature anonyme extraite du Recueil des rois de France, leur couronne et leur maison de Jean du Tillet, greffier au Parlement de Paris de 1521 à 1570. La miniature représente un François Ier encore
jeune Le roi est en costume de sacre entouré des regalia : insignes de son pouvoir. Stylistiquement, l’oeuvre se trouve à la croisée d’une tradition artistique médiévale où l’individualité du prince s’efface devant sa fonction incarnée par les différents regalia: la couronne fermée, le sceptre, la main de justice, le manteau bleu parsemé de fleurs de lys brodées et doublé d’hermine, on peut ajouter le collier de Saint-Michel (François Ier se veut un roi chevalier) et le trône. Cette miniature met en scène les pouvoirs de commandement sur ses sujets de François Ier ainsi que sa dignité de roi de justice. Le caractère sacré de son pouvoir est rappelé par le dais de majesté et la présence des regalia reçus au moment du sacre : cette image montre donc un roi, oint du seigneur, et disposant, comme l’attestent les regalia, de la plena potestas (pleins pouvoirs). |
Une nouvelle manière de penser le pouvoir = Sous les règnes de François Ier (1515-1547) et d’Henri II (1547-1559) apparaît une nouvelle conception du pouvoir du roi. Alors que les théories médiévales lui imposaient le respect des coutumes et des privilèges, des théoriciens, comme Guillaume Budé, affirment que le roi est souverain et tient son pouvoir de Dieu : il n’est donc pas tenu par ces usages anciens.
De plus en plus, le roi s’identifie à l’État et finit par se confondre avec lui. Il possède un corps physique, mortel, et un corps symbolique et politique, immortel, par lequel il incarne l’unité et la continuité du royaume.Le renforcement de la monarchie absolue va de pair avec une valorisation de la nature divine du pouvoir royal. Par son sacre, le roi est élevé au-dessus des mortels : il devient le lieutenant de Dieu. Le roi de France ne peut donc être que de religion catholique (ex. : Henri IV en 1595). Les liens entre le roi de droit divin et l’Église sont un fondement essentiel de la société d’Ancien Régime. L’Église contribue à l’encadrement administratif du pays, les prêtres étant dans les campagnes les relais de l’État ( registres d'état civil, ils diffusent la propagande royale dans les sermons...). C’est pourquoi le pouvoir royal cherche à limiter la dépendance de l’Église de France par rapport au pape, notamment en nommant les évêques français (concordat de Bologne 1516). |
Pierre Subleyras, Sacre de Louis XV, 1722, huile sur toile, 255 x 206 cm, musée des Augustins, Toulouse.
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LE MASSACRE DE LA SAINT-BARTHÉLEMY.
DUBOIS François, (1529 - 1584) Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne |
La propagation du protestantisme calviniste dans le royaume, en créant une division religieuse, a donc posé problème. Les rois l’ont d’abord combattu, avant de tenter d’instaurer une coexistence religieuse.
En effet, lorsque Charles IX autorise les protestants à célébrer leur culte en 1562, acte qui ne satisfait aucun des 2 camps. l’opposition ultra-catholique voit dans cette politique une trahison des principes du roi très chrétien, tandis que les calvinistes estiment que la tolérance est insuffisante. Le 1er mars 1562, des protestants sont massacrés par les troupes du duc de Guise à Wassy. C’est le début de la première guerre de Religion (1562-1563). |
Elles vont durer jusqu’en 1598...entraînant une crise de l'état monarchique, les extrémistes protestants et catholiques remettent en cause l’obéissance au roi durant cette période très troublée
l'épisode le plus tragique étant le massacre de la St Barthélemy le 24 août 1572 (tableau ci dessus)
Le 18 août 1572 est célébré le mariage d’Henri deNavarre, prince protestant, et de Marguerite de Valois, afin de
sceller une nouvelle paix de religion.
Pour cette occasion, de nombreux protestants séjournent à Paris. Le 22 août, l’amiral de Coligny, chef des protestants et proche du roi, est victime d’un attentat commandité par le duc de Guise, chef de la
tendance la plus fanatique des catholiques. Coligny est blessé, mais ne meurt pas.
Le 23 août, les craintes d’une réaction des protestants à l’attentat manqué poussent Charles IX à décider
du massacre des chefs huguenots ( protestants).
Dans la nuit du 23 au 24 août, ces chefs protestants sont assassinés, dont Coligny. Puis, une
fureur populaire incontrôlable s’abat sur tous les protestants présents et reconnus comme tels à Paris, avant de s’étendre à d’autres villes du royaume
La Saint-Barthélemy est une rupture, car elle traduit l’incapacité du monarque à imposer la concorde religieuse dans le royaume. Elle révèle également son impuissance à restaurer l’ordre public après l’exécution des chefs protestants et à pacifier le pays. Enfin, le pouvoir royal, en ayant assumé une partie du massacre, se coupe de ses sujets protestants, lesquels appellent à résister à un pouvoir désormais perçu comme tyrannique. L’État royal menace donc d’être emporté par les conflits religieux.
l'épisode le plus tragique étant le massacre de la St Barthélemy le 24 août 1572 (tableau ci dessus)
Le 18 août 1572 est célébré le mariage d’Henri deNavarre, prince protestant, et de Marguerite de Valois, afin de
sceller une nouvelle paix de religion.
Pour cette occasion, de nombreux protestants séjournent à Paris. Le 22 août, l’amiral de Coligny, chef des protestants et proche du roi, est victime d’un attentat commandité par le duc de Guise, chef de la
tendance la plus fanatique des catholiques. Coligny est blessé, mais ne meurt pas.
Le 23 août, les craintes d’une réaction des protestants à l’attentat manqué poussent Charles IX à décider
du massacre des chefs huguenots ( protestants).
Dans la nuit du 23 au 24 août, ces chefs protestants sont assassinés, dont Coligny. Puis, une
fureur populaire incontrôlable s’abat sur tous les protestants présents et reconnus comme tels à Paris, avant de s’étendre à d’autres villes du royaume
La Saint-Barthélemy est une rupture, car elle traduit l’incapacité du monarque à imposer la concorde religieuse dans le royaume. Elle révèle également son impuissance à restaurer l’ordre public après l’exécution des chefs protestants et à pacifier le pays. Enfin, le pouvoir royal, en ayant assumé une partie du massacre, se coupe de ses sujets protestants, lesquels appellent à résister à un pouvoir désormais perçu comme tyrannique. L’État royal menace donc d’être emporté par les conflits religieux.
Le tableau de droite met en valeur le rôle d’Henri IV comme un roi pacificateur, apaisant les querelles confessionnelles. La France reçoit du roi le rameau d’olivier, symbole de paix, tandis que le souverain pose une main paternelle et protectrice sur l’épaule de la religion (reconnaissable à la Bible ouverte sur ses genoux), pendant que des anges emportent les armes désormais inutiles. |
Anonyme, Henri IV s’appuyant sur la religion pour donner la paix à la France, fin XVIe siècle, huile sur toile, 33 x 25,5 cm, musée national du château de Pau.
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l’édit promulgué à Nantes, le 13 avril 1598, après deux ans d’âpres négociations entre catholiques et protestants. Composé de 95 articles, il établit une tolérance civile à l’égard des huguenots, en leur accordant des garanties juridiques (reconnaissance de l’accession à tous les emplois, chambre de l’édit avec des officiers huguenots) et militaires (attribution de 200 places de sûreté, etc.). En revanche, il affirme la
prédominance du culte catholique qui est rétabli partout dans le royaume, y compris là où il avait disparu (La Rochelle), alors que le culte protestant n’est autorisé que dans certains lieux. L’édit est reçu avec réticence par les huguenots comme par les catholiques.
Malgré ces résistances, il impose la paix civile et refonde l’unité politique du royaume derrière le roi (Henri IV)
en sacrifiant son unité religieuse.
Ainsi, le monarque, bien que prêtant serment le jour de son sacre de défendre la religion catholique, impose une paix faite au nom d’une raison politique devenue autonome par rapport à la religion.
prédominance du culte catholique qui est rétabli partout dans le royaume, y compris là où il avait disparu (La Rochelle), alors que le culte protestant n’est autorisé que dans certains lieux. L’édit est reçu avec réticence par les huguenots comme par les catholiques.
Malgré ces résistances, il impose la paix civile et refonde l’unité politique du royaume derrière le roi (Henri IV)
en sacrifiant son unité religieuse.
Ainsi, le monarque, bien que prêtant serment le jour de son sacre de défendre la religion catholique, impose une paix faite au nom d’une raison politique devenue autonome par rapport à la religion.
Les « dragonnades », conversions forcées au catholicisme
Engelmann, « Les nouveaux missionnaires », gravure réalisée au XIXe siècle d’après un dessin de 1686 |
Dans ce tableau, Louis XIV, vêtu à l’antique, entouré de la Piété et de la Justice, désigne l’édit de Fontainebleau. À ses côtés, un individu se débarrasse des livres hérétiques. Des allégories de l’hypocrisie, de la discorde et de la rébellion personnifient les protestants vaincus. L’obscurité qui envahit cette partie du tableau annonce leur damnation éternelle. Au-dessus, sous la lumière divine, triomphe l’édit, entouré des figures de la vérité, de la foi catholique, qui tient la croix, et de la religion catholique. |
L’application de l’édit de Nantes demeure néanmoins inégale, et il faut parfois toute la fermeté du souverain pour l’imposer dans des territoires rétifs à sa promulgation.
L’attitude des autorités monarchiques à l’égard des protestants change progressivement au cours du XVIIe siècle, vraisemblablement parce qu’ils constituent un frein à l’affirmation de la monarchie absolue. Sous Louis XIV, les dragonnades précédant la révocation de l’édit de Nantes contraignent les huguenots à abjurer leur foi et à se convertir au christianisme.
Dans ce contexte où le recours à la force devient banal et fréquent, l’édit de Fontainebleau révoque les dispositions prises en 1598 par Henri IV en proscrivant le culte protestant et supprimant les droits civils
octroyés aux huguenots.
L’attitude des autorités monarchiques à l’égard des protestants change progressivement au cours du XVIIe siècle, vraisemblablement parce qu’ils constituent un frein à l’affirmation de la monarchie absolue. Sous Louis XIV, les dragonnades précédant la révocation de l’édit de Nantes contraignent les huguenots à abjurer leur foi et à se convertir au christianisme.
Dans ce contexte où le recours à la force devient banal et fréquent, l’édit de Fontainebleau révoque les dispositions prises en 1598 par Henri IV en proscrivant le culte protestant et supprimant les droits civils
octroyés aux huguenots.
Bien que l’édit interdise la fuite des fidèles, celle-ci a bien lieu. Cet exil concernerait au maximum 180 000 huguenots, soit 25 % des réformés. Outre les quelque 700 pasteurs qui sont partis, il toucherait surtout des bourgeois, des marins et soldats (ce qui inquiète Vauban) et des « intellectuels » qui, depuis l’extérieur du royaume, vont participer à la construction de l’image noire de Louis XIV, en particulier depuis les Provinces-Unies. Ainsi, les huguenots sont condamnés à l’exil et à l’émigration. Ils trouvent refuge dans la plupart des États protestants voisins, ou prennent le large jusqu’en Amérique du Nord ou en Afrique du Sud. |
2. L'état et la noblesse: "un maître et ses sujets"
Les relations entre la noblesse et le pouvoir royal sont complexes. Traditionnellement, la noblesse a pour rôle de défendre le royaume, mais aussi de participer à son administration et à sa gestion en tant que bras droit du gouvernement.
La période est marquée par un renforcement de l’autorité du roi sur les nobles. En même temps, l’unification du royaume se fait au détriment de la noblesse, les derniers grands fiefs, territoires qui échappaient au contrôle de l’État, entrent dans le domaine royal par des mariages ou par héritage.
face au renforcement de l’autorité monarchique sous Henri IV et Louis XIII et à la fermeté des cardinaux Richelieu et Mazarin, la noblesse s’agace et s’inquiète d’être mise à l’écart.
La période est marquée par un renforcement de l’autorité du roi sur les nobles. En même temps, l’unification du royaume se fait au détriment de la noblesse, les derniers grands fiefs, territoires qui échappaient au contrôle de l’État, entrent dans le domaine royal par des mariages ou par héritage.
face au renforcement de l’autorité monarchique sous Henri IV et Louis XIII et à la fermeté des cardinaux Richelieu et Mazarin, la noblesse s’agace et s’inquiète d’être mise à l’écart.
Cet extrait des Mémoires du cardinal de Richelieu met en lumière les inquiétudes du pouvoir royal au sujet des duels et de leurs conséquences. Le cardinal ne remet pas en question la pratique ancestrale du duel, tant qu’elle n’a « été en usage que pour repousser les injures particulières» . Mais il dénonce ses dérives et sa mise en scène par les gentilshommes : par cette pratique, la noblesse semble souiller la dignité et la justice royales ainsi que les lois de la monarchie. C’est bien l’autorité royale, d’après le cardinal, qui est remise en question. |
François de Montmorency-Bouteville est un gentilhomme issu d’une des plus anciennes et prestigieuses familles de la noblesse française.
Après s’être battu à de multiples reprises en duel, il suscite la colère de Louis XIII, qui refuse de lui pardonner. François de Montmorency décide d’exprimer son mécontentement en allant se battre en plein jour à Paris. Cependant, Richelieu venait de prendre un édit (1626) interdisant le duel sous peine de mort en cas de récidive. Les précédents édits royaux menaçaient déjà de la peine capitale tous les auteurs de duels, mais la sentence était très rarement appliquée. François de Montmorency, pour avoir défié l’édit royal le 12 mai 1627, et malgré les demandes de grâce faites par divers membres de la haute noblesse, est décapité en place de Grève le 22 juin 1627. |
Les deux documents ci dessus permettent d’analyser les tensions entre noblesse et monarchie à travers la question de l’interdiction des duels.
Tout d’abord, le duel est condamné comme un défi à la justice royale. En préférant venger leurs querelles en
duel, ces gentilshommes ont refusé d’avoir recours à la justice traditionnelle et se sont donc rendus coupables de non respect de la justice royale.
De plus, le duel est condamné comme un défi à l’autorité de l’Église. En effet, l’Église considère le duel comme un suicide.
L’État français décide d’interdire les duels pour asseoir son autorité. En effet, la monarchie traverse une
période difficile au début du XVIIe siècle, son pouvoir étant souvent remis en question par la noblesse. Ces duels sont de plus en plus nombreux, car la noblesse cherche ainsi à s’affirmer face à un État qui devient de plus en plus puissant.
L’État cherche donc à interdire les duels pour discipliner la noblesse et combler les fragilités de son pouvoir.
Mais c’est un bras de fer qui débute dès l’édiction du premier arrêt, en 1599, entre noblesse et pouvoir royal,
car les gentilshommes refusent de plier, voyant le duel comme une prérogative fondamentale de la noblesse. Le pouvoir hésite longuement avant de condamner à mort les coupables.
duel, ces gentilshommes ont refusé d’avoir recours à la justice traditionnelle et se sont donc rendus coupables de non respect de la justice royale.
De plus, le duel est condamné comme un défi à l’autorité de l’Église. En effet, l’Église considère le duel comme un suicide.
L’État français décide d’interdire les duels pour asseoir son autorité. En effet, la monarchie traverse une
période difficile au début du XVIIe siècle, son pouvoir étant souvent remis en question par la noblesse. Ces duels sont de plus en plus nombreux, car la noblesse cherche ainsi à s’affirmer face à un État qui devient de plus en plus puissant.
L’État cherche donc à interdire les duels pour discipliner la noblesse et combler les fragilités de son pouvoir.
Mais c’est un bras de fer qui débute dès l’édiction du premier arrêt, en 1599, entre noblesse et pouvoir royal,
car les gentilshommes refusent de plier, voyant le duel comme une prérogative fondamentale de la noblesse. Le pouvoir hésite longuement avant de condamner à mort les coupables.
Après la mort de Mazarin en 1661 , Louis XIV opère un changement majeur dans l’exercice de l’autorité :
il ne veut pas simplement régner, mais gouverner les affaires du royaume sans principal ministre ni membre de sa famille pour l’assister. Il entend ainsi exercer une autorité sans partage, longtemps confisquée par des favoris. Nul ne peut plus désormais discuter ou contrôler un pouvoir qui se prétend de droit divin.
il ne veut pas simplement régner, mais gouverner les affaires du royaume sans principal ministre ni membre de sa famille pour l’assister. Il entend ainsi exercer une autorité sans partage, longtemps confisquée par des favoris. Nul ne peut plus désormais discuter ou contrôler un pouvoir qui se prétend de droit divin.
Louis XIV a fait construire Versailles pour mieux contrôler la noblesse. En effet, le souverain souhaite avoir au plus près de lui les nobles pour s’assurer de leur fidélité et de leur soumission. Il est profondément marqué par les événements de la Fronde et a donc décidé de contrôler les moindres faits et gestes des courtisans. En premier lieu, il attire à Versailles la noblesse en l’installant dans des appartements. Les courtisans les plus puissants ont accès aux appartements les plus grands. De nombreux nobles quittent ainsi leurs terres et leurs demeures pour venir vivre au plus près du souverain, et sont dépendants de ce dernier pour obtenir un logement. De plus, Louis XIV domestique la noblesse en mettant en place un système de distinction et de récompenses. Pour bénéficier de ses faveurs, les courtisans cherchent à se faire remarquer en dépensant des sommes colossales « en habits, en équipages, en bâtiments, en jeux. ». L’objectif du souverain est très clair : forcer la noblesse à rechercher ardemment son attention, et ainsi la réduire « à dépendre entièrement de ses bienfaits pour subsister ». |
C’est dans cette logique que Louis XIV met également en place l’étiquette. Elle a pour but de magnifier la splendeur du souverain, mais également de contrôler tous les faits et gestes de la noblesse. Les courtisans espèrent être appelés par le roi pour participer à telle ou telle cérémonie, à l’instar du Coucher. Les fêtes constituent également un vecteur d’affirmation de l’autorité royale : elles sont l’occasion d’une mise en scène des victoires militaires, mais aussi de la richesse et du raffinement de la monarchie française.
Dans ses Mémoires, Saint-Simon remarque que le souverain accorde une importance capitale à la présence des courtisans, et son regard scrute la moindre absence, qu’il s’agisse des courtisans assidus ou des visiteurs de passage. Disparaître du champ de vision du roi ne revient pas seulement à s’éloigner physiquement de lui, c’est aussi subir une disgrâce et être relégué dans l’insignifiance.
On peut voir dans cette obligation d’assiduité une façon de mieux domestiquer la noblesse et les courtisans.
La stratégie mise en place par Louis XIV fonctionne : sous son œil, les Grands ne complotent plus.
Leur principal objectif est de plaire et servir : la supériorité sociale s’affirme dans la soumission politique
et symbolique à l’étiquette. Louis XIV, en vivant à Versailles entouré de la noblesse, devient plus intimidant,
majestueux, et contrôle toute la société de cour. Dans cette réduction à l'obéissance, Versailles se révèle une pièce maîtresse.
La vie du courtisan se caractérise alors par sa soumission à des règles de conduite fixées par l’étiquette qui permet au roi de les dominer.
Dans ses Mémoires, Saint-Simon remarque que le souverain accorde une importance capitale à la présence des courtisans, et son regard scrute la moindre absence, qu’il s’agisse des courtisans assidus ou des visiteurs de passage. Disparaître du champ de vision du roi ne revient pas seulement à s’éloigner physiquement de lui, c’est aussi subir une disgrâce et être relégué dans l’insignifiance.
On peut voir dans cette obligation d’assiduité une façon de mieux domestiquer la noblesse et les courtisans.
La stratégie mise en place par Louis XIV fonctionne : sous son œil, les Grands ne complotent plus.
Leur principal objectif est de plaire et servir : la supériorité sociale s’affirme dans la soumission politique
et symbolique à l’étiquette. Louis XIV, en vivant à Versailles entouré de la noblesse, devient plus intimidant,
majestueux, et contrôle toute la société de cour. Dans cette réduction à l'obéissance, Versailles se révèle une pièce maîtresse.
La vie du courtisan se caractérise alors par sa soumission à des règles de conduite fixées par l’étiquette qui permet au roi de les dominer.
e Louis XIV récompense des nobles
(François Marot, 1710, Musée du Château de Versailles.) La toile représente la cérémonie qui a eu lieu le 10 mai 1693 au cours de laquelle la première promotion d’officiers militaires ayant bien servi la monarchie a été récompensée de l’ordre de Saint-Louis. Elle a lieu dans la chambre du roi où l’étiquette exige que nul ne se couvre. |
Maintenant je vous propose d'aller à Versailles. en cliquant sur le lien
Profitez bien de cette visite !!!
Profitez bien de cette visite !!!
3. Une monarchie absolue ?
Le terme « absolutisme », créé sous la Révolution française pour dénoncer la monarchie d’Ancien Régime comme un régime despotique, semble peu adéquat. La monarchie absolue existe moins dans la réalité que dans les discours à la gloire du roi, qui se multiplient sous Louis XIV à l’initiative de Colbert. Les historiens préfèrent aujourd’hui parler de monarchie administrative ou d’affirmation de l’État moderne, et ils insistent sur les failles du contrôle étatique. Malgré ses efforts de contrôle et son discours autoritaire, l’État n’est pas tout-puissant. |
Le pouvoir du roi est limité en droit par un certain nombre de règles et d’institutions
Les lois fondamentales ( voir doc ci contre) : Le roi n’est pas un tyran libre d’agir à sa guise. Il doit respecter les lois divines en faisant régner la justice. Il doit aussi respecter les lois fondamentales du royaume, un ensemble de règles coutumières (la coutume, donc des règles non écrites) qui limitent sa souveraineté. Elles ont été élaborées progressivement. La loi salique a été théorisée au XIVe siècle pour exclure les femmes de la succession et éviter ainsi que la Couronne ne passe aux Anglais. La loi de catholicité a été ajoutée quand Henri IV a renoncé au protestantisme en 1593 pour devenir roi Les états généraux et provinciaux: Le roi doit aussi s’assurer du consentement de ses sujets, en dialoguant avec les états généraux, qui réunissent des représentants du clergé, de la noblesse et des villes (le tiers état). Mais ceux-ci ne sont plus convoqués entre 1614 et 1788. L’équivalent existe cependant dans certaines provinces qualifiées de pays d’états (Bourgogne, Bretagne, Languedoc, Provence) : là, le roi doit consulter les états provinciaux, notamment pour les impôts
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Les parlements: Le déclin des états généraux profite aux parlements, qui se considèrent de plus en plus comme les représentants de la « nation ». Ces cours de justice ont en effet un rôle politique : elles doivent enregistrer les actes royaux et elles peuvent demander des modifications grâce à leur droit de remontrances.
|
Les rois ont régulièrement essayé de restreindre ce droit en imposant leur autorité. Lors de ces crises, les parlementaires sont apparus comme les défenseurs des libertés contre le « despotisme ».
La diversité des coutumes, des langues, des privilèges locaux, des statuts des territoires sont autant
d’obstacles également à la mise en œuvre de la volonté royale.
l’État royal ne dispose pas du nombre d’agents suffisants dans les provinces pour être véritablement absolu : près de 46 000 officiers servent le roi en 1665, soit en moyenne un pour 10 km²
.
La diversité des coutumes, des langues, des privilèges locaux, des statuts des territoires sont autant
d’obstacles également à la mise en œuvre de la volonté royale.
l’État royal ne dispose pas du nombre d’agents suffisants dans les provinces pour être véritablement absolu : près de 46 000 officiers servent le roi en 1665, soit en moyenne un pour 10 km²
.
L’administration se heurte à des obstacles concrets dans un royaume très étendu : sous le règne de François Ier, il faut plus d’une semaine pour aller de Paris à Rennes (doc. 2). Surtout, la société d’Ancien Régime est une juxtaposition de communautés et de provinces jouissant de multiples privilèges, ce qui freine les projets d’unification de l’État moderne. La plupart des révoltes paysannes sont provoquées ainsi par la volonté du roi de supprimer un avantage fiscal dans une province. |
Les impasses de la monarchie : Comme le roi ne peut augmenter les impôts sans remettre en cause l’exemption du clergé et de la noblesse, il doit trouver d’autres ressources.
La vente des offices en est une, mais elle a une conséquence lourde : la plupart des agents de l’État sont des officiers, qui ont acheté une charge, qui l’exercent à vie et peuvent la revendre ou la transmettre à leur héritier. Ces charges permettent souvent d’accéder à la noblesse (noblesse de robe) et donc d’échapper à l’impôt ! Par ailleurs, le roi sous-traite le prélèvement de l’impôt aux financiers de la Ferme générale, parce que ceux-ci sont en mesure de lui avancer l’argent. Des liens étroits de dépendance lient donc l’État et les riches privilégiés. |
les difficultés s’accumulent, révélant les failles de la
monarchie absolue. L’État est au bord de la banqueroute. La dette publique, inlassablement creusée pour payer les guerres par l’emprunt, devient colossale. Le gouvernement doit créer de nouveaux impôts pour faire face à ses dépenses (capitation, dixième, taxes sur la consommation), sans pour autant arrêter d’emprunter auprès de financiers, pourtant détestés des populations. L’impopularité du régime est à son comble : les guerres épuisent les peuples et ruinent l’économie du pays, d’autant que de terribles famines éclatent en 1693 et 1709, faisant des millions de morts. Les émeutes se multiplient alors pour réclamer du pain, contredisant ainsi l’image d’un royaume pacifié. |
À l’intérieur du royaume (Cévennes) , des rebelles protestants, les camisards, prennent les armes pour réclamer en vain leur liberté de culte. Des critiques apparaissent aussi au sein de la cour. La plus célèbre est celle formulée par Fénelon dans une lettre au roi, où il dénonce sa manière de diriger le pays. D’autres critiques d’ordre économique émergent avec Boisguilbert et Vauban qui dénoncent les inégalités fiscales. |