Exposition universelle de 1900, Paris. Vue vers le château d'eau et le palais de l'Electricité © Léon et Lévy - Roger-Viollet
André Lhote est un peintre bordelais qui débute sa
carrière avant la Première Guerre mondiale. La toile représente, dans la pure tradition des peintures de marine, le port de Bordeaux en 1913 pavoisé pour la visite du Président Poincaré. Lhote est un membre éminent de l’avant-garde cubiste du début du XXe siècle et côtoie Picasso dans de nombreux salons et expositions. Les signes de la modernité ici – dans la forme, avec l’emploi du cubisme et dans le fond, avec les navires et péniches construits par l’industrie métallurgique, le pont levis… – cohabitent avec des éléments traditionnels, tels que les bateaux à voile, le groupe de personnages accompagné de chevaux de trait à gauche, sans doute des paysans venus se divertir pendant cette journée festive. |
Comme l’ensemble des sociétés occidentales, la société française de 1871 à 1914 n’a pas été épargnée par les bouleversements économiques induits par la révolution industrielle. Cependant, en France, la permanence de l’ancien et les bouleversements de la modernité se sont chevauchés longtemps. L'historien économique François Caron résume ainsi ce paradoxe : « A la fin du XIXème siècle, la France est un grand pays industriel faiblement industrialisé ». En effet, touchée par la révolution industrielle, la société française est demeurée jusqu’au début du XXème siècle majoritairement rurale. |
LE CREUSOT. L'ensemble avec Vagons et Cheminées 1914. Usines Schneider
|
Et si de grandes entreprises industrielles se développent, telle que celle des Schneider au Creusot, la France reste marquée par la faible concentration des entreprises. Les travaux de Gérard Noiriel ont montré notamment que c’est un choix politique de la IIIème République de défendre les « petits » contre les gros, à savoir les paysans, boutiquiers, petits industriels, professions libérales contre la grande industrie. |
La société française de la IIIème République, de 1871 à 1914, est aussi loin d’être uniforme et égalitaire. Elle a ses exclus et est traversée de tensions L’historiographie récente donne une image beaucoup plus nuancée de cette époque que plus tard on qualifia de « Belle ». En effet, elle ne fut pas un âge d’or pour tous : les inégalités se creusent entre bourgeois et ouvriers, ces derniers restent à l’écart de l’ascension sociale réservée aux classes moyennes qui émergent, les conditions de vie des paysans restent dures, les tensions xénophobes se développent en même temps que l’immigration, enfin la place des femmes reste fort réduite.
Entre permanences et grands changements, comment a évolué la société française entre 1871 et 1914 ?
I) Les transformations économiques de
la France : une accélération des
changements ?
Comment les progrès techniques transforment ils l’économie française entre 1871 et 1914 ?
la France : une accélération des
changements ?
Comment les progrès techniques transforment ils l’économie française entre 1871 et 1914 ?
A- La poursuite de l’industrialisation
. Comment le progrès accélère t il l’industrialisation de la France?
1- Le temps des progrès
1- Le temps des progrès
Les expositions universelles de 1889 et 1900 constituent une vitrine mondiale pour Paris, symbole
de progrès et de modernité. On y découvre des progrès technologiques observables à la galerie des
machines (1889-1900) ou au palais de l’Industrie.
Les ingénieurs du monde entier rivalisent pour présenter leurs nouvelles idées. Le cinématographe
ou l’électricité sont ainsi mis à l’honneur en 1900.
La modernité s’observe également dans l’architecture. C’est le triomphe des structures métalliques
apparentes : poutrelles d’acier et rivets. De nombreux monuments symbolisent cette audace technologique
: la tour Eiffel (1889), le Grand et le Petit Palais (1900). Ce sont les usines Schneider du Creusot
qui sont responsables de la conception du pont Alexandre III. L’Art nouveau, art décoratif, est au
cœur de l’Exposition de Paris de 1900.
L’acier et le verre règnent alors en maîtres dans l’architecture. Enfin, l’urbanisme est le reflet de la modernisation de la société. Paris, ville organisatrice, développe ses infrastructures et montre son savoir-faire. Elle est la vitrine de l’urbanisme contemporain avec le métropolitain ou son trottoir roulant en 1900.
Ces expositions universelles promettent ainsi à la société de la « Belle Époque » une vie plus heureuse
où la technologie comblera les sociétés humaines, offrant une existence plus confortable.
de progrès et de modernité. On y découvre des progrès technologiques observables à la galerie des
machines (1889-1900) ou au palais de l’Industrie.
Les ingénieurs du monde entier rivalisent pour présenter leurs nouvelles idées. Le cinématographe
ou l’électricité sont ainsi mis à l’honneur en 1900.
La modernité s’observe également dans l’architecture. C’est le triomphe des structures métalliques
apparentes : poutrelles d’acier et rivets. De nombreux monuments symbolisent cette audace technologique
: la tour Eiffel (1889), le Grand et le Petit Palais (1900). Ce sont les usines Schneider du Creusot
qui sont responsables de la conception du pont Alexandre III. L’Art nouveau, art décoratif, est au
cœur de l’Exposition de Paris de 1900.
L’acier et le verre règnent alors en maîtres dans l’architecture. Enfin, l’urbanisme est le reflet de la modernisation de la société. Paris, ville organisatrice, développe ses infrastructures et montre son savoir-faire. Elle est la vitrine de l’urbanisme contemporain avec le métropolitain ou son trottoir roulant en 1900.
Ces expositions universelles promettent ainsi à la société de la « Belle Époque » une vie plus heureuse
où la technologie comblera les sociétés humaines, offrant une existence plus confortable.
Le Palais de l'électricité, à l'Exposition universelle de 1900, au Grand Palais, à Paris.• Crédits : Illustration du journal français Le Petit Parisien, 1900 - Getty
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Les deux expositions universelles de 1889 et 1900 sont un véritable succès public. En 1889, ce sont 6 millions de visiteurs (hors Parisiens) qui avait visité cette exposition, alors qu’en 1900 le journal Le petit parisien montre une foule amassée devant le palais de l’électricité. Les multiples innovations, les prouesses techniques, les pavillons nationaux sont un émerveillement constant pour les visiteurs et expliquent le succès de ces deux événements. |
Entre 1870 et 1880, une seconde révolution industrielle touche le monde, et en particulier la France. Les conséquences sont d’ordre économique, social et culturel.
Le charbon et la vapeur restent les sources d’énergie majeures, l’électricité et le pétrole s’imposent comme les piliers du nouveau dynamisme économique. Inventions et innovations stimulent la production et la consommation. À Paris, l’Exposition internationale d’électricité en 1881, ou le palais de l’Élec- tricité de l’Exposition universelle de 1900, plongent les Français dans le progrès et la modernité. |
Le textile connaît son apogée en France et représente 30 % de l’activité industrielle. La sidérurgie innove (procédé Thomas-Gilchrist d’affinage de la fonte brute, en 1878) pour répondre
à la forte demande en acier des industries mécaniques, dynamisées par les nouveaux transports et les infrastructures urbaines. La chimie est active pour produire engrais ou textiles artificiels (par exemple la rayonne, alternative à la soie, en 1884). le développement de ces nouveaux secteurs industriels sont moteurs pour l’économie car transformant profondément la nature de l'appareil productif |
Au milieu du XIXe siècle, l’industrialisation de la France est bien engagée, permettant de dégager des régions industrielles déjà bien affirmées. Une géographie industrielle se met en place : de part et d’autre de la ligne Le Havre-Marseille s’opposent
une France industrialisée à l’est et une France encore peu industrielle à l’ouest. Ce sont d’abord les bassins houillers et sidérurgiques du Nord de la France qui concentrent l’essentiel des industries françaises, du Nord-Pas-de-Calais à l’Alsace. C’est ce qu’on appelle les « pays noirs ». Le textile y est aussi bien représenté. Il faut y ajouter le bassin du Creusot du fait de l’importance de l’entreprise Schneider en Bourgogne et Saint-Étienne dans la Loire. |
Les régions parisienne et lyonnaise offrent des industries plus diversifiées avec le textile, la mécanique, la chimie. Dans le Sud méditerranéen de la France, les industries sont aussi importantes : huileries, savonneries, tuileries, filatures, salines, métallurgie… Il faut enfin ajouter des centres secondaires plus isolés comme Limoges pour le travail de la porcelaine et des émaux.
2- Le temps des usines
La population ouvrière a fortement augmenté, passant de 3 à 6,5 millions d’ouvriers. Le même phénomène est observable pour les femmes : les ouvrières sont 1,2 million en 1810 contre 2 millions en 1914. Les ouvriers se concentrent dans les grandes régions minières et industrielles décrites précédemment.
Le changement majeur vient du fait que les industries se concentrent désormais dans les villes où elles trouvent à la fois les consommateurs et la main-d’oeuvre.
L’industrie marque le paysage par la constitution de véritables complexes industriels associant hauts-fourneaux, ateliers, usines, aciéries, laminoirs et mines, reliés entre eux par des axes routiers ou ferroviaires.La production est modernisée par la mécanisation, la concentration des activités et le taylorisme (méthode d’organisation scientifique du travail mise au point par l’ingénieur étatsunien F.-W. Taylor au début du XXe siècle et introduite en France par Louis Renault à partir de 1912). La concentration des machines et de la main-d’oeuvre dans les usines permet une production plus rapide et de masse.
Par l’accroissement de sa surface de production (superficie des usines), l’entreprise augmente son chiffre d’affaires et sa production.
Le changement majeur vient du fait que les industries se concentrent désormais dans les villes où elles trouvent à la fois les consommateurs et la main-d’oeuvre.
L’industrie marque le paysage par la constitution de véritables complexes industriels associant hauts-fourneaux, ateliers, usines, aciéries, laminoirs et mines, reliés entre eux par des axes routiers ou ferroviaires.La production est modernisée par la mécanisation, la concentration des activités et le taylorisme (méthode d’organisation scientifique du travail mise au point par l’ingénieur étatsunien F.-W. Taylor au début du XXe siècle et introduite en France par Louis Renault à partir de 1912). La concentration des machines et de la main-d’oeuvre dans les usines permet une production plus rapide et de masse.
Par l’accroissement de sa surface de production (superficie des usines), l’entreprise augmente son chiffre d’affaires et sa production.
Grâce au texte de Guy de Maupassant (doc. 6), on entre à l’intérieur de l’usine. L’écrivain fait une description poétique et emphatique de l’intense activité qui règne dans ce grand centre industriel. L’auteur hésite entre fascination pour la modernité, le bruit et la fureur de la production sidérurgique et dégoût de ce « paysage d’enfer » où l’homme semble écrasé par les machines. Le bruit régulier du marteau-pilon rythme la vie du Creusot, signe d’une intense activité industrielle. |
L’innovation joue un rôle capital : elle doit être distinguée de l’invention. Certaines inventions ne sont pas des innovations dans la mesure où elles n’ont pas d’incidence économique.
L’innovation peut prendre différentes formes, il existe :
- L’innovation de produit (un nouveau bien)
- L’innovation de procédé (nouvelle méthode de fabrication)
- L’innovation de matière première
- L’innovation en matière d’organisation de la production.
La mécanisation, le poids de l'innovation donc de la recherche, l’accroissement de la taille des usines nécessitent de lourds investissements qui favorisent la concentration industrielle (désigne le mouvement par lequel la taille des entreprises augmente,)...de grands groupes se forment
Cette concentration se peut se faire par :
. acquisition : une entreprise en achète une autre
• fusion : deux entreprises s’associent pour n’en former plus qu’une.
il existe une concentration :
• horizontale : deux entreprises d’une même branche, concurrente.
• verticale : deux entreprises de branches complémentaires
• conglomérale : deux entreprises de branches complètement différentes.
Cette évolution favorise l'émergence de grands patrons qui dominent et contrôlent la vie économique mais qui sont également très présents dans la vie politique...ils constituent la nouvelle élite de la société comme par exemple la famille Schneider au Creusot
L’innovation peut prendre différentes formes, il existe :
- L’innovation de produit (un nouveau bien)
- L’innovation de procédé (nouvelle méthode de fabrication)
- L’innovation de matière première
- L’innovation en matière d’organisation de la production.
La mécanisation, le poids de l'innovation donc de la recherche, l’accroissement de la taille des usines nécessitent de lourds investissements qui favorisent la concentration industrielle (désigne le mouvement par lequel la taille des entreprises augmente,)...de grands groupes se forment
Cette concentration se peut se faire par :
. acquisition : une entreprise en achète une autre
• fusion : deux entreprises s’associent pour n’en former plus qu’une.
il existe une concentration :
• horizontale : deux entreprises d’une même branche, concurrente.
• verticale : deux entreprises de branches complémentaires
• conglomérale : deux entreprises de branches complètement différentes.
Cette évolution favorise l'émergence de grands patrons qui dominent et contrôlent la vie économique mais qui sont également très présents dans la vie politique...ils constituent la nouvelle élite de la société comme par exemple la famille Schneider au Creusot
Les Schneider constituent une figure emblématique du patronat industriel français. Le poids de la dynastie Schneider dans le développement du Creusot reste fondamental.
En quelques générations, la famille Schneider change de statut social. A la fin du XVIIIe siècle, Johan Jacob Schneider est paysan (laboureur). Dès le début du XIXe siècle, une génération d’industriels se met en place: achats de mines de charbon, des bâtiments de la fonderie royale... se lancent avec succès dans la production d’aciers spéciaux destinés au chemin de fer mais aussi à l’armée. Le mariage des filles Schneider est aussi le signe d’une élévation dans la société française. En effet, elle dévoile des alliances avec des familles issues de la noblesse. |
La constitution de cette grande entreprise a été l’oeuvre d’une famille, et même d’une dynastie tout au
long du XIXe siècle. Quatre générations de dirigeants se sont succédé. Cette famille exerce en outre sur la ville du Creusot un pouvoir qui déborde largement la sphère économique et industrielle. Elle exerce une emprise politique sur ce territoire par les fonctions de maire exercées exclusivement par les dirigeants de l’entreprise de 1866 à 1900. Cela leur permet, par ailleurs, d’asseoir nationalement leur influence grâce à leur mandat de députés de Saône-et-Loire.
Leur influence dépasse donc à la fois la ville du Creusot et la sphère industrielle.
long du XIXe siècle. Quatre générations de dirigeants se sont succédé. Cette famille exerce en outre sur la ville du Creusot un pouvoir qui déborde largement la sphère économique et industrielle. Elle exerce une emprise politique sur ce territoire par les fonctions de maire exercées exclusivement par les dirigeants de l’entreprise de 1866 à 1900. Cela leur permet, par ailleurs, d’asseoir nationalement leur influence grâce à leur mandat de députés de Saône-et-Loire.
Leur influence dépasse donc à la fois la ville du Creusot et la sphère industrielle.
Le Creusot est un paysage caractéristique de la révolution industrielle formant ce que l’on appelle
les « pays noirs ». Cette expression désigne les régions industrielles du charbon et de l’acier des
premières révolutions industrielles. Le plan de la ville montre l’étendue de l’usine et de ses activités : hauts fourneaux, fours à coke, vastes ateliers de construction mécanique, nouvelle forge. Le paysage se trouve profondément modifié par l’usine Schneider qui occupe la moitié de l’espace urbain.
Les Schneider ont ainsi créé une cité industrielle en transformant le bourg rural de 2 700 habitants
en 1836 en une ville de 35 500 habitants vers 1914.
Le Creusot devient alors un centre métallurgique de premier plan. Cette ville représente parfaitement
l’impact qu’a pu avoir la révolution industrielle sur les territoires. Sa croissance démographique est
due en grande partie à un afflux de main-d’oeuvreimportant venue travailler dans les usines Schneider.
La population s’agrandit au rythme de l’accroissement de l’activité industrielle et des effectifs
ouvriers. Cela montre donc que l’industrialisation engendre l’urbanisation.
Plus l’usine s’agrandit et prospère, plus la population du Creusot augmente tant en nombre d’habitants que dans son expansion (avec les bâtiments industriels mais aussi les équipements urbains et sociaux). La ville est tellement associée à l’usine et à la dynastie Schneider qu’en 1856 une pétition à l’empereur, signée par 5
000 habitants, propose de renommer Le Creusot en Schneider-ville.
les « pays noirs ». Cette expression désigne les régions industrielles du charbon et de l’acier des
premières révolutions industrielles. Le plan de la ville montre l’étendue de l’usine et de ses activités : hauts fourneaux, fours à coke, vastes ateliers de construction mécanique, nouvelle forge. Le paysage se trouve profondément modifié par l’usine Schneider qui occupe la moitié de l’espace urbain.
Les Schneider ont ainsi créé une cité industrielle en transformant le bourg rural de 2 700 habitants
en 1836 en une ville de 35 500 habitants vers 1914.
Le Creusot devient alors un centre métallurgique de premier plan. Cette ville représente parfaitement
l’impact qu’a pu avoir la révolution industrielle sur les territoires. Sa croissance démographique est
due en grande partie à un afflux de main-d’oeuvreimportant venue travailler dans les usines Schneider.
La population s’agrandit au rythme de l’accroissement de l’activité industrielle et des effectifs
ouvriers. Cela montre donc que l’industrialisation engendre l’urbanisation.
Plus l’usine s’agrandit et prospère, plus la population du Creusot augmente tant en nombre d’habitants que dans son expansion (avec les bâtiments industriels mais aussi les équipements urbains et sociaux). La ville est tellement associée à l’usine et à la dynastie Schneider qu’en 1856 une pétition à l’empereur, signée par 5
000 habitants, propose de renommer Le Creusot en Schneider-ville.
L’usine occupe ainsi la majeure partie du territoire de la ville. Elle marque également l’environnement, par le bruit que produit le marteau-pilon et les fumées qui envahissent l’atmosphère. Le paysage urbain est jalonné de représentations des Schneider avec une statue, un vitrail dans l’église. Leur omniprésence s’exerce également par le biais du paternalisme qu’ils pratiquent. En échange de leur fidélité et de leur obéissance, les ouvriers disposent d’avantages sociaux tels que la retraite et des écoles de formation gratuites pour leurs enfants. |
la représentation d’Henri Schneider en saint Éloi dans un vitrail de l’église de la ville montre à
sa fois sa proximité avec le catholicisme et l’emprise de la famille sur la communauté. |
Les Schneider sont d’abord les patrons de la grande aciérie qui embauche le tiers de la ville du Creusot (13 000 employés sur les 35 500 habitants). Ils expérimentent au Creusot le paternalisme et l’ordre moral. Il s’agit de retenir les ouvriers dans une communauté imprégnée par le modèle familial pour les rendre plus efficaces au travail (parla moralisation).
Ce paternalisme passe par le contrôle de l’espace local (urbanisme, propriété ouvrière, équipements collectifs) et du temps des hommes (travail à l’usine, loisirs organisés…). Le patron est personnellement responsable du bien être de ses ouvriers.
Ce paternalisme passe par le contrôle de l’espace local (urbanisme, propriété ouvrière, équipements collectifs) et du temps des hommes (travail à l’usine, loisirs organisés…). Le patron est personnellement responsable du bien être de ses ouvriers.
Les Schneider construisent des écoles (gratuites à
partir de 1873), un hôpital, des bains publics, etc. Il existe un véritable système de retraite par épargne qui reste en place jusqu’en 1910. Face à l’insalubrité des habitats de fortune, ils s’engagent dans la construction de cités ouvrières (maisons individuelles avec jardin) : cité Saint-Sauveur, cité Saint-Eugène, cité de la Villedieu… (doc. 2). Des équipements très modernes sont installés : rues éclairées au gaz ou à l’huile de schiste, promenades arborées, fontaines, etc. La morale est aussi présente dans le soutien à la religion catholique. Les quatre églises ont été construites par les Schneider entre 1842 et 1912 |
3- Les lentes mutations du monde rural
A quelles difficultés le monde rural doit-il faire face entre 1871 et 1914 ?
Le document 1 expose l’évolution de la population paysanne entre 1872 et 1911. Il montre une baisse très nette de la population rurale laquelle passe de 25 millions à 22 millions en moins de 30 ans. Dans le même temps, la population vivant de l’agriculture suit le même cours. Ces deux baisses sont régulières. L’exode rural est clairement mis en valeur : départ définitif des habitants des campagnes vers les villes . |
Le document 2 permet d’identifier des facteurs de cette évolution. Il s’agit d’une dictée donnée dans une école primaire à Ponts-de-Cé, au sud d’Angers (Maine-et-Loire), le 28 octobre 1899. À partir des années 1890, la IIIe République est consciente de l’ampleur de l’exode rural et tente de l’enrayer. Pour cela, elle utilise l’école en donnant pour consignes aux instituteurs de défendre le travail de la terre et même de donner des notions d’agriculture moderne. Les inspecteurs du primaire sont chargés de vérifier l’application des directives. Cette dictée illustre parfaitement la pensée qui accompagne l’exode rural soulignant d’un côté l’effet repoussoir des campagnes en crise avec un travail de la terre pénible et peu rémunérateur et, de l’autre, l’attrait des villes fournissant des emplois d’ouvriers dans les usines et l’idée d’une vie plus confortable. Pour décourager cet exode, le texte dénonce le leurre, le « mirage » de la ville et son air malsain. |
Des campagnes toujours peuplées : Les ruraux représentaient 75% des Français en 1848, mais seulement 66% en 1872. En 1852, la population rurale en France atteint son apogée avec 27,3 millions de ruraux.
La chute continua sous la IIIe République, les campagnes rassemblant seulement 56% des Français en 1914 (Au Royaume-Uni, en 1914, les ruraux ne représentent plus que 22% de la population) . Mais ce recul en France n'est guère sensible en chiffres absolus : jusqu'aux premières décennies de la IIIe République, la population rurale continua à s'accroître dans certaines régions, et elle ne commença à baisser nettement que dans les montagnes pauvres.
En 1914, la France rurale reste donc majoritaire et les campagnes françaises très peuplées.
Mais des campagnes confrontées à des crises et des mutations
La chute continua sous la IIIe République, les campagnes rassemblant seulement 56% des Français en 1914 (Au Royaume-Uni, en 1914, les ruraux ne représentent plus que 22% de la population) . Mais ce recul en France n'est guère sensible en chiffres absolus : jusqu'aux premières décennies de la IIIe République, la population rurale continua à s'accroître dans certaines régions, et elle ne commença à baisser nettement que dans les montagnes pauvres.
En 1914, la France rurale reste donc majoritaire et les campagnes françaises très peuplées.
Mais des campagnes confrontées à des crises et des mutations
l’attrait des villes fournissant des emplois d’ouvriers dans les usines et l’idée d’une vie plus confortable, Le
machinisme ne suffit pas à lui seul à expliquer ces migrations internes de grande ampleur. En effet, à partir des années 1880, l’exode rural s’accélère car le monde agricole traverse de nombreuses mutations.
machinisme ne suffit pas à lui seul à expliquer ces migrations internes de grande ampleur. En effet, à partir des années 1880, l’exode rural s’accélère car le monde agricole traverse de nombreuses mutations.
Au milieu du XIXe siècle, le monde agricole est touché par la révolution industrielle. On parle de révolution de la mécanisation. Les machines se développent pour le travail de la terre ; le symbole en est la moissonneuse-batteuse de l’industriel américain Mac Cormick (1834). L’industrie chimique permet le recours à de nouveaux engrais afin d’améliorer les rendements et d’éliminer certains parasites. La chimie minérale fournit des pesticides minéraux à base de sels de cuivre. Le niveau de vie des agriculteurs s’améliore.
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Toutefois, le monde paysan français connaît d’importantes difficultés.
Dans un contexte de mondialisation et de développement du transport maritime, l’agriculture européenne est concurrencée par les « pays neufs » comme le Canada, l’Australie ou l’Argentine. Cela entraîne une forte baisse des prix, de 23 % par exemple pour les céréales en France entre 1875 et 1895, et donc du revenu des agriculteurs. En plus, la viticulture est ravagée par le phylloxera dans les années 1870-1880...Ce puceron importé des États-Unis a détruit en quelques années une très grande partie du vignoble français, ...puis victime de la surproduction au début du XXe siècle, du fait de l’importation des vins algériens. Cela entraîne une très grave crise en 1907 dans le Languedoc |
Face à la crise, le monde agricole, jusqu’alors marqué par l’individualisme, comprend la nécessité de s’organiser et de faire valoir son poids électoral. Les syndicats agricoles se développent, pour défendre les intérêts des producteurs de tel produit ou de telle région. En 1881, un ministère de l’Agriculture distinct de celui du Commerce est créé. Les députés, de gauche comme de droite, se mobilisent en faveur des paysans. Parmi eux, Jules Méline fait voter la loi de 1892 qui augmente les droits de douane (« tarif Méline »). Le protectionnisme fait baisser les importations de produits agricoles. Pour faciliter les investissements, le Crédit agricole est créé en 1899 par la fusion des associations de crédit agricole locales.
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Ces crises du monde agricole touchent d’abord les
ouvriers agricoles, les journaliers et les petits exploitants.Ils sont les premiers touchés par la baisse des prix. Partir est le seul moyen d’échapper à la précarité et à la misère.L’essor du chemin de fer sur le territoire français facilite les départs. Les ouvriers de l’artisanat des petits ateliers ruraux participent aussi aux migrations en rejoignant les usines des villes. Les villes semblent offrir une vie plus confortable et de meilleurs salaires. Elles sont désormais l’image du progrès. Après les années 1880, entre 100 000 et 150 000 ruraux par an gagnent la ville. Le taux d’urbanisation passe ainsi de 31 % à 44 % entre en 1870 et 1911. |
la gare, facteur d'ouverture des campagnes
gare d'Arcy sur Cure , département de l'yonne vers 1900 |
L’intégration des campagnes à la nation = L’école impose le français contre les langues régionales et les patois, ce qui permet aux ruraux de participer à la vie politique nationale par la lecture de la presse régionale, en plein essor. Le plan Freycinet (1878) renforce le réseau de chemin de fer à l’échelle locale et désenclave les campagnes. Enfin, le service militaire obligatoire ouvre de nouveaux horizons aux jeunes paysans et déclenche souvent leur départ définitif pour la ville. Le mode de vie urbain se diffuse dans les campagnes : la vente par correspondance permet de se procurer les articles vendus dans les grands magasins. La culture villageoise des veillées tend à disparaître, la fin des terroirs approche.
II) Une société entre ouverture et
fermeture
fermeture
Comment la France répond-elle aux défis sociaux générés par les transformations économiques ?
1- Les ouvriers au cœur de la question sociale
Ouvriers dans une usine à Saint-Étienne (vers 1900)
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Le nombre d’ouvriers en France passe de 5.000.000 vers 1870 et 6.300.000 en 1906. Bien que divers, le monde ouvrier va s’homogénéiser au cours de la période et développer une culture commune, conscient de former un groupe à part et uni autour de revendications communes.
Les ateliers et les petites entreprises, employant des ouvriers hautement qualifiés, déclinent au profit d’usines employant des milliers de salariés. Ces ouvriers d’usine, travaillant sur des machines, forment désormais l’essentiel de la main-d’œuvre industrielle. Ils sont des prolétaires interchangeables : en tant qu’OS, ils n’ont besoin d’aucune qualification et sont mal payés. |
Ces prolétaires ont conscience de former une classe qui doit défendre ses intérêts. Mais le mouvement ouvrier français est très divisé. Les uns prônent l’action politique au nom du socialisme, mais sont divisés entre les « révolutionnaires » comme Jules Guesde, hostiles à tout compromis avec la « bourgeoisie », et les « réformistes » comme Jaurès, attachés à la république et à l’action parlementaire. La création de la SFIO en 1905 permet de surmonter plus ou moins ces divisions. Les autres veulent utiliser les syndicats, légalisés en 1884, pour mener une « action directe » à l’usine et dans la rue. C’est le « syndicalisme révolutionnaire » défendu par la CGT (Confédération générale du travail), créée en 1895.
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Jules Adler, La Grève au Creusot, 1899
Huile sur toile, 231 x 302 cm, 1899. Pau, musée des Beaux-Arts. |
Le peintre Jules Adler restitue le cadre historique, avec les usines du Creusot en arrière-plan. La manifestation est pacifique : les travailleurs portent des rameaux d’olivier et arborent le drapeau tricolore.
Cependant, Adler donne une place particulière à la couleur rouge,symbole du mouvement ouvrier, transformant pratiquement le drapeau tricolore au premier plan en rouge. Un des aspects marquants de cette œuvre est la mise en avant d’une fraternité ouvrière. Alors que les manifestations de la fin du XIXe siècle se faisaient davantage en rangs et s’ouvraient par les tambours, le peintre a souhaité ici insister sur la cohésion de travailleurs de tous âges, se tenant par le bras ou la main. |
A la fin du XIXème siècle, ces revendications s’expriment d’abord par la grève, autorisée depuis la loi Ollivier de 1864. En 1884, la loi relative à la création des syndicats professionnels ou loi Waldeck-Rousseau est votée. En 1895, au congrès de Limoges, la majorité des fédérations syndicales décide de s’unir en une Confédération Générale du Travail (CGT). Les partis et syndicats ouvriers aspiraient à l’unité au-delà des frontières, c’est pourquoi afin de coordonner leur développement ils créent L'Association internationale des travailleurs en 1864, puis la Seconde Internationale à Paris en 1889. Ainsi, à l’initiative des syndicats américains, ils fixent au 1er mai une journée internationale de revendications ouvrières, se proposant de réclamer partout la journée de 8 heures tant espérée
|
À Fourmies, petite ville textile du Nord proche de la frontière belge tout juste sortie d’une longue grève, le patronat a menacé de licenciement les ouvriers qui arrêteraient le travail le 1er mai 1891 et obtenu du préfet qu’il mobilise un important dispositif de maintien de l’ordre. Ainsi patronat et Etat s’unissent malgré le cadre légal pour réprimer les manifestations censées troubler l’ordre public. L’armée chargea la manifestation organisée pour réclamer la journée de 8 heures. Il y eut entre 9 et 12 morts dont plusieurs adolescents et une petite fille que l’on retrouva portant encore son bouquet. Le retentissement fut énorme et fit du 1er mai une date symbolique pour le mouvement ouvrier français
|
Cette fusillade éloigna un peu plus les ouvriers de la République et contribua au progrès du syndicalisme et du socialisme en France.
Face à l’essor du syndicalisme et aux succès électoraux des socialistes, les républicains adoptent des lois sociales qui améliorent la vie ouvrière :
-1892 : interdiction du travail des enfants de moins de treize ans
-1898 : responsabilité patronale a priori établie en matière d'accidents du travail, et obligation pour le patron de verser une indemnité aux victimes
-1906 : loi sur le repos hebdomadaire obligatoire
-1910 : loi sur les retraites ouvrières
Face à l’essor du syndicalisme et aux succès électoraux des socialistes, les républicains adoptent des lois sociales qui améliorent la vie ouvrière :
-1892 : interdiction du travail des enfants de moins de treize ans
-1898 : responsabilité patronale a priori établie en matière d'accidents du travail, et obligation pour le patron de verser une indemnité aux victimes
-1906 : loi sur le repos hebdomadaire obligatoire
-1910 : loi sur les retraites ouvrières
Les deux budgets sont logiquement très différents ; ils témoignent des inégalités fortes dans la France de la Belle Époque. La quasi-totalité du budget ouvrier (1 800 francs sur 2 350) est consacrée à la seule nourriture. La famille ne peut dépenser pour son loyer plus que pour ses vêtements. On imagine donc l’insalubrité d’un logement de ce prix. Le budget d’une famille bourgeoise est tout autre et les revenus, dix fois plus élevés, permettent de subvenir à nombre de besoins autres que vitaux : les loisirs, l’éducation des enfants, qui permet de maintenir le statut social, les œuvres |
La condition ouvrière s’améliore, mais elle reste précaire. Souvent, la famille s’entasse dans un logement exigu et insalubre. La faiblesse des salaires pousse au travail des femmes et des enfants à partir de 13 ans, quand ils ne sont plus obligés d’aller à l’école. Face aux difficultés de la vie quotidienne, une sociabilité originale se crée dans les banlieues qui se développent autour des usines. Les clubs de football et les bals populaires participent de cette culture ouvrière.
2- Des femmes en quête de reconnaissance
Ces graphiques montrent l’évolution de la place des femmes dans le monde du travail. Celles-ci voient leur taux d’activité augmenter lentement entre 1871 et 1911. Il était de 42 % au début de la période, il atteint 47 % à la veille de la Première Guerre mondiale. Près d’une femme sur deux est donc active dans la société française en 1911. Le secteur de l’agriculture est de moins en moins représenté au profit de l’industrie et des services. |
Ce tableau souligne l’évolution rapide du nombre de femmes dans les métiers traditionnellement dévolus aux
hommes. Ainsi, si le textile reste le secteur qui emploie le plus de femmes, la métallurgie emploie plus de 7 500 femmes en 1895. Ces secteurs sont en forte progression : elle est de près de 100 % dans les cuirs et papiers, de 160 % dans la chimie et près de 400 % dans la construction de machines.
hommes. Ainsi, si le textile reste le secteur qui emploie le plus de femmes, la métallurgie emploie plus de 7 500 femmes en 1895. Ces secteurs sont en forte progression : elle est de près de 100 % dans les cuirs et papiers, de 160 % dans la chimie et près de 400 % dans la construction de machines.
Cette illustration de la fin du XIXe siècle présente une conception de la place des femmes dans le monde du
travail. Elle est intéressante car elle hiérarchise la place de la femme dans la société en fonction de son emploi. Les sept emplois sont donc censés être représentatifs de la main d’oeuvre féminine. Nous pouvons remarquer que ce sont principalement des métiers peu qualifiés (paysanne, ouvrière ou domestique), ou liés à une fonction sociale (religieuse, sage-femme ou institutrice). La marchande (ici de vêtements) semble être le degré le plus haut de l’ascension professionnelle à laquelle une femme puisse aspirer. Mais nulle part dans cette illustration n’est envisagée pour la femme la place de chef d’entreprise. |
Hubertine Auclert est une personnalité importante du féminisme à la fin du XIXe siècle. On peut la qualifier
de suffragette, puisque son combat concerne essentiellement le droit de vote des femmes. Elle se présente
aux élections législatives, refuse de payer ses impôts, vu qu’en absence du droit de vote, elle ne peut décider
de leur emploi.
À chaque fois, les pouvoirs publics la condamnent. Le rapport de la commission de l’Assemblée nationale n’est pas plus ouvert à son argumentaire en faveur du vote des femmes seules, dont les intérêts ne sont pas représentés par un homme. Il montre que les esprits ne sont pas prêts à se défaire des considérations
de genre, marginalisant les femmes en les cantonnant à la sphère privée.
de suffragette, puisque son combat concerne essentiellement le droit de vote des femmes. Elle se présente
aux élections législatives, refuse de payer ses impôts, vu qu’en absence du droit de vote, elle ne peut décider
de leur emploi.
À chaque fois, les pouvoirs publics la condamnent. Le rapport de la commission de l’Assemblée nationale n’est pas plus ouvert à son argumentaire en faveur du vote des femmes seules, dont les intérêts ne sont pas représentés par un homme. Il montre que les esprits ne sont pas prêts à se défaire des considérations
de genre, marginalisant les femmes en les cantonnant à la sphère privée.
Les femmes ont un rôle croissant dans la société française du début du XXe siècle. Elles réussissent des concours difficiles (Marie Curie), obtiennent de brillantes distinctions, comme le prix Nobel, travaillent en usine, sont l’objet de roman feuilleton ou deviennent institutrices. Ces réussites ne sont pas reconnues par la société et elles restent non seulement des « sous-citoyennes », puisqu’elles ne peuvent voter, sont moins payées que les hommes et sont également l’objet de préjugés, de vexations qui leur font sentir qu’elles restent inférieures. Dans les villes, les femmes des milieux populaires disposent d’une certaine liberté. L’union libre comme l’avortement, pourtant illégal, y sont de plus en plus pratiqués. À l’inverse, dans la bourgeoisie, les femmes se consacrent à la sphère familiale et aux mondanités. Elles doivent veiller à leur respectabilité tant dans leur comportement que dans leur tenue. |
Elles ne peuvent disposer librement de leurs revenus qu’à partir de 1907. À partir de la fin du XIXe siècle, de nouvelles lois visant à améliorer leurs conditions de travail sont votées (loi de 1892 qui limite à 11 heures la journée de travail) mais il faut attendre 1909 pour qu’elles obtiennent un congé de maternité de 4 semaines.
Si la Ligue française des droits des femmes est créée en 1882 et le premier journal féministe, La Fronde de Marguerite Durand, en 1897, le féminisme ne prend de l’ampleur qu’après 1900.
Les lycées de filles se multiplient : de 23 en 1883, leur nombre passe à 138 en 1913. 33000 élèves y étudient alors. Rares sont donc les jeunes filles à poursuivre leur scolarité à l’université.
Si la Ligue française des droits des femmes est créée en 1882 et le premier journal féministe, La Fronde de Marguerite Durand, en 1897, le féminisme ne prend de l’ampleur qu’après 1900.
Les lycées de filles se multiplient : de 23 en 1883, leur nombre passe à 138 en 1913. 33000 élèves y étudient alors. Rares sont donc les jeunes filles à poursuivre leur scolarité à l’université.
3- les immigrés,victimes de xénophobie
La France est une terre d’immigration depuis le XIXe siècle. C’est l’industrialisation du pays qui a stimulé les arrivées d’Européens venus de pays frontaliers pour travailler dans les usines et les mines françaises.
Depuis la Révolution française, les Français, souvent propriétaires de leurs terres, hésitent à la quitter pour rejoindre la ville et travailler dans les usines. C’est pourquoi l’industrie française attire les migrants venus des pays frontaliers. Ces hommes et femmes viennent grossir les rangs des prolétaires français.
Le vieillissement de sa population et sa faible natalité entraînent en effet un déficit de main-d’œuvre, particulièrement dans l’industrie. Celle-ci recrute de nombreux travailleurs italiens, belges, espagnols et allemands. La France compte plus d’un million d’étrangers en 1914.
La carte montre bien que l’immigration est très inégalement répartie sur le territoire français. Les
départements qui comptent le plus d’étrangers sont les départements frontaliers, au nord, à l’est et au sud du pays.
Ainsi, les départements de la Côte d’Azur comptent en 1901 plus de 7,5 % d’étrangers, principalement des Italiens, tandis que le département du Nord concentre surtout l’immigration belge. La région parisienne accueille aussi une part importante d’étrangers.
Depuis la Révolution française, les Français, souvent propriétaires de leurs terres, hésitent à la quitter pour rejoindre la ville et travailler dans les usines. C’est pourquoi l’industrie française attire les migrants venus des pays frontaliers. Ces hommes et femmes viennent grossir les rangs des prolétaires français.
Le vieillissement de sa population et sa faible natalité entraînent en effet un déficit de main-d’œuvre, particulièrement dans l’industrie. Celle-ci recrute de nombreux travailleurs italiens, belges, espagnols et allemands. La France compte plus d’un million d’étrangers en 1914.
La carte montre bien que l’immigration est très inégalement répartie sur le territoire français. Les
départements qui comptent le plus d’étrangers sont les départements frontaliers, au nord, à l’est et au sud du pays.
Ainsi, les départements de la Côte d’Azur comptent en 1901 plus de 7,5 % d’étrangers, principalement des Italiens, tandis que le département du Nord concentre surtout l’immigration belge. La région parisienne accueille aussi une part importante d’étrangers.
Ce graphique des différentes communautés étrangères présentes en France entre 1851 et 1911 souligne l’importance des Belges durant toute la période. À partir de 1886, leur nombre baisse du fait des progressives naturalisations. Ce sont alors les Italiens qui deviennent la communauté la plus représentée en France avec plus de 400 000 ressortissants en 1911. Ainsi, à partir de 1881, le seuil d’un million d’étrangers est atteint en France. Les principales communautés étrangères sont toutes originaires d’un pays limitrophe. |
Ce document est un extrait du livret d’un ouvrier italien. Ce document nous permet de suivre le parcours d’un ouvrier italien
en France et en Allemagne entre 1897 et 1911. En 14 ans, celui-ci change onze fois de résidence, voyageant entre la Lorraine, l’Allemagne, la Suisse, Paris et l’Italie. Les immigrants sont donc des personnes mobiles qui suivent les grands chantiers ou les régions en demande de main-d’oeuvre, mais servent aussi de variables d’ajustement pour les patrons des grandes entreprises. |
Cette photographie d’une rue de Joeuf en Lorraine souligne le fait que les migrants, ici italiens, viennent en France en apportant une partie de leur vie quotidienne et de leur culture. Les enseignes rédigées en italien soulignent le fait que les populations migrantes vivent souvent en communauté et importent leur art de vivre. |
Installés d’abord de manière temporaire et dépendant de leur employeur, les immigrés vivent à l’écart, dans des quartiers communautaires. Le droit du sol accélère leur intégration. À partir de 1889, leurs enfants nés en France obtiennent la nationalité française à la majorité et les hommes aptes doivent accomplir leur service militaire.
Le massacre des Italiens d'Aigues-Mortes est une suite d'événements survenus les 16 et 17 août 1893, à Aigues-Mortes (Gard, France), ayant conduit au massacre de travailleurs italiens de la Compagnie des Salins du Midi, par des villageois et des ouvriers français. Les estimations vont d'une dizaine de morts (officiellement 8) à 150 morts (selon la presse italienne de l'époque), ainsi que de nombreux blessés, victimes de lynchages, coups de bâton, noyade et coups de fusils. Cet événement est aussi l'un des plus grands scandales judiciaires de l'époque, puisqu'un acquittement général fut prononcé. |
Le nombre d’incidents contre les étrangers augmente dès la fin du XIXe siècle dans un contexte de crise économique. La poussée xénophobe touche les Italiens, les plus nombreux en France, mais aussi les Belges dans le Nord et le Bassin parisien.
Ce rejet de l’étranger se traduit par des injures, des protestations orales, des pétitions mais aussi par de violentes bagarres. En 1893, la tuerie la plus connue se déroule dans les salines d’Aigues-Mortes.
Les ouvriers français reprochent aux travailleurs étrangers, moins payés, de leur faire concurrence, et d’être responsables du chômage.
La République impose aux travailleurs étrangers de se faire enregistrer dans la commune où ils travaillent. En échange d’une taxe, ils reçoivent du maire un document qu’ils doivent présenter à la police au moment des contrôles. Enfin, une grande partie de la presse tient régulièrement des rubriques sur les affrontements entre ouvriers français et étrangers. L’idée est de désigner les responsables des souffrances des ouvriers français.
Ce rejet de l’étranger se traduit par des injures, des protestations orales, des pétitions mais aussi par de violentes bagarres. En 1893, la tuerie la plus connue se déroule dans les salines d’Aigues-Mortes.
Les ouvriers français reprochent aux travailleurs étrangers, moins payés, de leur faire concurrence, et d’être responsables du chômage.
La République impose aux travailleurs étrangers de se faire enregistrer dans la commune où ils travaillent. En échange d’une taxe, ils reçoivent du maire un document qu’ils doivent présenter à la police au moment des contrôles. Enfin, une grande partie de la presse tient régulièrement des rubriques sur les affrontements entre ouvriers français et étrangers. L’idée est de désigner les responsables des souffrances des ouvriers français.
le film ci dessous provient du musée de l'immigration de Paris...vous pouvez le visionner en totalité bien évidemment...ou pour les plus pressé(e)s les 2 parties qui concernent notre programme car le découpage est chronologique