Le tableau de Maurice Busset, Bombardement d’usine (1918), illustre immédiatement la notion d’embrasement
présente dans le titre du chapitre : à l’image de ces usines en flamme, c’est le continent européen qui est en train d’être ravagé par la guerre.
Le document met aussi l’accent sur les nouvelles formes de la guerre et l’utilisation d’armes inédites dans le but d’anéantir l’adversaire.
L’aviation de chasse s’est développée tout au long du conflit, et les avions ne sont plus seulement utilisés pour observer l’ennemi, mais aussi pour l’attaquer, ce qui introduit une troisième dimension dans les combats : le danger peut venir d’en face, de sous la terre et désormais du ciel.
Par ailleurs, le fait que les bombardements soient concentrés sur les usines chimiques BASF (tableau) permet d’évoquer l’utilisation d’armes chimiques par les différents belligérants.
présente dans le titre du chapitre : à l’image de ces usines en flamme, c’est le continent européen qui est en train d’être ravagé par la guerre.
Le document met aussi l’accent sur les nouvelles formes de la guerre et l’utilisation d’armes inédites dans le but d’anéantir l’adversaire.
L’aviation de chasse s’est développée tout au long du conflit, et les avions ne sont plus seulement utilisés pour observer l’ennemi, mais aussi pour l’attaquer, ce qui introduit une troisième dimension dans les combats : le danger peut venir d’en face, de sous la terre et désormais du ciel.
Par ailleurs, le fait que les bombardements soient concentrés sur les usines chimiques BASF (tableau) permet d’évoquer l’utilisation d’armes chimiques par les différents belligérants.
1914 est considérée comme l’apogée de la domination européenne sur le monde. Le continent concentre les plus grandes puissances économiques et politiques, et la colonisation lui permet d’avoir une influence forte sur tout ou partie du monde. Mais les tensions fortes entre les pays renforcés par la construction de nationalismes puissants et antagonistes plongent le continent dans une guerre qui sera qualifiée par le Pape Benoit XV de « suicide de l’Europe ». Et c’est le 28 juin 1914, lorsque l’Archiduc François Ferdinand, héritier du trône de l’Empire d’Autriche Hongrie, est assassiné par un jeune serbe, que se produit l’étincelle qui embrase le continent européen, puis le monde entier pendant plus de 4 ans.
La recherche historique insiste aujourd'hui sur l’absence de responsabilité d’un État en particulier (l’Allemagne n’est pas plus responsable que la France), mais au contraire sur l’importance du sentiment
national dans cet engrenage fatal : « les réflexions sur les origines de la guerre conduisent de plus en plus
à admettre que cette guerre sans raison a été aussi une guerre sans responsabilité, ou tout au moins sans autre véritable responsabilité que celle de l’intensité des sentiments nationaux, ce qui était le fait de presque tous les peuples européens » (Jean-Jacques Becker).
la Première Guerre mondiale constitue une rupture fondamentale dans l’histoire militaire, qui transparaît
dans l’appellation « Grande Guerre ». Celle-ci se distingue d’abord par sa durée : le monde n’a pas connu
de conflit aussi long depuis les guerres napoléoniennes et le XIXe siècle s’est caractérisé surtout par de brèves campagnes.
Le conflit est aussi remarquable par son extension géographique : entre 1914 et 1918, ce sont l’équivalent de 72 pays actuels, appartenant à tous les continents, qui sont impliqués dans le conflit.
La mise en place d’une économie de guerre permet en effet la modernisation de l’équipement et la création de nouvelles armes dans tous les domaines : les gaz dans l’artillerie, les chars dans la cavalerie, les
avions de combat dans l’aviation, les sous-marins dans la marine.
Pour Raymond Aron, c’est cette « surprise technique » qui est à l’origine de l’enlisement et de la
radicalisation du conflit.
En effet, alors que la Première Guerre mondiale débute comme un conflit d’alliances assez classique, la violence extrême liée à l’utilisation de ces nouvelles armes attise l’hostilité des belligérants et explique la mise en place progressive d’une logique d’anéantissement de l’autre.
La recherche historique insiste aujourd'hui sur l’absence de responsabilité d’un État en particulier (l’Allemagne n’est pas plus responsable que la France), mais au contraire sur l’importance du sentiment
national dans cet engrenage fatal : « les réflexions sur les origines de la guerre conduisent de plus en plus
à admettre que cette guerre sans raison a été aussi une guerre sans responsabilité, ou tout au moins sans autre véritable responsabilité que celle de l’intensité des sentiments nationaux, ce qui était le fait de presque tous les peuples européens » (Jean-Jacques Becker).
la Première Guerre mondiale constitue une rupture fondamentale dans l’histoire militaire, qui transparaît
dans l’appellation « Grande Guerre ». Celle-ci se distingue d’abord par sa durée : le monde n’a pas connu
de conflit aussi long depuis les guerres napoléoniennes et le XIXe siècle s’est caractérisé surtout par de brèves campagnes.
Le conflit est aussi remarquable par son extension géographique : entre 1914 et 1918, ce sont l’équivalent de 72 pays actuels, appartenant à tous les continents, qui sont impliqués dans le conflit.
La mise en place d’une économie de guerre permet en effet la modernisation de l’équipement et la création de nouvelles armes dans tous les domaines : les gaz dans l’artillerie, les chars dans la cavalerie, les
avions de combat dans l’aviation, les sous-marins dans la marine.
Pour Raymond Aron, c’est cette « surprise technique » qui est à l’origine de l’enlisement et de la
radicalisation du conflit.
En effet, alors que la Première Guerre mondiale débute comme un conflit d’alliances assez classique, la violence extrême liée à l’utilisation de ces nouvelles armes attise l’hostilité des belligérants et explique la mise en place progressive d’une logique d’anéantissement de l’autre.
Si les impacts de la "grande guerre" sont considérables et planétaires...peut on pour autant affirmer que celle ci fût véritablement mondiale ?
A) Les grandes phases du conflit
1. 1914: le déclenchement
. la poudrière européenne: Au début du XXe siècle, le nationalisme agressif des puissances européennes attise les tensions, notamment dans le monde colonial. Les puissances européennes se disputent le contrôle de colonies en Afrique ou de zones d’influence en Asie. Depuis la fin du XIXe siècle, on observe ainsi de nombreuses tensions entre le Royaume-Uni et la France au Soudan, entre la France et l’Italie en Tunisie, entre l’Allemagne et la France au Maroc ou entre la Russie et la Grande-Bretagne en Iran et en Afghanistan. Mais ces tensions trouvent toujours une solution diplomatique.
Les incidents se multiplient et la guerre apparaît progressivement comme inéluctable pour les opinions publiques
Les incidents se multiplient et la guerre apparaît progressivement comme inéluctable pour les opinions publiques
Cette caricature anglaise de Walter Emmanuel appartient à un genre très populaire à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les cartes de géographie humoristiques. Chaque État est représenté par un personnage, un topique ou une attitude, voire par une juxtaposition de symboles. Ces scènes renvoient à une situation diplomatique précise et se répondent d’un pays à l’autre. |
Ici, quatre chiens sont disposés à se battre : le bulldog anglais et le caniche français sont menacés par un teckel allemand, identifiable par son casque prussien, attaché à un autre chien représentant l’Autriche-Hongrie, plus en retrait. Ils sont eux mêmes menacés par l’Empire russe, représentés par un ours
et par un rouleau-compresseur conduit par le tsar Nicolas II.
L’auteur insiste sur l’importance de la puissance maritime et donc de l’Angleterre : elle tient en laisse des cuirassés et des croiseurs disposés sur les mers européennes.
Les puissances secondaires et leurs conflits sont aussi mentionnés. L’Empire ottoman, caricaturé sous la forme d’un personnage portant un fez, observe ses adversaires des Balkans après les guerres de 1912-1913. Ses liens avec l’Empire allemand sont soulignés par quelques navires en mer Noire et en mer Égée arborant le drapeau allemand. Il est suivi d’un petit chien surmonté d’un fez et avec un drapeau allemand sur sa queue.
L’Italie, figurée par un bersaglier armé, semble circonspecte. En 1914, le royaume est encore membre de la Triplice même s’il est tenté par la neutralité. L’Espagne – un toréador – et le Portugal – un soldat – ne semblent pas concernés.
et par un rouleau-compresseur conduit par le tsar Nicolas II.
L’auteur insiste sur l’importance de la puissance maritime et donc de l’Angleterre : elle tient en laisse des cuirassés et des croiseurs disposés sur les mers européennes.
Les puissances secondaires et leurs conflits sont aussi mentionnés. L’Empire ottoman, caricaturé sous la forme d’un personnage portant un fez, observe ses adversaires des Balkans après les guerres de 1912-1913. Ses liens avec l’Empire allemand sont soulignés par quelques navires en mer Noire et en mer Égée arborant le drapeau allemand. Il est suivi d’un petit chien surmonté d’un fez et avec un drapeau allemand sur sa queue.
L’Italie, figurée par un bersaglier armé, semble circonspecte. En 1914, le royaume est encore membre de la Triplice même s’il est tenté par la neutralité. L’Espagne – un toréador – et le Portugal – un soldat – ne semblent pas concernés.
Les risques de guerre sont beaucoup plus élevés en Europe. La France veut récupérer les « provinces perdues », l’Alsace et la Moselle, annexées en 1871 par l’Allemagne. L’Italie réclame les terres irrédentes à l’Autriche-Hongrie. Cette dernière annexe la Bosnie-Herzégovine en 1908, ce qui inquiète la Serbie. La Russie soutient la Serbie dans son projet de créer un État réunissant les Slaves du Sud (Yougoslaves), en les libérant de l’Empire austro-hongrois (Croates, Slovènes, Bosniaques). Les nationalismes mènent ainsi à deux guerres balkaniques, très violentes, en 1912-1913.
Dans ce contexte d’anticipation d’une guerre, deux grandes alliances militaires se forment : la Triple-Alliance, composée de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie et de l’Italie, et la Triple-Entente, constituée de la Russie, de la France et du Royaume-Uni. Ces États augmentent leurs dépenses militaires ; en France et en Allemagne, la durée du service militaire est allongée. En apparence, un équilibre existe en Europe entre les deux systèmes d’alliances qui se font face. Il ne s’agit pas d’alliances offensives mais défensives, conçues dans le cadre du Concert européen. |
Celui-ci, depuis 1815, a permis d’éviter les conflits généralisés au Vieux Continent, malgré la multiplication des guerres limitées (Prusse-Autriche-Hongrie, 1866 ; France-Prusse et États allemands, 1870-1871 ; guerres
balkaniques 1912-1913) et les changements de frontières en Europe centrale et en Europe orientale.
Mais plusieurs facteurs perturbent cet équilibre :
- Les puissances membres des alliances ont des ambitions et des intérêts divergents, voire contradictoires Ces situations contribuent à une course aux armements, particulièrement coûteuse dans le domaine naval, alors même que la paix règne.
- Ces grandes puissances recherchent des alliés dans toute l’Europe et sont de plus en plus liées à des États moins importants mais qui ont des ambitions régionales importantes et contradictoires, notamment dans les Balkans.
- Ces systèmes d’alliances ne sont pas aussi stables qu’on peut l’imaginer. L’Italie proclame sa neutralité en 1914 puis change de camp en 1915. L’Empire ottoman, malgré l’existence de courants divergents parmi les dirigeants Jeunes-Turcs, rejoint l’alliance allemande en octobre 1914.
balkaniques 1912-1913) et les changements de frontières en Europe centrale et en Europe orientale.
Mais plusieurs facteurs perturbent cet équilibre :
- Les puissances membres des alliances ont des ambitions et des intérêts divergents, voire contradictoires Ces situations contribuent à une course aux armements, particulièrement coûteuse dans le domaine naval, alors même que la paix règne.
- Ces grandes puissances recherchent des alliés dans toute l’Europe et sont de plus en plus liées à des États moins importants mais qui ont des ambitions régionales importantes et contradictoires, notamment dans les Balkans.
- Ces systèmes d’alliances ne sont pas aussi stables qu’on peut l’imaginer. L’Italie proclame sa neutralité en 1914 puis change de camp en 1915. L’Empire ottoman, malgré l’existence de courants divergents parmi les dirigeants Jeunes-Turcs, rejoint l’alliance allemande en octobre 1914.
Le 28 juin 1914, l’assassinat par un nationaliste serbe de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’empire d’Autriche-Hongrie, déclenche une crise
politique et diplomatique européenne sans précédent. Par le jeu des alliances, la plupart des pays de l’Europe entrent en guerre en août 1914 ( tableau ci contre). En quelques semaines le continent tout entier s'embrase. Parallèlement , les états ont procédé à la mobilisation générale...des centaines de milliers de citoyens ont rejoint leurs régiments |
2. Des illusions d'une guerre courte...à l'enlisement
Les deux batailles: Tannenberg et celle de la Marne sont révélatrices des logiques de la guerre de mouvement : dans les deux cas, les armées pénètrent en territoire ennemi et tentent de progresser le plus rapidement possible pour vaincre l’adversaire.
C’est ce qu’explique Damien Baldin dans le document ci dessus : « une seule solution s’impose, l’offensive
immédiate pour anéantir au plus vite l’adversaire ». En Allemagne, le plan Schlieffen (1894) prévoit ainsi une
attaque brutale contre la France afin de la vaincre en quelques semaines et ensuite de se retourner contre la
Russie, plus longue à mobiliser, pour ne pas combattre sur deux fronts à la fois.
C’est ce qu’explique Damien Baldin dans le document ci dessus : « une seule solution s’impose, l’offensive
immédiate pour anéantir au plus vite l’adversaire ». En Allemagne, le plan Schlieffen (1894) prévoit ainsi une
attaque brutale contre la France afin de la vaincre en quelques semaines et ensuite de se retourner contre la
Russie, plus longue à mobiliser, pour ne pas combattre sur deux fronts à la fois.
Cette stratégie fonctionne sur le front de l’Ouest : le 3 août, les armées allemandes envahissent la Belgique et le Luxembourg pour contourner les troupes françaises massées à la frontière franco-allemande. En quelques semaines, elles se retrouvent à 40 km de Paris. En revanche, sur le front de l’Est, les troupes russes sont prêtes plus tôt que prévu et peuvent lancer une attaque contre l’Allemagne dès le mois d’août. Le 20 août, elles pénètrent en Prusse-Orientale et remportent la bataille de Gumbinnen. Les Allemands sont dans la position inverse : ils doivent eux aussi stopper l’offensive russe et la bataille de Tannenberg s’annonce tout aussi décisive que celle de la Marne. |
La guerre de mouvement est un échec stratégique dans la mesure où aucune offensive ne permet de vaincre
rapidement et totalement l’adversaire. Les Allemands, comme les Russes, sont arrêtés, et les plans des états-majors (plan Schlieffen en Allemagne, plan XVII en France) n’ont pas fonctionné : « Les batailles de Tannenberg et de la Marne déjouent entièrement ce qui a été anticipé. Elles signifient d’abord l’échec de l’offensive. » Alors que tous les États s’étaient préparés à un conflit court, ce dernier conflit s’enlise, le mythe de la guerre éclair s’écroule : « elles entraînent pas la fin de la guerre et la victoire d’un camp sur l’autre ».
L’espoir d’une guerre courte disparaît. Une bataille victorieuse ou perdue ne peut plus décider du sort d’une campagne à l’ère de la guerre industrielle.
Ces batailles contribuent à l’enlisement du conflit et au passage de la guerre de mouvement à la guerre
de position. Les armées vaincues reculent mais parviennent à rétablir des positions de défense qui
stoppent l’avancée des vainqueurs. Elles entraînent donc la formation de vastes fronts. À la fin de 1914,
le front de l’Ouest se stabilise le long d’une ligne de plus de 700 km qui court de la mer du Nord à
la frontière suisse où se font face des réseaux de tranchées. Il reste relativement immobile jusqu’en 1918. Le front de l’Est reste en revanche plus mobile car il est plus étendu et moins densément défendu.
Enfin, ces deux batailles confèrent aux généraux victorieux, Hindenburg et Ludendorff du côté allemand, Joffre du côté français, un immense prestige qui contribue au culte des chefs militaires et renforce
leur contrôle sur la conduite de la guerre lors des années suivantes. Elles deviennent ainsi immédiatement
un objet de propagande mémorielle.
rapidement et totalement l’adversaire. Les Allemands, comme les Russes, sont arrêtés, et les plans des états-majors (plan Schlieffen en Allemagne, plan XVII en France) n’ont pas fonctionné : « Les batailles de Tannenberg et de la Marne déjouent entièrement ce qui a été anticipé. Elles signifient d’abord l’échec de l’offensive. » Alors que tous les États s’étaient préparés à un conflit court, ce dernier conflit s’enlise, le mythe de la guerre éclair s’écroule : « elles entraînent pas la fin de la guerre et la victoire d’un camp sur l’autre ».
L’espoir d’une guerre courte disparaît. Une bataille victorieuse ou perdue ne peut plus décider du sort d’une campagne à l’ère de la guerre industrielle.
Ces batailles contribuent à l’enlisement du conflit et au passage de la guerre de mouvement à la guerre
de position. Les armées vaincues reculent mais parviennent à rétablir des positions de défense qui
stoppent l’avancée des vainqueurs. Elles entraînent donc la formation de vastes fronts. À la fin de 1914,
le front de l’Ouest se stabilise le long d’une ligne de plus de 700 km qui court de la mer du Nord à
la frontière suisse où se font face des réseaux de tranchées. Il reste relativement immobile jusqu’en 1918. Le front de l’Est reste en revanche plus mobile car il est plus étendu et moins densément défendu.
Enfin, ces deux batailles confèrent aux généraux victorieux, Hindenburg et Ludendorff du côté allemand, Joffre du côté français, un immense prestige qui contribue au culte des chefs militaires et renforce
leur contrôle sur la conduite de la guerre lors des années suivantes. Elles deviennent ainsi immédiatement
un objet de propagande mémorielle.
L’échec des offensives s’explique par un blocage stratégique : les progrès de l’artillerie ont doté chaque belligérant de capacités offensives renforcées et équivalentes. Privilégiant la défense, les armées mettent en place sur la plupart des fronts le système de tranchées, qui transforme le conflit en une longue guerre de siège, où se succèdent phases offensives et phases de répit |
Ensuite, la bataille se déroule de la même manière que toutes les batailles de tranchées. Les assaillants commencent par pilonner les lignes allemandes dans l’espoir d’anéantir leur système défensif : en une semaine, l’artillerie franco- britannique tire 1 732 873 obus, soit une moyenne de cinq obus pour chaque soldat allemand. Plusieurs offensives sont ensuite lancées entre juillet et novembre. Ces assauts s’avèrent extrêmement meurtriers, car l’artillerie et les mitrailleuses font des ravages : le 1er juillet 1916, lors des six premières minutes, 30 000 soldats britanniques sont blessés ou tués. |
La bataille de la Somme s’inscrit dans la logique de la guerre de position. En effet, l’offensive franco-britannique lancée le 1er juillet répond à un double objectif. Il s’agit d’abord de desserrer un peu la pression de l’armée allemande sur Verdun en forçant cette dernière à prélever une partie des hommes engagés pour les envoyer en renfort dans la Somme. L’objectif est aussi de percer le front allemand et de rompre enfin l’équilibre installé à la fin de l’année 1914. |
Enfin, la bataille de la Somme est emblématique de la guerre de position dans la mesure où elle ne permet pas de changer le cours de la guerre : malgré l’intensité des bombardements, le nombre d’hommes engagés et l’utilisation des chars, les trois offensives franco-britanniques ne permettent que des gains de territoires minimes. Elle n'est malheureusement pas le seul exemple: Verdun, le chemin des Dames...Etc
Sur le front oriental, les mouvements sont plus importants mais ne modifient pas de manière décisive le rapport de forces
Sur le front oriental, les mouvements sont plus importants mais ne modifient pas de manière décisive le rapport de forces
3. le retournement de 1917 et le dénouement
En 1917, en Russie, les nombreuses pertes humaines et les multiples échecs militaires affectent profondément le moral des troupes et des civils. Le 23 février, des émeutes de la faim éclatent à Petrograd, l’armée ne parvient pas à rétablir l’ordre et Nicolas II est contraint d’abdiquer.
Cette « révolution de février » débouche sur la formation d’un gouvernement provisoire, qui décide de poursuivre la guerre aux côtés des Alliés. Lénine, revenu d’exil grâce à la complicité des Allemands, s’oppose au gouvernement provisoire et réclame la paix immédiate. Le 25 octobre, les bolcheviks s’emparent du pouvoir à Petrograd (« révolution d’octobre »). En décembre, ils signent un armistice avec l’Allemagne et entament des pourparlers de paix. Le 3 mars 1918, le traité de paix de Brest-Litovsk est signé par les deux pays, la Russie se retire du conflit. |
L’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917 est un soulagement pour les Alliés, en raison du contexte de l’année 1917. D’abord, en Russie, la révolution de février a renversé le régime du tsar. Si le gouvernement provisoire s’est engagé à poursuivre la guerre, le « rouleau compresseur » russe a déjà perdu de sa superbe et commence à vaciller. Si la Russie fait défection, l’Allemagne pourra alors redéployer sur le front de l’Ouest ses armées engagées à l’Est. |
C’est la crainte formulée par le dessinateur, qui représente un soldat allemand en train de forcer la porte
du front occidental. Le texte écrit entre les deux hommes souligne cette idée : « L’Allemagne aurait voulu rompre le front occidental et imposer aux Alliés des conditions de paix aussi honteuses que celles imposées à la Russie. »
Le renfort du géant américain, personnifié par l’immense ombre du soldat en arrière plan, permet de retrouver de l’espoir.
du front occidental. Le texte écrit entre les deux hommes souligne cette idée : « L’Allemagne aurait voulu rompre le front occidental et imposer aux Alliés des conditions de paix aussi honteuses que celles imposées à la Russie. »
Le renfort du géant américain, personnifié par l’immense ombre du soldat en arrière plan, permet de retrouver de l’espoir.
La lassitude des combattants face aux sacrifices inutiles provoque les premières mutineries russes et françaises. Ainsi, après l’échec meurtrier de l’offensive du Chemin des Dames (Aisne) en avril 1917, près de 60 000 soldats français refusent de remonter en première ligne. Sous l’autorité du général Pétain, la discipline est restaurée. Les conseils de guerre prononcent des condamnations à mort. Il gagne pourtant la réputation
d’un chef « humain » en améliorant le quotidien du soldat et en cessant les grandes offensives. Fin 1917, il déclare : « J’attends les Américains et les chars. »
d’un chef « humain » en améliorant le quotidien du soldat et en cessant les grandes offensives. Fin 1917, il déclare : « J’attends les Américains et les chars. »
Au début de l’année 1918, cela fait plus de trois
ans que les États belligérants se battent. Depuis la fin de l’année 1914, le front occidental est bloqué et les armées, enterrées dans des tranchées, s’affrontent selon les logiques de la guerre de position. La reprise de la guerre de mouvement au printemps 1918 s’explique d’abord par la stratégie du général allemand Ludendorff qui pense que le moment est venu de porter un coup décisif à la France. Le contexte est en effet favorable: le retrait de la Russie a permis le redéploiement de 50 divisions sur le front de l’Ouest. La lenteur de l’entrée en guerre des États-Unis permet à l’Allemagne de profiter de ce nouvel avantage numérique. Une quadruple offensive, la Kaiserschlacht (« bataille de l’empereur »), est alors lancée, qui permet d’enfoncer les lignes franco- britanniques et de menacer à nouveau Paris. En juillet, l’Allemagne lance une cinquième offensive dans la Marne, mais les Alliés, renforcés par l’arrivée des Américains et le soutien de l’aviation et des chars,contre-attaquent avec succès. L’assaut général contre les positions allemandes est lancé par le général Foch le 8 août et permet de reconquérir l’essentiel du terrain perdu par les Français depuis le début de la guerre. |
À partir du mois d’août 1918, les Alliés ont l’initiative de l’offensive. L’armée ottomane est anéantie lors de la bataille de Megiddo, le 21 septembre 1918. L’état -major allemand souhaite alors signer un armistice avant que le Reich ne soit envahi. L’empereur d’Allemagne Guillaume II abdique le 9 novembre 1918 et l’armistice est signé à Rethondes, en France, le 11 novembre 1918. |
B) Une guerre mondiale ?
Plus de 100 ans après, un regard sur la Grande Guerre décentré par rapport à l’Europe permet de mieux voir sa place centrale, encore centrale. La déseuropéanisation du globe terrestre est encore trop balbutiante dans les années 1920 (période au cours de laquelle la "Grande Guerre" devient la 1ere guerre mondiale) pour ne pas voir dans ce conflit, certes planétaire, autre chose que la guerre d’une Europe-monde...c'est à dire d'un continent dominant qui impose au autre sa problématique guerrière. D'où notre questionnement , la 1ere guerre mondiale est elle véritablement mondiale ? |
En 1915, le Royaume-Uni et la France ont conscience de la faiblesse de la Russie et du blocage du front occidental. Winston Churchill, premier Lord de l’Amirauté, propose de prendre le détroit des Dardanelles, passage entre la Méditerranée et la mer Noire, grâce à la marine. Cela permettra de ravitailler la Russie et d’abattre l’Empire ottoman affaibli.
Des troupes sont débarquées dans la péninsule de Gallipoli. Une victoire contre les Turcs permettrait
de faire basculer une partie des États balkaniques dans le camp de l’Entente.
Des troupes sont débarquées dans la péninsule de Gallipoli. Une victoire contre les Turcs permettrait
de faire basculer une partie des États balkaniques dans le camp de l’Entente.
L’offensive des Dardanelles illustre bien la dimension mondiale du conflit. La carte du document 1 montre que la bataille se situe au carrefour de deux continents, à la jonction de l’Europe et de l’Asie, séparées par le détroit des Dardanelles.
On voit aussi que des armées de trois continents sont impliquées : des armées européennes (armée françaiseet armée britannique), renforcées par des troupes coloniales venues d’Océanie (Australiens et Néo-zélandais
de l’Australian and New Zealand Army Corps), affrontent l’armée ottomane et l’armée allemande.
On voit aussi que des armées de trois continents sont impliquées : des armées européennes (armée françaiseet armée britannique), renforcées par des troupes coloniales venues d’Océanie (Australiens et Néo-zélandais
de l’Australian and New Zealand Army Corps), affrontent l’armée ottomane et l’armée allemande.
Pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande, il s’agit d’un moment important de leur histoire. Faisant partie des dominions, ils envoient l’ANZAC (Australian and New Zealand Army Corps), composé de volontaires. Cette campagne apparaît comme le creuset de leur histoire récente. Le jour du débarquement à Gallipoli, le 25 avril 1915, est devenu l’ANZAC day, commémoré en Australie. |
Les troupes alliées dans cette bataille proviennent
d’Europe, d’Afrique du Nord, d’Afrique noire, d’Australie et de Nouvelle-Zélande si on suit les sources primaires. Mais l’historien complète et apporte des précisions : dans l’armée française « les seuls non-Européens (un tiers au moins) étaient des Sénégalais ». « La proportion de soldats coloniaux était nettement plus élevée aux Dardanelles. » Ces éléments ne sont pas contradictoires mais se complètent : les zouaves constituent une partie des troupes coloniales mais ils sont prioritairement recrutés parmi les Européens d’Algérie. On évite pour des raisons religieuses de faire appel aux tirailleurs algériens, à des « militaires musulmans ». |
La Première Guerre mondiale débute comme un conflit opposant les grandes puissances du Vieux continent, qui la conçoivent à l’origine comme une guerre strictement européenne. Mais elle devient très vite une guerre menée par l’Europe dans le monde entier.
À partir de 1915-1916, comme la guerre dure, il apparaît nécessaire de « courtiser les États neutres », surtout en Europe (G.-H. Soutou), de chercher à ouvrir d’autres fronts, alors que le contrôle des voies maritimes devient essentiel.
À partir de 1915-1916, comme la guerre dure, il apparaît nécessaire de « courtiser les États neutres », surtout en Europe (G.-H. Soutou), de chercher à ouvrir d’autres fronts, alors que le contrôle des voies maritimes devient essentiel.
. De nouveaux belligérants. Allié de l’Angleterre, le Japon déclare la guerre à l’Allemagne le 23 août 1914. En octobre, l’Empire ottoman rejoint les Empires centraux. L’Italie change de camp en 1915 et rejoint l’Entente, qui lui promet des territoires pris à l’Autriche-Hongrie. La même année, la Bulgarie s’engage aux côtés des Empires centraux. En 1916, le Portugal et la Roumanie entrent en guerre aux côtés de l’Entente.
. L’entrée en guerre des États-Unis. En 1917, les Allemands déclarent la « guerre sous-marine à outrance » pour asphyxier le Royaume-Uni. Cette guerre au commerce choque l’opinion américaine. Au même moment, les États-Unis apprennent que les Allemands ont proposé une alliance au Mexique. C’en est trop pour le président Wilson, qui décide le 2 avril l’entrée en guerre des États-Unis comme « associés » des Alliés.
. De la Chine au Brésil. À l’été 1917, la Grèce et la Chine rejoignent l’Entente. À la demande des États-Unis, de nombreux pays d’Amérique centrale et des Caraïbes déclarent la guerre à l’Allemagne en 1917-1918 (Panama, Cuba, Guatemala, Costa Rica, Nicaragua, Haïti, Honduras). Le Brésil fait de même, fournissant aux Alliés des navires, des soldats et des médecins.
. L’entrée en guerre des États-Unis. En 1917, les Allemands déclarent la « guerre sous-marine à outrance » pour asphyxier le Royaume-Uni. Cette guerre au commerce choque l’opinion américaine. Au même moment, les États-Unis apprennent que les Allemands ont proposé une alliance au Mexique. C’en est trop pour le président Wilson, qui décide le 2 avril l’entrée en guerre des États-Unis comme « associés » des Alliés.
. De la Chine au Brésil. À l’été 1917, la Grèce et la Chine rejoignent l’Entente. À la demande des États-Unis, de nombreux pays d’Amérique centrale et des Caraïbes déclarent la guerre à l’Allemagne en 1917-1918 (Panama, Cuba, Guatemala, Costa Rica, Nicaragua, Haïti, Honduras). Le Brésil fait de même, fournissant aux Alliés des navires, des soldats et des médecins.
. Une guerre navale déjà mondiale. En octobre 1914, les flottes allemande, française et russe s’affrontent dans le détroit de Malacca. En novembre, la marine allemande inflige à la Royal Navy britannique sa première défaite depuis plus d’un siècle, lors de la bataille de Coronel, au large du Chili. Parallèlement, les sous marins allemands attaquent les navires marchands dans l’Atlantique pour tenter d’affaiblir les Alliés.
En 1915, les troupes germano-ottomanes lancent une offensive sur le canal de Suez. L’attaque est repoussée par les Alliés et le front se stabilise sous la forme de tranchées. En 1916, le lieutenant britannique Lawrence incite les Arabes de l’Empire ottoman à se soulever en promettant la création d’un royaume arabe. Ce soutien permet aux Alliés de se rendre maîtres du Proche-Orient. Mais la promesse de « Lawrence d’Arabie » entre en contradiction avec les accords Sykes-Picot (1916), qui prévoient un partage de la région en zones d’influence française et britannique, et avec la déclaration Balfour (1917), qui s’engage à créer un État juif en Palestine.
Les rivalités coloniales expliquent la multiplication des terrains d’affrontement. En 1914, la marine allemande bombarde Madras (Inde) et Papeete (Polynésie française). Le Japon attaque les possessions allemandes en Chine et dans le Pacifique. En Afrique, les troupes des colonies françaises, britanniques, belges et portugaises s’emparent des colonies allemandes (Togo, Cameroun, Sud-Ouest africain, Afrique orientale allemande).
Guerre mondiale par l'appel aux populations des colonies Les troupes coloniales sont utilisées comme renforts par l’armée française. Au total, 160 000 tirailleurs sont recrutés, 30 000 pour défendre les colonies et 130 000 engagés en Europe. Ces soldats sont moins bien traités que les autres puisqu’ils se voient systématiquement confier certaines tâches subalternes, comme la corvée de bois. Par ailleurs, les officiers ne tiennent pas compte de la spécificité climatique de leurs pays d’origine et n’hésitent pas à les faire combattre dans le froid et la neige, provoquant de multiples blessures.
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Le général Mangin, qui a œuvré à la création de la « force noire », est surnommé significativement « le boucher des Noirs. » Une fois le conflit terminé, malgré le courage des soldats africains, la France n’accorde presque aucune reconnaissance à ces derniers : ils ne reçoivent pas de droits politiques et les pensions qui leur sont accordées sont toujours inférieures à celles des métropolitains. |
C’est toutefois la mobilisation de l’Empire britannique qui représente l’élément décisif dans l’extension du conflit au monde entier. Au printemps 1915, des divisions australiennes et néo-zélandaises sont envoyées sur la péninsule turque de Gallipoli. Le débarquement est un échec qui se solde par des pertes considérables. Les troupes australiennes et néo-zélandaises sont ensuite envoyées sur le front de la Somme où sont également dépêchés des soldats canadiens et sud-africains.De tout l’Empire britannique, c’est l’Inde qui fournit le plus grand nombre de soldats tout au long de la guerre : elle envoie en Europe, en Afrique et en Asie 1,5 million d’hommes dont presque 900 000 appartiennent aux unités de combat.
Enfin, l’entrée en guerre des États-Unis en 1917 contribue fortement à la mondialisation du conflit
Cependant peut-on pour autant parler de guerre mondiale ? Il peut se révéler utile ici d’opérer une comparaison avec la Seconde Guerre mondiale
La Première Guerre mondiale débute comme un conflit opposant les grandes puissances du Vieux continent, qui la conçoivent à l’origine comme une guerre strictement européenne. Mais elle devient très vite une guerre menée par l’Europe dans le monde entier.
L’expansion permanente des fronts s’explique principalement par les réseaux de colonies et de dépendances tissés dans le monde entier par les grandes puissances européennes avant 1914. La Grande-Bretagne jouit alors d’un rayonnement mondial, l’Empire Britannique s’étendant de l’Afrique à l’Inde en passant par la Nouvelle-Zélande, l’Australie et la Chine. La France dispose pour sa part d’importantes colonies en Afrique.
Elle est moins mondiale que la Seconde, car de plus vastes parties de la planète sont épargnées. Par ailleurs, si la guerre d’Europe et les guerres d’Orient sur les fronts ottomans sont assez connectées pendant la Grande Guerre, la guerre en Asie orientale est complètement déconnectée, ce qui n’est pas le cas avec le conflit suivant, où les États-Unis font le trait d’union à partir de 1941 entre guerre européenne et guerre asiatique, entre les batailles de l’Atlantique et du Pacifique.
Dès 1914, le conflit est mondial, et pas seulement européen, tant le poids des Empires britannique et français lui donne cette dimension incontestablement planétaire, et ce, pendant toute sa durée...ce qui le sera beaucoup au cours de la guerre suivante.
La guerre se joue d’abord sur les théâtres d’opérations européens. Les fronts majeurs et décisifs sont celui allant de la Somme aux Vosges, marqué par la guerre de position, et ceux de l’Est plus mobiles. Dès 1914, les Canadiens sont appelés à combattre en France, à renforcer les troupes françaises et anglaises.
L’expansion permanente des fronts s’explique principalement par les réseaux de colonies et de dépendances tissés dans le monde entier par les grandes puissances européennes avant 1914. La Grande-Bretagne jouit alors d’un rayonnement mondial, l’Empire Britannique s’étendant de l’Afrique à l’Inde en passant par la Nouvelle-Zélande, l’Australie et la Chine. La France dispose pour sa part d’importantes colonies en Afrique.
Elle est moins mondiale que la Seconde, car de plus vastes parties de la planète sont épargnées. Par ailleurs, si la guerre d’Europe et les guerres d’Orient sur les fronts ottomans sont assez connectées pendant la Grande Guerre, la guerre en Asie orientale est complètement déconnectée, ce qui n’est pas le cas avec le conflit suivant, où les États-Unis font le trait d’union à partir de 1941 entre guerre européenne et guerre asiatique, entre les batailles de l’Atlantique et du Pacifique.
Dès 1914, le conflit est mondial, et pas seulement européen, tant le poids des Empires britannique et français lui donne cette dimension incontestablement planétaire, et ce, pendant toute sa durée...ce qui le sera beaucoup au cours de la guerre suivante.
La guerre se joue d’abord sur les théâtres d’opérations européens. Les fronts majeurs et décisifs sont celui allant de la Somme aux Vosges, marqué par la guerre de position, et ceux de l’Est plus mobiles. Dès 1914, les Canadiens sont appelés à combattre en France, à renforcer les troupes françaises et anglaises.
C) L'expérience combattante
La guerre qui embrase l’Europe en 1914 débouche rapidement sur une impasse stratégique à l’Ouest.
Le front se stabilise à la fin de l’année 1914 après la bataille de la Marne. Le conflit prend un caractère nouveau, celui d’une guerre de position dans laquelle les soldats s’enterrent dans les tranchées. Malgré des offensives de grande ampleur en 1916 (Verdun et la Somme), le front reste stable. C’est une expérience inédite pour des soldats alors habitués aux stratégies offensives.
Le front se stabilise à la fin de l’année 1914 après la bataille de la Marne. Le conflit prend un caractère nouveau, celui d’une guerre de position dans laquelle les soldats s’enterrent dans les tranchées. Malgré des offensives de grande ampleur en 1916 (Verdun et la Somme), le front reste stable. C’est une expérience inédite pour des soldats alors habitués aux stratégies offensives.
Une nouvelle forme de guerre
Une mobilisation massive. 70 millions de combattants sont mobilisés. À l’exception du Royaume-Uni, qui recrute des volontaires, tous les belligérants ont recours à la conscription. Jamais un conflit n'avait mobilisé autant d'hommes.
La guerre défensive l'emporte: chaque armée
campe sur des positions qui changent peu. Des offensives, localisées ou générales, tentent de relancer la guerre de mouvement. La guerre de position devient la norme sur le front occidental « L’augmentation de la précision des armes et celle de leur cadence de tir confèrent aux armées une puissance de feu obligeant à rompre avec la pratique plurimillénaire de l’ordre linéaire et compact », Laurent Henninger. Mais l’objectif pour les États-majors est de relancer la guerre de mouvement, afin d’obtenir une décision sur le terrain. Cela débouche sur les sanglantes batailles de 1916, 1917 , batailles qui ont pour but ou pour conséquences « d’user » les forces adverses et sont particulièrement meurtrières). |
La zone de feu de la guerre de
position consiste en un no man’s land de quelques dizaines de mètres séparant deux réseaux de tranchées qui se font face. Chaque réseau est constitué de trois lignes de tranchées parallèles dans lesquelles les soldats aménagent des abris. Les tranchées sont reliées entre elles par des boyaux de communication. Cet espace est connecté à l’arrière-front qui sert de base matérielle et de repos pour les combattants Le système défensif des tranchées constitue une forteresse dont il faut s’emparer. L’attaque est précédée d’un intense bombarde- ment d’artillerie visant à affaiblir la première ligne adverse. |
Puis les fantassins sont lancés à l’assaut sous les obus et les tirs des mitrailleuses ennemies. Enfin,
les barbelés disposés devant les tranchées sont un piège mortel pour ceux qui ont pu franchir le no man’s land
les barbelés disposés devant les tranchées sont un piège mortel pour ceux qui ont pu franchir le no man’s land
une guerre industrielle...et des armes nouvelles de plus en plus destructrices
L’artillerie est à l’origine de 70 % des décès. L’utilisation des mitrailleuses fait des ravages lors des offensives de 1914 et dans les tranchées. De nouvelles armes sont inventées. En 1915, les Allemands utilisent pour la première fois un gaz mortel à la deuxième bataille d’Ypres. Les premiers chars, créés par les Britanniques, font leur apparition lors de la bataille de la Somme. L’aviation militaire se développe et introduit une troisième dimension dans les combats. Elle menace les combattants au sol et fournit des informations sur les positions ennemies.
L’artillerie est à l’origine de 70 % des décès. L’utilisation des mitrailleuses fait des ravages lors des offensives de 1914 et dans les tranchées. De nouvelles armes sont inventées. En 1915, les Allemands utilisent pour la première fois un gaz mortel à la deuxième bataille d’Ypres. Les premiers chars, créés par les Britanniques, font leur apparition lors de la bataille de la Somme. L’aviation militaire se développe et introduit une troisième dimension dans les combats. Elle menace les combattants au sol et fournit des informations sur les positions ennemies.
. L'expérience du "feu"....et la "brutalisation" des hommes
. Aucun conflit n'avait auparavant tué autant d'hommes en si peu de temps. En moyenne, chaque jour, 900 Français, plus de 1 300 Allemands et 1 450 Russes ont été tués. Ex. : 20 000 Britanniques sont morts le premier jourde la bataille de la Somme en 1916. Le nombre des blessés est immense ; on recense au total 8 millions d'invalides et d'infirmes de guerre en 1918, dont des gazés, des mutilés et des blessés de la face (ou « gueules cassées »).
Jamais les soldats n'ont été aussi vulnérables. Les bombardements d'artillerie occasionnent environ 75 % des pertes directes, les éclats d'obus mutilent, tuent, enfouissent les vivants...
A ces peurs et souffrances quotidiennes, s’ajoutent la vue insoutenable des morts et des blessés, mais aussi la chaleur, le froid, la boue, les parasites,l’épuisement, l’éloignement des êtres chers.
Les liens avec l’arrière sont rares, et censurés, avant la mise en place tardive des permissions.
Les soldats développent d’ailleurs des troubles psychiques pendant et après le conflit (cauchemars, tremblements, mutisme).
Dans cette guerre industrielle, moderne, les formes archaïques de combat se maintiennent. Généralement anonyme et donnée à distance, la mort est aussi donnée de près, à l'arme blanche (ex. : couteau, massue...) lors des «coups de main» nocturnes des « nettoyeurs de tranchées ». Selon certains historiens, les soldats auraient subi une «brutalisation»
En fait, confrontés à une violence intense et dans un contexte de levée de l'interdit de tuer, certains soldats ont pris parfois plaisir à combattre. Ils livrent alors de leur expérience du front pendant et après le conflit, une vision héroïque et mythifiée de la guerre, vécue comme une expérience virile, régénératrice, dont
les idéologies totalitaires ont pu se réclamer.
A ces peurs et souffrances quotidiennes, s’ajoutent la vue insoutenable des morts et des blessés, mais aussi la chaleur, le froid, la boue, les parasites,l’épuisement, l’éloignement des êtres chers.
Les liens avec l’arrière sont rares, et censurés, avant la mise en place tardive des permissions.
Les soldats développent d’ailleurs des troubles psychiques pendant et après le conflit (cauchemars, tremblements, mutisme).
Dans cette guerre industrielle, moderne, les formes archaïques de combat se maintiennent. Généralement anonyme et donnée à distance, la mort est aussi donnée de près, à l'arme blanche (ex. : couteau, massue...) lors des «coups de main» nocturnes des « nettoyeurs de tranchées ». Selon certains historiens, les soldats auraient subi une «brutalisation»
En fait, confrontés à une violence intense et dans un contexte de levée de l'interdit de tuer, certains soldats ont pris parfois plaisir à combattre. Ils livrent alors de leur expérience du front pendant et après le conflit, une vision héroïque et mythifiée de la guerre, vécue comme une expérience virile, régénératrice, dont
les idéologies totalitaires ont pu se réclamer.
Quelques moments de fraternisation entre troupes ennemies se produisent, surtout au début de la guerre (ex. : organisation d'un match de football entre soldats britanniques et allemands pour la Noël de 1914). Mais la brutalité des combats et la place grandissante de la propagande développent une image très négative de l'adversaire, qui est relayée par la «culture de guerre», c'est à dire l'ensemble d'idées, de représentations et d'attitudes que les belligérants ont de la guerre, de ses violences et de ses souffrances ; elle contribue à entretenir la haine de l'ennemi que l'on déshumanise (ex. : Boches, Fritz, Huns...) et à justifier le combat à outrance par du «bourrage de crâne». |
Combattre ne relève pas d’un choix. Les soldats sont plus résignés qu’enthousiastes et acceptent la mobilisation par sens du devoir. Un devoir civique intériorisé depuis le plus jeune âge : il faut obéir aux lois et défendre la patrie.
La ténacité s’explique aussi par la solidarité entre camarades de tranchées et par la crainte du conseil de guerre. Les manquements à la discipline militaire sont en effet sévèrement sanctionnés
Les trêves et les fraternisations entre les deux camps montrent que les soldats s’affranchissent parfois de la propagande nationaliste. Ces mouvements sont tolérés parce qu’ils ne contestent pas ouvertement le commandement. Les refus de guerre restent minoritaires, sauf dans la Russie en révolution. En 1917, environ 40 000 poilus se mutinent, non sous l’effet d’un discours pacifiste, mais pour arrêter les offensives aussi sanglantes qu’inutiles lancées par l’état-major français. Celui-ci renonce alors à percer le front, procède à des exécutions pour l’exemple et prend des mesures pour améliorer le quotidien des soldats.
La ténacité s’explique aussi par la solidarité entre camarades de tranchées et par la crainte du conseil de guerre. Les manquements à la discipline militaire sont en effet sévèrement sanctionnés
Les trêves et les fraternisations entre les deux camps montrent que les soldats s’affranchissent parfois de la propagande nationaliste. Ces mouvements sont tolérés parce qu’ils ne contestent pas ouvertement le commandement. Les refus de guerre restent minoritaires, sauf dans la Russie en révolution. En 1917, environ 40 000 poilus se mutinent, non sous l’effet d’un discours pacifiste, mais pour arrêter les offensives aussi sanglantes qu’inutiles lancées par l’état-major français. Celui-ci renonce alors à percer le front, procède à des exécutions pour l’exemple et prend des mesures pour améliorer le quotidien des soldats.