GRACH PHILIPPE DIT PHILI (1898-1987) .Affiche exécutée sous l'occupation Allemande. Août 1944 Cette affiche a été réalisée, la nuit, pour le Gouvernement provisoire de la République française en Août 1944 alors que la France était encore occupée. "La France sortant du tombeau avec au fond des hommes et des femmes qui ont brisé leurs chaînes et sortent des camps de concentration". |
La photographie 1 nous montre sept militaires français debout, entourant un algérien arrêté, seul et assis. Elle exprime l’utilisation de la force et de la répression par la France comme seule réponse politique au mouvement indépendantiste algérien. Les forces en présence sont montrées dans cette image comme extrêmement inégales, ce qui correspond à la réalité du terrain. Le nombre d’armes saisies (onze) indique aussi que la menace est sérieuse : de fait la France est confrontée, avec la guerre en Algérie, a une crise d’une ampleur inédite, qui remet en question sa puissance, à différentes échelles.
La photographie 2 montre un essai réussi d’une bombe nucléaire en 1970 : c’est un élément qualitatif de puissance car il donne à la France toute sa place parmi les puissances nucléaires mondiales. Mais cette photographie frappe aussi par la taille du champignon atomique qui exprime un élément quantitatif de puissance. L’image de la puissance française donnée ici est celle d’une puissance militaire forte, à l’échelle mondiale.
A) Reconstruire la puissance
(1945 / 1958)
(1945 / 1958)
1. Une nouvelle République pour rétablir les bases nationales de la puissance
2. La IVe République fait le choix de l'alliance atlantique et de la construction européenne
Siège provisoire de l’OTAN à Paris
De 1949 à 1966, la France accueille le siège de l’OTAN ainsi que le Haut-Commandement de l’Organisation. De 1952 à 1959, ce siège est installé au Palais de Chaillot.
De 1949 à 1966, la France accueille le siège de l’OTAN ainsi que le Haut-Commandement de l’Organisation. De 1952 à 1959, ce siège est installé au Palais de Chaillot.
’illustration d’une enveloppe commémorant le dixième anniversaire de l’OTAN. On peut voir les drapeaux des 15 pays membres en ronde au-dessus des bureaux de l’OTAN. Le bâtiment est celui du palais de l’OTAN construit à Paris porte Dauphine par l’architecte Jacques Carlu. L’OTAN siège dans l’édifce de 1959 à 1966, date à laquelle de Gaulle décide de quitter le commandement intégré de l’organisation. L’OTAN, depuis 1967, s’est installée dans la banlieue de Bruxelles, à Haren. En 1968, le bâtiment de la porte Dauphine devient le centre universitaire Dauphine. Les mots « paix, force et liberté », mis en valeur sur l’enveloppe, sont les termes clés du traité de l’Atlantique Nord, signé le 4 avril 1949. Toutefois, la devise de l’OTAN inscrite dans le hall des amphithéâtres, porte Dauphine, est Animus in consulendo liber, c’est-à-dire « l’esprit libre dans la consultation ».
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Le document ci contre est un extrait du discours appelé « de l’horloge » car il fut prononcé au quai d’Orsay, dans la salle de l’horloge. Ce discours est considéré comme fondateur de la construction européenne : il propose le 9 mai 1950 la création de la CECA, réalisée le 23 juillet 1952. Tous les 9 mai, le jour de l’Europe commémore l’événement en Union européenne. Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères français de 1948 à 1952, initie et participe, avec l’aide de son ami et collaborateur Jean Monnet, aux négociations qui entourent le (re)positionnement français en Europe et les relations franco états-uniennes dès 1945. C’est un des pères fondateurs de l’Europe. Il appartient à la famille politique des démocrates-chrétiens. |
: Le discours évoque des dangers menaçant la paix mondiale. En creux dans ce discours, Schuman évoque probablement les tensions nées de la guerre froide, mais aussi les guerres d’indépendance apparaissant dans les pays colonisés. Il mentionne clairement « l’opposition séculaire de la France et l’Allemagne », comme autre facteur de guerre. Pour maintenir la paix, il propose une intégration économique, en premier lieu, pour garantir une « solidarité de fait ». Cette intégration concerne les pays d’Europe mais l’Afrique est également citée.
3. La IVe République et la question coloniale
B) La puissance retrouvée (1958 / 1974)
1. La République gaullienne: une nouvelle constitution
Soulèvement des pieds noirs à Alger, le 13 mai 1958
Le général de Gaulle présente le projet de Constitution place de la République à Paris, le 4 septembre 1958.
Affiche socialiste, dessinée par Maurice Henry, en faveur du « non » au référendum de septembre 1958 sur l’adoption de la Constitution de la Ve République.
2. La République gaullienne: un projet liant volonté d'indépendance nationale et modernisation du pays.
Pour De Gaulle, la France ne saurait rechercher que la grandeur et celle-ci ne saurait se trouver que dans
l’« indépendance nationale». Dans les faits, cette indépendance se traduit par : – Une force de dissuasion nucléaire, indépendante de celles des Etats-Unis : en 1960, la France fait exploser sa première bombe atomique. – La France se démarque de l’alliance américaine en refusant tout réaménagement de l’OTAN en 1963, notamment en retirant sa flotte du commandement de l’OTAN, puis en quittant l’organisation intégrée en 1966. Si la France reste l’alliée des Etats-Unis et membre du Pacte atlantique, elle dégage son armée de toute possible sujétion et ferme les bases américaines sur son sol. |
De Gaulle entend tenir la France à égale distance entre le bloc américain et le bloc soviétique: – Il multiplie les voyages dans la sphère d’influence américaine : en 1964 en Amérique latine et en 1967 au Canada ; en visite au Cambodge, il prononce, le 1er septembre 1966 à Phnom Penh, un grand discours dans lequel il critique ouvertement la guerre du Vietnam. |
– En janvier 1964, la France reconnaît officiellement la République populaire de Chine afin d’affirmer
son indépendance sur la scène internationale De Gaulle veut montrer que la voix de la France est celle d’une puissance. – En juin 1966, de Gaulle se rend en URSS. Il est le premier chef d’État occidental à y aller depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, visite suivie par celle du président du Conseil des ministres soviétique, Alexis Kossyguine. Mais les tentatives de coopération économique entre les deux pays restent à un niveau négligeable. |
En matière de construction européenne, le refus de la supranationalité est manifeste dans l’attitude de la France sous la présidence de Charles de Gaulle. La France refuse par deux fois (en 1962 et 1967) l’élargissement au Royaume-Uni, au motif que les Britanniques auraient permis ainsi aux Etats-Unis de se mêler des affaires européennes ; elle refuse aussi l’approfondissement qui aurait permis la prise de décision a la majorité simple, et mène une ≪ politique de la chaise vide ≫ en 1965 : la France n’assiste plus aux Conseils européens, bloquant toute décision devant être prise à l’unanimité. La sortie de la crise se fait par le compromis de Luxembourg qui impose la règle de l’unanimité des Etats membres pour les votes importants.
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A l’Europe, de Gaulle préfère une politique bilatérale de réconciliation avec l’Allemagne, multipliant les gestes forts avec Konrad Adenauer (messe de réconciliation à Reims le 4 juillet 1962, traite de l’Elysée en 1963). Mais de Gaulle ne parvient pas à détourner la RFA de sa politique atlantiste.
La résolution du conflit algérien permet à de Gaulle de mener une politique de prestige et de puissance économique. La croissance, amorcée sous la IVe République, se poursuit par la dévaluation du franc dès 1958, ce qui permet de relancer les exportations. Mais la politique monétaire de lutte contre l’hégémonie du dollar est un échec.
Par la planification, le gouvernement encourage les investissements dans l’industrie et entend remodeler l’agriculture pour la rendre compétitive au sein du Marché commun européen : les lois d’orientation agricole améliorent la productivité des exploitations, ce qui se traduit par une baisse du nombre d’agriculteurs. |
Créée en 1963, la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et l’action régionale) doit permettre de combler l’écart de développement entre les régions françaises. Les plans autoroutiers se multiplient pour rattraper le retard français. Par ailleurs, l’État s’engage dans une politique de grands projets: – achèvement de l’électrification du territoire au milieu des années 1960 ; – politique de création de « grands ensembles » pour pallier les déficits de la politique du logement et lancement de projets de « villes nouvelles » ; – développement du programme d’énergie nucléaire civile, pour rompre la dépendance française au pétrole. - ZIP (Dunkerque, Fos sur mer) - aménagements du littoral du Languedoc ( ci dessous la Grande Motte après la viabilisation des terrains |
Développement d’une industrie de pointe à travers des projets emblématiques : produit à partir de 1965, le Concorde était le premier avion de transport civil supersonique, mais dont le succès commercial fut gêné par les Etats-Unis ; en revanche, l’aérotrain turbopropulsé sur un rail unique et qui devait relier Lyon à Paris en 1h30 ne dépassa pas le stade des essais… En 1966, le gouvernement lance le « Plan Calcul », destiné à doter la France d’une industrie informatique nationale et indépendante, mais elle échouera à devenir compétitive dans ce secteur.
Depuis 1958, l’État se veut aussi un acteur majeur de la culture en France. En 1959, André Malraux devient le premier occupant d’un ministère des Affaires culturelles nouvellement créé, dont la vocation n’est plus de se limiter aux Beaux-Arts mais d’englober tous les aspects de la culture.(Ci dessus le plafond du palais Garnier peint par Chagall...et à droite l'inauguration de ce plafond en 1964, à gauche Chagall, à droite Malraux)
Avec Georges Pompidou, féru d’art contemporain, l’État n’est plus seulement gestionnaire mais aussi initiateur avec le lancement du Centre national d’art et de culture en 1969 (le futur « Centre Pompidou »)… |
3. L'affirmation du pouvoir présidentiel et ses contestations
Avec la conclusion du conflit algérien, le président de la République affirme son autorité personnelle, au détriment notamment du gouvernement et de son Premier ministre. Aux yeux de l’opinion, de Gaulle préside et gouverne à la fois ; il entend dépasser le seul texte et « façonner » les institutions pour mieux les adapter aux circonstances.
Avec la conclusion du conflit algérien, le président de la République affirme son autorité personnelle, au détriment notamment du gouvernement et de son Premier ministre. Aux yeux de l’opinion, de Gaulle préside et gouverne à la fois ; il entend dépasser le seul texte et « façonner » les institutions pour mieux les adapter aux circonstances.
De Gaulle s’adresse directement aux Français, soit par le biais de conférences de presse télévisées, soit directement par le biais d’allocutions. Il multiplie les voyages en province et préside à de nombreuses cérémonies. Sans aucune légitimité constitutionnelle, le président de la République s’est attribué un «domaine réservé» d’intervention dans la vie gouvernementale, à savoir la Défense nationale et les Affaires étrangères ; ainsi, il est le seul chef d’État des démocraties à représenter son pays lors des sommets internationaux, notamment au sein de l’Union européenne. |
Cette pratique personnelle est renforcée par le mode d’élection du président instituée par Référendum en 1962; désormais élu du suffrage universel direct, le chef de l’État est amené à fonder son action sur ce lien direct établi avec les Français, reléguant aux oubliettes le rôle d’intermédiation des parlementaires. Ses adversaires se rallient implicitement à cette pratique en présentant des candidats dès les élections présidentielles de 1965. L’usage du référendum lui permet aussi de s’adresser directement aux Français, qui, devant répondre par oui ou par non, ont l’impression que le chef de l’Etat s’adresse directement à eux… |
Pour exprimer leur mécontentement devant la pratique constitutionnelle de de Gaulle – nomination de Georges Pompidou au poste de Premier ministre alors qu’il n’est pas parlementaire, annonce du projet de révision constitutionnelle en août-septembre pour permettre l’élection du président de la République au suffrage universel direct.... les partis politiques, à l’exception des gaullistes et des républicains indépendants de Valéry Giscard d’Estaing, se coalisent autour du vote d’une motion de censure qui fait chuter le gouvernement.
De Gaulle prononce alors la dissolution de l’Assemblée nationale.
Le référendum, organisé le 28 octobre 1962, a pratiquement valeur de plébiscite puisque le projet est adopté avec 62 % de « oui ». Dans la foulée, les élections législatives donnent une majorité absolue aux gaullistes de l’UNR (Union pour la Nouvelle République) et aux Républicains indépendants. Les partis de la IVe République sont laminés. résultats législatives nov / déc 1962
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Pourtant, les sources d’opposition demeurent nombreuses. Une opposition politique se constitue, qui s’exprime lors des élections présidentielles de 1965 au cours desquelles les centristes, en la personne de Jean Lecanuet, présentent leur propre candidat, permettant à François Mitterrand, candidat unique de la gauche, à mettre en ballottage le président de la République.
Les syndicats demeurent une source importante de contestation : la Confédération française et démocratique du travail (CFDT), créée en 1964, cherche à promouvoir un nouveau type de société. |
À partir de 1965-1966, les manifestations et les grèves, touchant tous les milieux professionnels, se multiplient en France, tandis que le chômage apparaît (450.000 personnes fin 1967), conduisant le gouvernement à créer l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE). À partir de 1967, l’agitation est perceptible dans les universités, spécialement à Nanterre, université créée en 1964 pour absorber les effets de la massification débutante de l’enseignement supérieur. Très marqués par l’extrême gauche révolutionnaire, les étudiants de Nanterre dénoncent non seulement la guerre du Vietnam mais aussi une société productiviste et la marche du monde.
En avril 1968, des incidents provoquent le soulèvement des étudiants de Nanterre au tout début du mois de mai, ce qui entraîne la fermeture de l’Université par le gouvernement ; s’étant portés sur la Sorbonne, les étudiants doivent affronter la police. Les heurts se multiplient ; dans la nuit du 10 au 11 mai, des barricades sont élevées dans le Quartier latin.
À partir du 13 mai, les syndicats se rallient au mouvement étudiant tandis que le mouvement de grève se généralise ; le 27 mai, on recense environ 9 millions de grévistes. Le pays est paralysé. |
Alors que les partis sont dépassés par des revendications plus qualitatives que quantitatives, le gouvernement négocie le 27 mai les Accords de Grenelle avec les syndicats. Ceux-ci prévoient une augmentation de 35 % du SMIG et la création de sections syndicales dans les entreprises. Ces Accords sont globalement rejetés par les grévistes.
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Alors que la situation semble dans l’impasse, le président de la République annonce, le 30 mai, la dissolution de l’Assemblée nationale, tandis que plus de 300.000 manifestants manifestent sur les Champs-Elysées, à Paris, pour lui apporter leur soutien. De fait, les partis politiques, qui n’avaient pas de prise sur le mouvement, sont soulagés de revenir à un système démocratique classique et acceptent la solution proposée par De Gaulle. Les élections législatives de juin donnent la majorité absolue au parti gaulliste, tandis que le travail reprend partout.
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Pour tenter de reprendre la main, le président de la République organise un référendum en avril 1969 sur la réforme du Sénat et une nouvelle organisation des régions. Ce référendum se transforme en vote d’opinion sur la personne du chef de l’État. La victoire du «non» par 55 % des suffrages entraine la démission de De Gaulle. |
Élu président de la République, Georges Pompidou confie à son Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas la tâche de répondre aux attentes des Français. Celui-ci élabore un projet de « nouvelle société », destiné à atténuer les inégalités, mais se heurte au scepticisme puis à l’hostilité des syndicats et des partis d’opposition qui s’associent en 1972 au sein d’un Programme commun de gouvernement.